Faible taux de chômage, faible taux d'emploi aussi

Publié le 12/12/2009 à 00:00

Faible taux de chômage, faible taux d'emploi aussi

Publié le 12/12/2009 à 00:00

On pourra bientôt dire " bon débarras ". L'année 2009 tire à sa fin, elle qui aura vu l'économie planétaire s'effondrer, avant de commencer péniblement à se redresser. Au Québec, on l'a dit cent fois : la tempête a soufflé moins fort qu'ailleurs. Et même si les récentes annonces de suppressions d'emplois maintiennent un scepticisme tout à fait légitime, l'humeur générale y est au beau fixe.

La plus récente livraison de l'Indice de confiance des PME québécoises, réalisée par Léger Marketing pour le Fonds de solidarité, montre justement que de plus en plus de dirigeants sont confiants. Plus de 9 sur 10 (92 %) se disent optimistes quant à l'avenir de leur entreprise, et un peu plus de la moitié (52 %) prévoient embaucher en 2010. Compte tenu des méchantes nouvelles qui viennent, par exemple, de secouer le milieu de l'aéronautique, ces données sont réconfortantes. Et comme s'il fallait en rajouter pour convaincre les incrédules, le sondage indique que le recrutement de la main-d'oeuvre est devenu, à court terme, le principal enjeu des PME québécoises. Dans son bilan de l'emploi pour novembre, Statistique Canada vient précisément de montrer que le taux de chômage au Québec a glissé à 8,1 %, en-deça de la moyenne canadienne de 8,5 %. Du rarement vu.

C'est ici qu'il convient de faire une pause et d'arrêter les célébrations, du moins pour un instant. Dans les faits, le Québec a encore d'immenses défis à relever. Le taux d'emploi, une mesure cruciale de l'activité économique, demeure bien inférieur à la moyenne canadienne.

Le taux d'emploi réflète le pourcentage de gens en âge de travailler, les 15 à 64 ans, qui travaillent effectivement. À cet égard, notre performance demeure affligeante. En gros, notre main-d'oeuvre souffre de fuites et perd proportionnellement autant d'employés que le réseau d'aqueduc de Montréal perd d'eau : 40 %. Notre taux d'emploi est de 59,5 % seulement. Plus de 4 personnes sur 10 ne participent pas au marché du travail. Les six autres font tout le boulot.

Vrai, on compte une bonne part d'étudiants, de retraités, de gens malades ou inaptes au travail, mais c'est le cas pour toutes les provinces ! La majorité des jeunes de 15 à 20 ans étudient au Québec, mais c'est aussi le cas en Nouvelle-Écosse, au Manitoba ou ailleurs. Autrement dit, l'indicateur permet véritablement de se comparer aux autres, sur la même base. Et on voit alors que, loin de distancer ses voisins, le Québec est en queue de peloton. Seules quelques provinces de l'Atlantique font pire. Le taux d'emploi de l'Ontario est de 61 % et dans toutes les provinces de l'Ouest, la population s'active encore davantage.

Où est le problème ? Sommes-nous collectivement plus paresseux ? Je ne le pense pas. Et ce n'est pas non plus que notre niveau d'éducation se situe sous la moyenne canadienne. Au contraire, le Québec compte la même proportion de gens de 15 ans et plus sans diplôme d'étude secondaires, soit 31 %.

Par contre, c'est au Québec que l'on trouve, après Terre-Neuve et le Labrador, le plus fort pourcentage de prestataires d'aide financière de dernier recours au pays, environ 7 %. Or, il a été prouvé qu'il n'est pas facile d'échapper au " piège de l'aide sociale ", c'est-à-dire au risque qu'un prestataire puisse être pénalisé et voir son revenu total baisser quand il accepte un emploi peu payant.

Entre autres, une étude a montré, en 2006, qu'une personne seule avec un enfant qui voyait son revenu passer de 0 à 10 000 $ perdait 78 cents pour chaque dollar gagné. Ce n'est pas un gros incitatif... et l'auteure de l'étude, Sheena Starky, du Service d'information et de recherche de la Bibliothèque du Parlement, soulignait que c'était là " une des conséquences inattendues du filet canadien de sécurité sociale ", et qu'il faudrait sérieusement envisager d'établir un crédit d'impôt sur les revenus salariaux pour inciter les bénéficiaires de l'aide sociale à joindre le marché du travail. Au printemps, La Presse a obtenu une copie d'une étude réalisée pour Emploi-Québec, où l'on concluait que " la plupart des bénéficiaires de l'aide sociale refuseraient un emploi au salaire minimum à cause des avantages qu'ils perdraient. "

On a beau évoquer la question de la fierté, les gens savent compter, surtout si leurs finances sont serrées. Si l'on veut accroître le taux d'emploi de la population du Québec, il faudra favoriser le retour au travail de ceux et celles qui sont en mesure de travailler, sans qu'ils perdent au change.

De mon blogue

www.lesaffaires.com/rene-vezina

Méchantes acrobaties à Dubaï

Dubai World vient d'ébranler la planète financière en demandant un sursis de six mois pour le remboursement de son énorme dette de 60 milliards de dollars. Son bras immobilier, Nakheel, n'est déjà pas en mesure de payer un premier bloc de 3,5 milliards dû en décembre. Essayez le, pour voir, de demander à un créancier de vous accorder un délai de grâce de six mois pour vous permettre de retomber sur vos pieds... [suite sur le blogue]

Vos réactions

" Les individus sont en difficulté (trop de dettes), les entreprises sont en difficulté (trop de dettes, elles aussi) et tiens donc, les États sont aussi en difficulté (beaucoup trop de dettes aussi). C'est la quadrature du cercle vicieux de l'économie actuellement et cela explique pourquoi ça ne " roule " pas tellement bien... "

- Dencour

" Si on voulait obtenir l'équité complète dans le monde, on devrait tous faire faillite en même temps et repartir à zéro ! Cela causerait tout un chaos, mais cela permettrait de renverser les crapules comme Goldman Sachs et autres manipulateurs boursiers de ce monde. Seul le travail serait enfin rémunéré. "

- Getalife

rene.vezina@transcontinental.ca

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