«Une proposition que je ne pouvais refuser»

Publié le 20/04/2013 à 00:00, mis à jour le 18/04/2013 à 09:54

«Une proposition que je ne pouvais refuser»

Publié le 20/04/2013 à 00:00, mis à jour le 18/04/2013 à 09:54

En mars, on apprenait qu'Isabelle Courville occuperait dorénavant le siège de présidente du CA de la Banque Laurentienne. L'ex-présidente d'Hydro-Québec Distribution, considérée comme le numéro deux de la société d'État, devenait ainsi l'une des rares femmes à tenir un tel rôle au Québec.

Pour que d'autres femmes suivent ses traces, Mme Courville partage la recommandation de la Table des partenaires influents. Selon elle, imposer des quotas de femmes dans les CA n'est pas la panacée, même si elle salue la décision d'en imposer aux sociétés d'État. «Est-ce qu'on en a besoin dans toute la province, toutes les industries ? certainement pas !» dit-elle, ajoutant que les mesures volontaires sont une première étape nécessaire.

Quant à sa décision de quitter Hydro-Québec, annoncée en début d'année, elle a pris le milieu des affaires par surprise. Mais pour la gestionnaire et administratrice de 50 ans, c'était une évidence. «J'ai toujours eu l'intention de passer seulement quelques années à Hydro-Québec, pas le reste de ma carrière. C'était clair dans ma tête qu'il y aurait une autre étape après Hydro-Québec», dit-elle en entrevue dans son nouveau bureau du siège social de la Banque Laurentienne, au centre-ville de Montréal.

Isabelle Courville aura travaillé six ans au sein du producteur et distributeur d'électricité. Elle avait pris la direction d'Hydro-Québec Distribution en mars 2011, après avoir occupé la présidence de la division TransÉnergie qui exploite le réseau de transport d'électricité.

Mme Courville avait auparavant fait carrière dans le secteur des télécommunications, ayant occupé des postes de direction chez Bell pendant près de 20 ans. L'ingénieure et avocate de formation a occupé le fauteuil de présidente du groupe Grandes entreprises chez Bell Canada et dirigé pendant 12 ans Bell Nordiq, une société qui était cotée en Bourse à l'époque.

Celle qui a été nommée au 39e rang des femmes d'affaires les plus influentes à l'extérieur des États-Unis par le magazine Fortune l'automne dernier dit avoir ressenti le besoin changer de rôle.

«J'ai été à la tête de divisions ou d'entreprises qui comptaient des milliers d'employés. C'était fascinant et extraordinaire. Mais ce sont des emplois à forte dominance opérationnelle. C'est opération, opération, opération, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 ! Ça devient lourd à porter. J'avais maintenant besoin d'un travail complètement différent, un travail qui se situe davantage sur le plan stratégique, qui permet plus de réflexion», souligne-t-elle.

Ce moment est venu lorsque Denis Desautels, qui présidait le CA depuis 10 ans, a décidé au cours de l'année 2012 de passer le flambeau. Mme Courville, qui est membre du conseil de la Banque Laurentienne depuis 2007, en présidait aussi le comité des ressources humaines, dont le mandat est entre autres d'assurer la relève des membres du conseil ou de l'équipe de direction.

«M. Desautels m'a demandé si le poste m'intéressait. J'ai d'abord été surprise puis, après avoir pris le temps d'y réfléchir, ça m'est clairement apparu comme une proposition que je ne pouvais refuser», mentionne-t-elle.

De grandes chaussures à porter

Des discussions ont aussi eu lieu pour en informer les autres membres du conseil et le pdg de la Banque, Réjean Robitaille. De plus, «la direction d'Hydro-Québec a immédiatement été informée de la possibilité que j'accède à la présidence du conseil de la Banque Laurentienne», indique la dirigeante.

Isabelle Courville a de grandes chaussures à porter. Elle prend la relève d'un président du conseil qui «a joué un rôle stratégique dans les décisions menant à l'amélioration de la performance de l'institution», disait M. Robitaille, lors du départ de M. Desautels en mars, auparavant vérificateur général du Canada et reconnu comme une autorité en matière de gouvernance d'entreprise.

Isabelle Courville n'entend pas dévier de cette trajectoire. «La transition se fera dans la continuité. Je suis au conseil depuis six ans, et j'ai donc participé à l'adoption de la stratégie de développement qui a généré beaucoup de croissance ces dernières années, malgré la récession et le contexte financier difficile. La stratégie n'est certainement pas à revoir à court terme», assure la titulaire d'un baccalauréat en génie physique de l'École Polytechnique de Montréal et d'un baccalauréat en droit civil de l'Université McGill.

Mme Courville voit grand pour la plus petite des grandes banques canadiennes, qualificatif qu'elle s'empresse de dénoncer. «En Amérique du Nord, nous sommes parmi les 40 plus importantes banques. Ce n'est pas rien, et nous avons une place encore plus grande à prendre au Québec et au Canada.»

Il n'est pas question non plus «de changer les règles de gouvernance exceptionnelles déjà mises en place par M. Desautels et le conseil», ajoute celle qui prévoit consacrer deux jours par semaine à ses nouvelles fonctions.

«Les premiers temps, je vais me concentrer sur mon travail à la Banque, mais je compte aussi siéger à d'autres conseils d'administration.» Elle est actuellement administratrice de l'École Polytechnique de Montréal.

«La succession du président du conseil doit être planifiée avec beaucoup de soins, et le choix du successeur du président se doit d'être fait dans le respect de tous les membres du conseil et de la direction, ainsi que dans une optique à la fois de continuité et de renouveau. Je suis convaincu à ce chapitre qu'Isabelle Courville sera tout à fait à la hauteur de la situation.» - Denis Desautels

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