Autre gain historique pour Barack Obama

Publié le 27/03/2010 à 00:00

Autre gain historique pour Barack Obama

Publié le 27/03/2010 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Après être devenu le premier président noir des États-Unis, Barack Obama vient d'obtenir un autre succès historique en faisant adopter sa loi qui réforme le régime d'assurance des soins de santé.

C'est peut-être pour cela que les Républicains le détestent tant. Obama désirait faire de sa loi sur des soins de santé abordables un projet rassembleur (bipartisan). Les représentants républicains ont toutefois rejeté à l'unanimité le projet de loi, qui, à la demande du président, a pourtant été élaboré par le Congrès et non par la Maison-Blanche.

Franklin D. Roosevelt, avec sa loi sur la sécurité sociale en 1935, et Lyndon B. Johnson, avec sa loi de 1965 créant le Medicare pour les personnes âgées, avaient rallié de nombreux législateurs républicains à leur cause. À la différence de ces deux grandes réformes, le Health Bill sera consacré comme une loi purement démocrate, d'où le désir de certains leaders républicains de vouloir l'abroger.

Autre différence majeure, alors que la sécurité sociale et Medicare sont des programmes étatiques, la loi Obama laisse l'assurance maladie entre les mains du privé. Le président a même renoncé à la public option, qui consistait à créer un assureur étatique, auprès duquel des Américains auraient pu s'assurer. Cet assureur se voulait une entité témoin qui aurait permis au gouvernement de mieux comprendre l'industrie de l'assurance maladie.

La réforme de l'assurance maladie était la plus importante promesse de Barack Obama. Il a remporté son pari à l'arraché à la suite d'un débat acrimonieux, émotif, très partisan et idéologique. Le vote tenu le 21 mars à la Chambre des représentants a été gagné de justesse et sans gloire, puisque des dizaines de représentants démocrates n'ont appuyé le projet de loi de leur président qu'après avoir obtenu des engagements en faveur de leurs électeurs, et sans lien avec le projet de loi sur l'assurance maladie. En clair, des représentants ont vendu leur vote en retour de faveurs destinées à faciliter leur réélection.

Ce marchandage a surtout été l'oeuvre de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, qui laissera son nom dans l'histoire comme la femme politique la plus puissante de l'histoire des États-Unis. Politicienne aguerrie, rusée et combative, elle a conseillé et soutenu le président, parfois à l'encontre des tentations de conseillers de la Maison-Blanche, qui étaient prêts à diluer davantage le projet de loi pour réduire le risque de subir des revers aux élections de mi-mandat, en novembre prochain.

Malgré les compromis douloureux qui ont été faits pour obtenir son adoption, la réforme Obama comprend des avancées majeures :

> Environ 32 millions d'Américains auront dorénavant accès à l'assurance maladie, mais ils devront l'acheter, à défaut de quoi ils s'exposent à une amende de 695 $ par an. Des crédits d'impôt seront octroyés aux personnes moins fortunées.

> Aucun assureur ne pourra refuser d'assurer un enfant handicapé ou une personne malade qui veut une protection.

> Les personnes non assurées et les petits employeurs pourront obtenir leur protection par l'intermédiaire des Health Insurance Exchanges, des entités qui seront créées au niveau des États pour négocier des protections auprès d'assureurs privés. Nous sommes très loin du système canadien, qui repose sur des régimes publics gérés par les provinces.

La réforme Obama est dénoncée par près de 60 % des Américains, qui l'associent à du socialisme, à une intrusion inacceptable de l'État dans leur vie privée et à un gouffre financier, bien que le Bureau du budget du Congrès estime qu'elle devrait réduire le déficit du gouvernement de 143 milliards de dollars américains (G$ US) en 10 ans. Autrement dit, son coût de 938 G$ US devrait être largement compensé par des économies et les taxes créées pour la financer (dont un impôt de 3 % sur les revenus de placement). Pour certains, cette prévision n'est pas crédible.

Malgré son coût et son impact fiscal pour plusieurs contribuables, la loi Obama ne doit pas être jugée sur le plan financier. C'est la base d'une réforme plus globale, qui requerra bien d'autres ajustements. Malheureusement, le système américain restera inefficace et le plus coûteux du monde tant que le système des poursuites en dommages n'aura pas été réformé.

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