"Il faut élargir le bassin de donateurs pour le milieu culturel"

Publié le 28/02/2009 à 00:00

"Il faut élargir le bassin de donateurs pour le milieu culturel"

Publié le 28/02/2009 à 00:00

Par Suzanne Dansereau

Lorsque le gouvernement de Stephen Harper a annoncé qu'il supprimait le programme Prom'Art, qui soutenait les artistes dans leurs tournées à l'étranger, la récession n'était pas encore arrivée. Aujourd'hui, à cette coupure, qui compromet quelque 3 000 spectacles à l'étranger, s'ajoutent les pertes boursières subies par les mécènes, les fondations et les entreprises elles-mêmes. Aux États-Unis, à la suite notamment du scandale Madoff, des fondations ont annulé leur collecte pour 2009 tandis que d'autres ont cessé de fonctionner. Des institutions ont réduit leurs programmes ou carrément fermé leurs portes, comme l'Opéra de Baltimore, qui a fait faillite. Et les budgets d'organismes subventionnaires ont été réduits.

Ainsi, il est clair que le milieu des arts figure parmi les premiers à souffrir de la récession.

Comment maintenir la santé culturelle du Québec dans ce contexte ? Nous en avons discuté avec Danielle Sauvage, directrice générale du Conseil des arts de Montréal, qui refuse de rester les bras croisés devant la crise.

Journal Les Affaires - La récession, la crise et les scandales financiers font mal aux organismes culturels américains. Comment voyez-vous l'avenir à court terme de ce côté-ci de la frontière ?

Danielle Sauvage - Je suis optimiste. J'ose espérer que le désengagement ne sera pas aussi prononcé qu'on le craint. C'est lorsque cela va mal qu'on doit être plus généreux. Et n'oublions pas que la culture aide à mieux vivre ! Rappelons d'abord qu'au Canada, le soutien gouvernemental offre un coussin que les Américains n'ont pas. C'est ce qui pourrait sauver de nombreux organismes culturels, bien que la collecte de fonds autonome s'avère très problématique. Mais s'il est moins facile pour les entreprises de délier les cordons de la bourse, nous voulons leur rappeler qu'elles peuvent envisager d'autres voies, comme le prêt d'employés. Les organismes culturels ont besoin d'avocats, de comptables ou encore de gestionnaires des ressources humaines qui pourraient travailler bénévolement. Si les affaires ralentissent, pourquoi ne pas dégager les employés pour qu'ils donnent quelques heures ?

Une autre idée : des prélèvements à la source pour les employés désireux de soutenir des organismes culturels en offrant un petit montant de leur salaire, à la manière de ce que font certains pour Centraide, par exemple. Nous avons aussi une autre suggestion pour les institutions financières : pourquoi ne pas offrir des prêts sans intérêts à des organismes culturels ? Il va falloir être créatif ! Nous regardons aussi du côté des dons en ligne. Les organismes culturels auraient intérêt à voir ce qui se fait ailleurs dans ce domaine.

Ce qui nous apparaît évident, c'est que les organismes culturels vont compter de plus en plus sur les PME et sur les particuliers, parce que les grandes entreprises sont moins généreuses et plus sollicitées. On les appelle d'ailleurs les TLM, pour toujours les mêmes ! Il faut élargir le bassin de donateurs.

JLA - Le Conseil des Arts et la Jeune Chambre de commerce de Montréal ont lancé un nouveau programme de maillage Entre des organismes culturels et de jeunes dirigeants d'entreprise, qui s'appelle Arrimages. Que visez-vous ?

D.S. - La relève est une grande préoccupation. Elle l'est non seulement pour les créateurs mais aussi pour les mécènes. Le programme que nous avons conçu permettra à de jeunes dirigeants d'entreprise non seulement d'assister à des manifestations culturelles, mais aussi de rencontrer les artistes derrière la scène ainsi que les gens d'affaires qui les soutiennent, ceux qui siègent à leur conseil d'administration, par exemple. Grâce à ce réseautage, les jeunes dirigeants comprendront les motivations des mécènes et seront peut-être inspirés... Nous observons chez eux une plus grande ouverture aux nouvelles formes de création.

JLA - Depuis le début de 2008, vous faites du parrainage fiscal pour les organismes culturels. D'où vient cette idée et quel est votre bilan après un an ?

D.S. - C'est lors d'une tournée à Boston et à New York que j'ai vu ce qui se faisait là-bas. Beaucoup d'organismes culturels n'ont pas le statut d'organisme de charité et ne peuvent donc pas remettre de reçus fiscaux à leurs donateurs. Le Conseil des arts, lui, possède ce statut. Nous sélectionnons donc des organismes culturels - en fonction de critères de qualité artistique, de santé financière et de bonne gestion - et nous émettons des reçus à leur place. Cette année, nous avons recruté 15 organismes sur un total de 19 demandeurs. Ils sont actuellement en train de recueillir des fonds. Ils sollicitent des fondations et des particuliers. C'est une autre porte de sortie en période difficile.

suzanne.dansereau@transcontinental.ca

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