Biotech : des solutions à la portée de l'État

Publié le 20/02/2010 à 00:00

Biotech : des solutions à la portée de l'État

Publié le 20/02/2010 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

L'industrie québécoise des biotechnologies traverse des moments difficiles. Un sondage récent réalisé pour BioQuébec révèle que 70 % des entreprises du secteur disposent de liquidités pour financer leurs activités pendant 12 mois seulement. Pire, 24 % d'entre elles en ont pour moins de trois mois et 42 %, pour moins de six mois. En deux ans, le nombre de sociétés de recherche en biotechnologie serait passé de plus de 80 à moins de 40. La situation est dramatique.

Et comme la majorité de ces sociétés n'ont pas de revenus, leurs produits n'ayant pas encore été approuvés par les autorités, elles sont placées devant le choix suivant : faire faillite ou vendre le fruit de leur recherche à une société - habituellement étrangère - à un prix ridicule.

Le gouvernement du Québec est au courant du dossier, mais a fait bien peu pour aider ce secteur. Pour sa part, l'industrie du capital de risque, qui cherche des rendements rapides, n'est pas intéressée par les biotechs. Pourtant, le secteur de la biotechnologie emploie des milliers de personnes, dont un grand nombre de chercheurs titulaires de maîtrise et de doctorat formés aux frais des contribuables puisque les droits de scolarité qu'ils ont payés étaient insignifiants. Plusieurs ont fait des études postdoctorales, ce qui indique bien le haut niveau de savoir accumulé par les artisans de cette industrie. Si on la laisse dépérir, ces chercheurs iront enrichir notre voisin du Sud... avec notre argent.

Bien sûr, le gouvernement n'imprime pas d'argent et ne peut pas répondre aux demandes qui affluent de partout. Par contre, ce sont les industries du savoir qui nous aideront à rester concurrentiels dans la course vers la prospérité, face aux géants américains et européens et aux nouveaux concurrents qui se développent en Asie. Soyons logiques. Ce ne sont pas les vieilles industries qui nous aideront à accroître notre niveau de vie. Il faut établir des priorités et l'industrie des biotechnologies doit certainement en être une, aux côtés des sciences de la santé en général.

Québec a annoncé le 8 octobre 2009 une stratégie biopharmaceutique prévoyant une enveloppe de 123 millions de dollars (M$), qui couvre entre autres l'industrie des biotechs. Quatre mois plus tard, pas un cent n'est entré dans les coffres des entreprises de biotechnologie. Québec a annoncé qu'il versera les crédits d'impôt remboursables sur une base trimestrielle plutôt qu'annuelle, ce qui procurera des liquidités aux biotechs. Toutefois, le programme n'est pas encore en place.

D'autres mesures sont à la portée du gouvernement. L'une d'entre elles consisterait à verser un paiement anticipé, jusqu'à concurrence de 5 M$, aux biotechs qui ont accumulé des pertes fiscales, avec l'assurance que ces fonds serviront à la recherche et aux activités courantes. Selon Yves Rosconi, président de BioQuébec et chef de la direction de Theratechnologies, cette mesure coûterait relativement peu au gouvernement et prolongerait la vie de plusieurs sociétés pour une période de 6 à 12 mois.

Toujours sur le plan fiscal, le gouvernement pourrait accorder aux sociétés contrôlées par des étrangers un taux de crédit d'impôt identique à celui dont bénéficient les entreprises à contrôle canadien pour la recherche faite au Québec. Une telle mesure attirerait les investisseurs étrangers dans des projets de recherche réalisés au Québec et consoliderait l'expertise dans la province. On pourrait aussi permettre aux sociétés de biotechnologie d'émettre des actions accréditives, qui donnent droit à un avantage fiscal, comme cela se fait pour l'exploration minière.

Québec pourrait également utiliser son programme d'achat de médicaments de 2 milliards de dollars pour inciter les grandes pharmaceutiques à sous-traiter de la recherche à des biotechs québécoises. L'avenir de ces grandes sociétés repose de plus en plus sur les biotechnologies, dans lesquelles elles investissent massivement. Par ailleurs, le fait que plusieurs médicaments d'origine prescrits à de nombreuses personnes (comme le Lipitor et le Plavix) perdront la protection pour leur brevet, réduira les coûts du régime d'assurance médicaments, ce qui procurerait alors à Québec une marge de manoeuvre pour soutenir ses entreprises biotechnologiques.

Il s'agit là d'un levier dont Québec semble ignorer le potentiel.

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