La Compagnie de la Baie d'Hudson (HBC) met en valeur ses plus beaux atours pour séduire les investisseurs : elle prépare une rare émission de 400 à 500 millions de dollars, pour 20 % de ses actions.
Le détaillant fait étalage de la revitalisation de ses magasins et leur virage mode pour marquer son retour en Bourse, mais les observateurs restent sceptiques quant à sa capacité de rivaliser avec les nouveaux concurrents Target et Nordstrom.
«Le repositionnement du détaillant donne des résultats, mais sera-t-il suffisant pour contrer l'effet de tous les concurrents américains qui s'installent ici ?» demande Alex Arifuzzama, conseiller chez InterStratics Consultants.
HBC veut faire passer les ventes de La Baie de 133 à 170-180 $ le pied carré d'ici cinq ans, en misant sur des griffes et des marques maison. Mais même en 2017, ces ventes seraient encore inférieures à celles de 240 $ US le pied carré de ses rivales.
«La Baie semble mieux armée qu'avant», dit Alexander Lane, gestionnaire du Fonds catégorie croissance gérée Power Dynamique.
Toutefois, il doute qu'elle puisse être concurrentielle dans un segment en déclin avec sa structure de coûts actuelle. La Baie a déjà cédé ses activités de cartes de crédit à GE Capital en 2010, ajoute le gestionnaire.
Ses marges avant impôts, de 8,1 %, sont nettement meilleures qu'en 2009 (4,3 %), mais elles sont inférieures à la marge moyenne de 12 % des entreprises équivalentes.
Un pari de redressement
«Les dirigeants ont fait un bon travail, compte tenu de l'état piteux dans lequel étaient les magasins. Je m'attends à d'autres progrès graduels. Avec un mélange de prix abordables et de marques de luxe, La Baie se démarque des magasins pour ce qui est de servir la classe moyenne», dit David Ian Gray, stratège, commerce de détail chez DIG360 Consulting.
Il est toutefois essentiel que le produit de l'émission serve surtout à revitaliser les magasins, ajoute M. Gray.
«Il y a si peu de grands détaillants canadiens en Bourse, on y jettera certainement un coup d'oeil. Ce serait un bon pari de retournement si son évaluation tournait autour de 11 fois les bénéfices, soit au bas de la fourchette des entreprises équivalentes», dit Jennifer Radman, gestionnaire de portefeuille chez Caldwell Investment Management.
Une concurrence féroce
Certains investisseurs s'intéresseront au potentiel de redressement, reconnaît Neil Linsdell, d'Industrielle Alliance Valeurs mobilières, mais d'autres titres recèlent plus d'attrait à ses yeux. «Les amateurs de croissance préféreront Dollarama. Les chasseurs d'aubaines aimeront le bilan fort de Reitmans.»
- 19 % Les magasins La Baie réalisent des ventes de 2,1 milliards de dollars, 19 % de moins qu'en 2005. Ses ventes au pied carré de 133 $ sont aussi inférieures à ce qu'elles étaient il y a sept ans. Source : InterStratics Consultants
Les rares appels publics à l'épargne depuis 2009
Date / Société / Prix à l'émission / Variation depuis
juill. 2010 / Groupe de jeux Amaya / 1 $ / + 280 %
oct. 2009 / Dollarama / 17,50 $ / + 250 %
mars 2011 / Bauer Performance Sports / 7,50 $ / + 45 %
oct. 2012/ Ivanplats / 4,75 $ / + 1 %
juin 2009 / Capital Power / 23 $ / - 7 %
mars 2010 / Athabaska Oil Sands / 18 $ / - 29 %
nov. 2010 / Innoventé / 0,85 $ / - 31 %
juill. 2010 / Smart Technologies / 17 $ / - 91 %
Sources : Dealogic, PwC