Après les musiciens, les auteurs et les artistes, voilà qu'un restaurateur de Vancouver applique depuis un mois le principe du " payez-ce-que-vous-croyez-que-ça-vaut " pour le fruit de son travail. Les prix sur son menu ne sont là qu'à titre " indicatif ".
Contrairement aux oeuvres artistiques, qui peuvent être copiées sur le Web, les salades, sandwichs et sushis du Rogue Kitchen & Wetbar ne peuvent pas être dégustés virtuellement. Pourquoi appliquer le même principe ?
Le propriétaire du resto, Eli Gershkovitch, a expliqué au National Post s'être inspiré du groupe musical Radiohead. En 2007, celui-ci a demandé à ses fans de payer ce qu'ils jugeaient raisonnable pour télécharger leur album In Rainbows. " Je devais sortir des sentiers battus " a-t-il dit, après l'échec de son précédent - et traditionnel - restaurant.
Jusqu'à maintenant, il a fait ses frais. S'il perd de l'argent, il cessera l'expérience, qui a été tentée par quelques établissements dans le monde. L'Association des restaurateurs du Québec n'en recense aucun ici.
Il est à se demander si le concept est viable financièrement. " Le client à qui on offre quelque chose se sentira toujours coupable et il va payer ", estime Michel G. Langlois, professeur au Département de marketing de l'UQAM et spécialiste de l'expérience client en hôtellerie et en restauration. Est-ce que cela sera le juste prix ? Là est la question. " Plus l'expérience émotionnelle offerte sera positive, plus le client paiera, parfois même plus que la valeur réelle du produit. À l'inverse, la facture est toujours trop salée quand on est insatisfait. "
Voilà le défi qu'Eli Gershkovitch et ceux désireux de l'imiter doivent relever : il faudra que l'expérience qu'ils offrent n'ait pas de prix.
martine.turenne@transcontinental.ca