BLOGUE. C'est jour de grande séduction pour Research in Motion, qui tient à San Francisco sa conférence nord-américaine annuelle pour les développeurs, qu'elle doit absolument convaincre de demeurer à bord du bateau.
Dans un récent billet, j'estimais qu'il était à mon avis trop tard pour Research in Motion. Je ne dis pas qu'il sera impossible pour l'entreprise de se relever comme l'a fait Apple à la fin des années 90, j'affirme seulement que je n'y crois malheureusement pas.
Ceci dit, j'écrivais que la première étape d'un éventuel plan de relance était de s'assurer que les développeurs ne se sauvent pas.
En 1997, alors qu'Apple se trouvait dans une situation encore plus défavorable que celle dans laquelle se trouve actuellement Research in Motion, l'un des premiers gestes de Steve Jobs, suite à son retour au sein de l'entreprise, avait été de s'assurer du support de Microsoft. S'il avait fallu que le géant de Redmond, son plus gros concurrent à l'époque, décide d'abandonner la production de la suite bureautique Office pour les Mac, c'en était terminé d'Apple.
Les temps ont changé et les grosses entreprises de logiciels, en particulier sur les plateformes mobiles, n'ont plus autant d'importance qu'elles en avaient. La mode est maintenant aux « apps » créées par des tiers. Certains des logiciels considérés comme « essentiels » par de grands groupes d'utilisateurs peuvent avoir été développés par deux ou trois types (quand ce n'est pas un seul) dans leur sous-sol à Copenhague. Et les applications essentielles ne sont pas nécessairement celles que l'on croit. Une plateforme sans version d'Angry Birds serait étrangement désavantagée.
RIM jouait donc une partie significative de son avenir ce matin, quand son co-chef de la direction et président Mike Lazaridis est monté sur scène pour l'allocution d'ouverture du Blackberry DevCon. Notons qu'Apple tient annuellement son propre événement du genre, le Worldwide Developers Conference (WWDC), et que l'allocution d'ouverture du WWDC servait chaque année de tribune à Steve Jobs pour présenter quelques nouveautés.
L'inspiration de Jobs était d'ailleurs bien palpable dans cette présentation de RIM. Le résultat aussi: on n'a pas tellement appris grand-chose, mais les disciples en sont probablement ressortis gonflés à bloc.
Certes, l'entreprise a dévoilé que son prochain système d'exploitation serait baptisé BBX, qu'il serait basé sur la plateforme QNX qu'elle a introduite avec son Playbook et qu'il serait compatible avec les applications Android, mais ce sont des nouvelles que l'entreprise avait déjà télégraphiées. Fait à noter, cela survient très exactement la veille du dévoilement de la nouvelle version d'Android, prévu mercredi.
RIM a aussi profité de l'occasion pour mettre de l'avant quelques chiffres intéressants et ainsi essayer de défaire des « mythes ». Ainsi, selon ses chiffres, sa boutique d'applications App World est la deuxième plus rentable pour les développeurs, après l'iTunes Store d'Apple, mais devant l'Android Market de Google. Il y aurait plus de téléchargements payants sur l'App World que sur l'Android Market.
Certains ont déjà tenté d'expliquer cette donnée par le fait qu'on trouvait sur l'App World quelques logiciels coûteux destinés à une clientèle d'affaires encore friande de Blackberry, mais l'entreprise elle-même n'a pas offert de précision.
RIM a aussi souligné compter 70 millions d'utilisateurs actifs, soit 20M de plus qu'il y a un an. La base n'est donc pas en décroissance.
Pour le reste, on s'est surtout attardé à convaincre les développeurs qu'il était simple pour eux de créer des applications puissantes sur Blackberry, en particulier sur son nouveau système d'exploitation BBX. C'est généralement ce que l'on fait dans ce genre d'événements. Je vous épargnerai les détails techniques. On verra au cours des prochaines semaines si ceux qui s'y connaissent vraiment ont été convaincus.
Dans l'ensemble, à distance, même sans grande annonce, RIM semble avoir fait tout ce qu'elle pouvait faire et livré une bonne performance.
Soulignons au passage l'excellente récupération faite de la panne de la semaine dernière. L'entreprise a réussi peu de bons coups au cours des derniers mois, alors il faut parler de celui-là.
Pour se faire pardonner, RIM offre à tous ses clients, même ceux qui n'ont pas été affectés par la panne, un rabais de 100$ sur l'achat d'applications sur l'App World. C'est un excellent moyen de frapper d'une pierre deux coups. D'un côté, on satisfait les utilisateurs qui peuvent se procurer jeux et autres logiciels, de l'autre, on ravit les développeurs, qui vont voir leurs ventes augmenter d'un coup. Sublime.
