Un excès d'enthousiasme à l'égard du titre d'Alimentation Couche-Tard ?

Publié le 19/05/2012 à 00:00

Un excès d'enthousiasme à l'égard du titre d'Alimentation Couche-Tard ?

Publié le 19/05/2012 à 00:00

L'histoire financière tend à démontrer qu'un acquéreur accepte de payer plus que le juste prix pour mettre la main sur des actifs convoités, provoquant ainsi une baisse de son cours boursier. L'annonce de l'acquisition de Statoil Fuel & Retail par Alimentation Couche-Tard a eu la particularité de transgresser cette règle empirique. Avec une envolée de plus de 25 % au cours du dernier mois, cette poussée pourrait être trop forte.

De bons actifs à petit prix

Au règlement de la transaction, Couche-Tard entrera non seulement dans le marché scandinave, mais accédera également au marché en forte croissance de l'Europe centrale et orientale. L'accroissement du niveau de vie en Pologne, en Lettonie et en Lituanie justifie l'ouverture de nouvelles stations-service. Nul ne sera étonné d'apprendre que la quasi-totalité des nouveaux points de service ouverts par Statoil en 2011 était dans ces pays, même s'ils ne constituent que 10 % des profits de l'entreprise norvégienne. Jusqu'à maintenant, Couche-Tard a oeuvré au sein de marchés matures, à croissance plus faible, dont les gains provenaient d'acquisitions et d'un bon contrôle des coûts. En payant moins de 6 fois les bénéfices normalisés avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA), notre fleuron québécois accède pour la première fois à un segment de forte croissance tant convoité dans un secteur jugé mature.

Pourquoi vendre ?

Le contexte dans lequel Statoil Fuel & Retail évolue devient le facteur majeur pour comprendre la transaction. Actuellement, la société mère Statoil ASA, qui exerce un contrôle majoritaire, est active dans l'exploration et le développement de plateformes énergétiques. Ses activités primaires, qui représentent 90 % de son chiffre d'affaires, génèrent de très fortes marges de profit. Ainsi, posséder des stations d'essence devenait une distraction pour des dirigeants dont l'expertise demeure bien loin de la vente au détail. Il ne faut donc pas se montrer surpris des termes plutôt avantageux sur lesquels les deux parties se sont entendues. Couche-Tard débarrasse Statoil d'un élément de distraction majeur, alors que cette dernière pourra rediriger le produit de la vente vers ses activités traditionnelles.

Qu'est-ce qui cloche ?

Avant l'acquisition, nos prévisions de bénéfice par action pour Couche-Tard se situaient à 2,41 $. L'acquisition pourrait augmenter le bénéfice d'environ 0,82 $ à la fin de l'exercice, prévue en avril 2013. Moyennant une évaluation de 14 fois les profits futurs, nous croyons que le titre pourrait se situer à 45 $ d'ici un an, alors que le titre se négocie légèrement en dessous de 43 $. La transaction n'a toujours pas été finalisée, et le prix d'acquisition a été maintes fois décrié comme étant trop faible. Les risques que Couche-Tard soit contrainte à mettre plus d'argent sur la table sont bien réels. Le titre, que nous avions qualifié en début d'année de champion de création de richesse, demeure solide, mais comporte un bémol : un cours trop élevé par rapport à la croissance anticipée.

Évaluation de la société selon les cotes Medici

Rentabilité bon

Croissance bon

Évaluation moyen

Sécurité Excellent

Global bon

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