" Nous n'avons encore rien vu en matière de consommation de données sur Internet "

Publié le 25/10/2008 à 00:00

" Nous n'avons encore rien vu en matière de consommation de données sur Internet "

Publié le 25/10/2008 à 00:00

De petit hébergeur de sites Internet, iWeb a réussi en quatre ans à se hisser parmi les plus grands fournisseurs canadiens de serveurs dédiés avec ses propres centres de données. La progression fulgurante de l'entreprise montréalaise, dont les revenus sont passés de 1,3 million de dollars, en 2003, à plus de 11 millions, cette année, est due en grande partie au leadership de son président et chef de la direction, Éric Chouinard.

Personnalité techno du mois d'octobre, M. Chouinard croit que ce n'est qu'un début pour iWeb, et que la hausse fulgurante de la consommation de données sur Internet laisse augurer une croissance phénoménale du marché dans lequel son entreprise évolue.

Si ces prédictions s'avèrent, iWeb sera en tout cas bien armée, elle qui, avant l'éclatement de la grave crise financière qui secoue la planète, a réussi à récolter 22 millions de dollars auprès de la banque américaine Goldman Sachs, devenue actionnaire de l'entreprise.

Journal Les Affaires - Comment expliquez-vous cette fulgurante progression depuis 2004 dans un marché aussi compétitif que celui de l'hébergement Internet ?

Éric Chouinard - Notre entrée à la Bourse de croissance TSX, en 2004, a été un virage décisif. Elle nous a permis de lever suffisamment de capitaux pour devenir propriétaire de notre centre de données - le seul que nous exploitions à l'époque - et surtout, d'orienter notre stratégie d'entreprise vers la fourniture de serveurs dédiés aux marchés francophones et anglophones. Avant, nous louions notre immeuble et nous fournissions essentiellement des services d'hébergement partagé en français.

JLA - Le marché de l'hébergement Internet est très largement méconnu au Québec et peu médiatisé. Que signifie la fourniture de serveurs dédiés et l'hébergement partagé ?

E.C. - L'hébergement partagé correspond au service de base. Les particuliers et les PME choisissent en général ce type d'hébergement pour pouvoir héberger les pages de leur site et le lancer sur le Web. C'est le type d'hébergement le moins coûteux. Plusieurs sites partagent le même serveur de données. Un serveur dédié, en revanche, est un service exclusif. Il comprend un service de fourniture de bande passante et de location de serveurs d'hébergement de données dont l'usage est réservé à un seul client, en général des entreprises. Ce type de service est plus intéressant financièrement pour nous. Nous offrons aussi ce qu'on appelle la colocation d'espaces : nous louons une partie de l'espace de nos centres de données aux entreprises qui amènent et gèrent leurs propres équipements dans des cabinets ou des cages fermées à clé. Ce type de service permet aux entreprises de ne pas posséder de centre de données à l'interne avec toutes les contraintes que cela suppose [frais de gestion, facture d'électricité importantes, etc.].

JLA - L'entrée en Bourse vous a transformés en fournisseur de services aux entreprises, vous qui étiez davantage axés vers le grand public.

E.C. - Oui, et c'est ce qui explique la croissance importante de nos revenus, mais aussi l'augmentation de la récurrence de ces revenus. Près de 80 % de notre chiffre d'affaires provient de la fourniture de serveurs dédiés à des clients d'affaires, et même à des fournisseurs d'hébergement partagé grand public qui ne possèdent pas leurs infrastructures. La quasi-totalité de nos revenus est également récurrente. Ainsi, près de 1,7 million de dollars atterrissent dans nos caisses tous les mois, provenant des mêmes clients pour les mêmes services. Enfin, cette transformation nous a permis de multiplier par six notre effectif, qui compte aujourd'hui 127 employés.

JLA - Allez-vous abandonner le marché des services d'hébergement partagé ?

E.C. - Non, car cela peut constituer une porte d'entrée pour de futurs abonnés à nos services de serveurs dédiés. L'histoire nous a montré que les grands portails Web ont tous commencé au bas de l'échelle et qu'ensuite, avec leur popularité grandissante, leurs propriétaires se sont rendu compte qu'ils avaient besoin de services d'hébergement plus évolués.

JLA - La crise financière remet-elle en cause la participation de Goldman Sachs, et de manière générale, la crise financière vous touche-t-elle ?

E.C. - Non. Goldman Sachs n'a pas remis en question son financement. En ce qui concerne la crise financière et le ralentissement économique, oui, ils peuvent avoir des impacts. Nos clients sont plus soucieux de leurs coûts d'exploitation et peuvent être tentés de rechercher des services moins onéreux, bien que j'aie confiance en notre compétitivité à ce chapitre. Nous pouvons également nous attendre à une augmentation des mauvaises créances, mais à moyen terme, le marché offre de très belles perspectives. Nous n'avons encore rien vu en matière de consommation de données sur Internet. Je ne suis pas inquiet.

JLA - À quoi vont servir les 22 millions de dollars obtenus de la banque américaine ?

E.C. - Tout d'abord, cette levée de capitaux auprès de Goldman Sachs nous fait entrer dans les ligues majeures. Elle nous permet d'espérer attirer d'autres grands financiers si le besoin se fait sentir à l'avenir.

À court terme, ces 22 millions vont nous permettre d'investir massivement dans les infrastructures nécessaires à notre croissance. À l'heure actuelle, nous sommes contraints d'ajouter 700 serveurs de données par mois dans nos centres. Il nous faudra donc rapidement un quatrième centre de données. Avec cette croissance, j'ai bon espoir de porter les revenus d'iWeb à 80 ou 100 millions de dollars dans cinq ans.

jerome.plantevin@transcontinental.ca

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