Le malheur des uns fait le bonheur des autres, dit l'adage. Au moment où le nombre de décès attribuables à la grippe A (H1N1) s'allonge, Medicago, une biopharmaceutique de Québec, connaît des jours de gloire. Ses recherches sur un vaccin commencent à porter fruit. Celui-ci protégerait plus rapidement les humains en cas de pandémie.
Medicago est propriétaire de deux technologies innovantes - Proficia et PPV - qui permettent à une plante de synthétiser la séquence génétique d'une protéine d'un virus.
Alors que le procédé conventionnel de production de vaccin, qui consiste à multiplier un virus dans des oeufs, prend six ou sept mois, celui de l'entreprise biopharmaceutique varie de deux semaines à un mois.
" Nous pourrions protéger les gens plus rapidement ", dit Frédéric Ors, porte-parole de l'entreprise et vice-président, développement des affaires. De plus, il ne faudrait qu'une dose du vaccin de Medicago pour protéger les humains, alors qu'il en faut deux avec les vaccins traditionnels.
Contrairement à la multinationale GlaxoSmithKline, qui vient de remporter un contrat de 400 millions de dollars pour produire les 50 millions de vaccins que le gouvernement canadien distribuera à ses citoyens en novembre, Medicago n'est pas encore au stade de la production.
Mais donnons-lui quelques années, et elle pourrait réaliser cet objectif, disent ses dirigeants.
Ces nouvelles suscitent l'intérêt des investisseurs. Le cours du titre (MDG-X, TSX) est passé de 0,15 $, le 7 octobre 2008, à 0,72 $ le 31 août dernier.
Tests cliniques
Le 25 août, Medicago a obtenu l'autorisation de Santé Canada pour commencer les essais cliniques de phase I chez l'humain avec son vaccin contre la grippe aviaire (H5N1). Si les essais de phase II sont concluants, Medicago pourra commercialiser ce vaccin en 2011, dit M. Ors.
Et la grippe A (H1N1) ? Le dirigeant estime que si Medicago peut produire et commercialiser un vaccin pour la grippe aviaire, elle pourra le faire aussi pour la A (H1N1) ou toute autre souche mutante.
En avril dernier, Medicago a réussi à obtenir une séquence génétique de la souche de la grippe A (H1N1).
Partenariats opportuns
Au cours de la dernière année, Medicago a conclu des partenariats. En novembre 2008, Philip Morris a investi 16 millions de dollars dans la biopharmaceutique de Québec, devenant son actionnaire principal, avec 49,8 % des votes. Philip Morris fournit aussi à Medicago les plantes qui seront utilisées pour la fabrication de vaccins. Non, il ne s'agit pas de tabac, mais d'une plante de la même famille, précise M. Ors.
Puis, cet été, Medicago a conclu deux partenariats pour construire des usines en France et en Inde. " Notre stratégie consiste à implanter notre technologie un peu partout sur la planète pour être en mesure de répondre rapidement à la demande de vaccins au moment où la situation le commandera ", note Andrew Sheldon, président de l'entreprise, qui souhaite s'implanter en Asie, au Moyen-Orient et en Amérique.
Car lorsqu'il y a pandémie, les frontières se ferment.
De plus, le nombre d'usines de production est limité. Au cours des dix dernières années, les États-Unis ont dépensé des milliards pour installer des usines, selon M. Ors. Il avance qu'un vaccin Medicago produit en phase II pour une grippe pandémique pourrait intéresser les États-Unis, même si les études ne sont pas complétées, car la loi américaine prévoit qu'en temps de crise pandémique, on peut commercialiser des produits de phase II.
21
Ventes mondiales de vaccins, en milliards de dollars américains, en 2008.
Source : Datamonitor.
suzanne.dansereau@transcontinental.ca
