Des ions pour assainir les eaux usées

Publié le 18/04/2009 à 00:00

Des ions pour assainir les eaux usées

Publié le 18/04/2009 à 00:00

Michèle Clément s'est lancée en affaires à un âge où bien des entrepreneurs sont déjà à la retraite. Avec un penchant marqué pour la pédagogie, cette verbomotrice s'est mis en tête de faire connaître aux Canadiens les bienfaits de l'ionisation.

Le produit. Pendant un orage, l'air accumule des particules chargées d'électricité appelés ions. L'appareil que commercialise ÉcoVie Canada, appelé ionisateur, reproduit ce phénomène. Il provoque l'ionisation d'un gaz, en l'occurrence l'oxygène de l'air. Cette technologie a pour effet d'assainir l'air et d'éliminer les mauvaises odeurs.

Il faut entre 1 500 et 2 000 ions oxygène pour maintenir la salubrité d'un centimètre cube (cm3) d'air. Au sommet d'une montagne, on en compte jusqu'à 8 000 par cm3. Aux abords d'une autoroute, on n'en trouve que de 300 à 400, et moins de 200 dans une usine d'épuration des eaux.

Un ionisateur d'ÉcoVie est déjà installé à l'usine d'épuration des eaux de Saint-Hilaire. Un appareil coûte 69 500 $ et peut assainir une usine de 6 000 à 24 000 pieds carrés. Il n'est pas protégé par un brevet, car il est impossible de breveter un procédé naturel.

Le marché. Dans un premier temps, Mme Clément, âgée de 64 ans, s'attaque au marché des stations de traitement et d'épuration des eaux. Plus tard, elle concentrera ses efforts de commercialisation sur le marché des bâtiments agricoles, comme les porcheries et les poulaillers. L'ionisation des aliments pour en préserver la qualité et en prolonger la durée de conservation fait également partie de ses plans.

Le financement. Pour financer le démarrage d'ÉcoVie, fondée en 2002, Mme Clément avait créé une SPEQ (société de placement dans l'entreprise québécoise), mais elle s'est retrouvée démunie lorsque le premier ministre Jean Charest a mis la hache dans ce programme.

" Depuis sept ans, ÉcoVie ne survit qu'avec du love money [capital de proximité]. J'en ai recueilli pour plus de 700 000 $ et je ne me suis pas pris de salaire depuis quatre ans ", raconte-t-elle, un peu amère.

Les 15 personnes qui ont fourni cet apport financier détiennent les actions privilégiées d'ÉcoVie; trois d'entre elles détiennent 24 % des actions ordinaires; Mme Clément, les 76 % d'actions restantes.

" J'ai besoin de 150 000 $ rapidement pour continuer à fonctionner en attendant d'obtenir un prêt de la Banque de développement du Canada ", ajoute-t-elle. Le programme Co-vision de la BDC prête jusqu'à 100 000 $ aux entreprises en démarrage.

Comment l'idée vous est-elle venue ? Bachelière en pédagogie et titulaire d'un certificat en communication, Mme Clément a travaillé au Kenya et au Sénégal, de 1984 à 1994, comme administratrice de contrats et gestionnaire de projets pour Marine Industries.

Durant son séjour en Afrique, un chercheur de l'Institut Armand-Frappier est allé présenter au Sénégal un ionisateur destiné à augmenter la durée de conservation des aliments. Mme Clément a été fascinée par l'appareil.

Plusieurs années plus tard, alors qu'elle était administratrice du Club des ambassadeurs et des entrepreneurs pour l'Afrique et qu'elle cherchait un nouveau défi, Mme Clément a trouvé sur Internet un fabricant américain d'ionisateurs industriels.

Elle a fait évaluer la technologie et a trouvé un premier acheteur au Québec, le transformateur alimentaire Soya Excel, de Beloeil, pour l'assainissement de l'air et le contrôle des odeurs. Mais le fabricant américain, pas intéressé au marché canadien, a refusé de lui fournir l'appareil.

L'entrepreneure a perdu le contrat de Soya Excel, mais elle a fini par obtenir directement du concepteur de l'appareil les droits de fabrication et de vente au Canada.

Dans cinq ans. Le principe de l'ionisation est beaucoup moins connu en Amérique du Nord qu'en Europe. Il y a ici un gros travail d'éducation à faire, estime Mme Clément. Dans cinq ans, elle espère que la population sera assez sensibilisée aux bienfaits de l'ionisation pour qu'elle puisse vendre des appareils dans les hôpitaux, les écoles et les immeubles de bureaux.

( CV )

Nom: Michèle Clément

Âge: 64 ans

Fonction: Présidente

Entreprise: ÉcoVie Canada

Mme Clément a constaté les bienfaits de l'ionisation en Afrique, où elle a vécu pendant 10 ans. En 2002, alors qu'elle cherchait un nouveau défi, elle a eu l'idée de faire découvrir ce principe aux Canadiens.

dominique.froment@transcontinental.ca

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