À Drummond et à Victo, on sait qu'il y a une vie après la crise

Publié le 22/11/2008 à 00:00

À Drummond et à Victo, on sait qu'il y a une vie après la crise

Publié le 22/11/2008 à 00:00

Fichue crise !

Non seulement elle mine notre moral et torpille notre épargne, en plus, elle nous empêche de voir la réalité en nous rendant myopes.

À force d'entendre que la récession va nous tomber dessus, on finit par penser que les prochaines années seront épouvantables, car des milliers d'emplois seront perdus au Québec. Et pourtant, si on ajuste un peu ses lunettes, le principal problème en matière d'emploi n'est pas celui qu'on pense. En fait, certaines régions ont exactement le problème inverse.

Globalement, le Québec va devoir gratter les fonds de tiroir - ou de cour d'école - pour trouver la main-d'oeuvre nécessaire à son développement. Et ce ne sera pas facile.

Vous en doutez ? Vous avez en tête ces images de scieries qui ferment et d'usines qui n'arrivent plus à soutenir la concurrence ? C'est un problème bien réel et il ne faut pas nier le drame qui en résulte. Mais pour changer de registre, allez faire un tour, quand vous en aurez l'occasion, vers le Centre-du-Québec. Vers Victoriaville et Drummondville.

En 1976, parlant de Drummondville, le magazine L'actualité titrait, en couverture : "L'agonie d'une ville". Le taux de chômage y atteignait 25 %. Victoriaville était en meilleure santé, mais rien n'était acquis.

Le renversement de tendance est stupéfiant. On estime aujourd'hui qu'il faudra pourvoir d'ici cinq ans 8 500 nouveaux emplois dans cette région. Sans compter qu'on devra aussi trouver une façon de remplacer les quelque 15 000 travailleurs qui prendront leur retraite pendant la même période.

À Drummondville et Victoriaville, le taux de chômage oscille actuellement entre 5 et 6 %, bien en deçà de la moyenne québécoise.

Ces données ont été présentées lors d'un forum tenu à Victoriaville par la Commission scolaire des Bois-Francs, à la mi-novembre, où les participants se sont demandé : Où trouver toute la main-d'oeuvre nécessaire ?

Un relevé établi par Éric Lampron, d'Emploi-Québec, montre la gravité de la situation. Près de 40 % des entreprises de cinq employés et plus disent avoir éprouvé des difficultés de recrutement depuis un an : en clair, cela signifie qu'en moyenne, chaque poste à pourvoir est demeuré vacant pendant plus de trois mois. Une entreprise sur cinq dit qu'elle va perdre des contrats impossibles à respecter; une sur 20 pense même devoir fermer ses portes.

C'est ce qui se passe aujourd'hui. Demain, la situation sera encore plus grave.

Les travailleurs spécialisés sont particulièrement en demande. On a besoin de machinistes, de cuisiniers, d'ébénistes, de mécaniciens d'équipement lourd, et de bien d'autres, en particulier de ces éternels soudeurs qui sont devenus une denrée rare au Québec.

On s'est tellement acharné, ici, à dévaluer les métiers ! Aujourd'hui, on manque de travailleurs compétents.

Les commissions scolaires font leur possible pour valoriser les études professionnelles (DEP) et l'éducation aux adultes, de manière à mieux outiller les gens, mais le décrochage frappe encore fort : 30 % l'an dernier dans le Centre-du-Québec, et la proportion est encore plus forte du côté des garçons.

Mais savez-vous quel est le taux de chômage chez les diplômés du secondaire professionnel ? À peine 5,7 %. C'est le taux le plus faible des 17 régions québécoises.

Pour éviter que l'économie du Centre-du-Québec tombe en panne, le premier défi est donc d'utiliser au maximum toutes les ressources existantes. Le deuxième est d'en ajouter. Mais comment ?

Ici comme ailleurs au Québec, la natalité a chuté radicalement. Les prévisions ne sont pas optimistes. On estime que la population active, le groupe des 15 à 64 ans, devrait décliner de 11,4 % d'ici 2026.

Reste l'immigration. Et j'admets avoir été étonné d'apprendre, par exemple, que la MRC de Drummond compte 2 500 immigrants, dont 800 Colombiens ! C'est près de 3 % de sa population totale. Et plus de 9 sur 10 d'entre eux sont en emploi. Leur contribution est appréciée. Mais les immigrants déterminés ont le choix. Le Centre-du-Québec n'est pas la première destination à laquelle ils pensent.

Toute cette histoire me fait penser au groupe pop Supertramp. Au milieu des années 1970, ils chantaient Crisis ? What Crisis ? Nous devrions prendre le temps de nous poser cette question, entre deux plongeons boursiers et trois analyses déstabilisantes sur les perspectives économiques. C'est vrai, pour l'instant, ça va mal. Mais il y aura une vie après la crise... Il ne faudrait surtout pas l'oublier.

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