Un coup de pouce pour les régions

Publié le 28/02/2009 à 00:00

Un coup de pouce pour les régions

Publié le 28/02/2009 à 00:00

Légiférer sur la récupération des 6,4 millions de tonnes de biomasse forestière disponibles annuellement pourrait donner une nouvelle vigueur à l'industrie forestière et créer beaucoup de richesse, principalement en région.

En effet, comme le transport représente plus de 50 % des frais d'approvisionnement en biomasse, on considère généralement que, pour être rentable, la ressource doit être utilisée ou transformée à moins de 100 kilomètres de son lieu d'origine. Comme les utilisateurs doivent s'établir à proximité de la ressource, et qu'elle est située loin des grands centres, tous les projets visant la mise en valeur de la biomasse risquent de donner un énorme coup de pouce au développement régional.

Le 24 septembre 2008, le gouvernement du Québec créait à la fois espoir et inquiétude en promulgant le décret 916-2008, qui annonçait qu'Hydro-Québec allait procéder sous peu à un appel d'offres visant à produire une puissance de 125 MW par cogénération à la biomasse. Après un délai supplémentaire accordé au début de l'année, c'est d'ici le 15 avril 2009 que cet appel d'offres devra être lancé par la société d'État. D'ici là, le MRNF va présenter son plan d'attribution de la ressource, un événement fort attendu.

"C'est une formidable occasion d'affaires qui permet d'amortir les coûts d'exploitation déjà engagés, explique Jocelyn Lessard, directeur général de la Fédération québécoise des coopératives forestières (FQCF). Mais si on procède comme pour le dossier de l'énergie éolienne, ce sont les grandes industries qui vont accaparer toute la ressource."

En marge des projets de cogénération, les membres de la FQCF travaillent déjà à plusieurs projets d'approvisionnement de chaufferies institutionnelles. "La conversion de systèmes de chauffage au mazout ou au gaz vers des systèmes utilisant la biomasse représente un bon marché pour nos membres, et il faut des incitatifs pour l'encourager, parce que ça représente une superbe possibilité d'investir dans des infrastructures et de créer de la richesse ici, chez nous."

Selon Pierre Vézina, directeur, énergie et environnement, du Conseil de l'industrie forestière du Québec (CIQF), "le règlement de la cogénération du MRNF peut améliorer le rendement des usines de papier, en abaissant le coût de l'énergie et de la production de vapeur. De plus, cela permet de réduire les gaz à effet de serre, et crée une source de revenu, en produisant de l'électricité et en la vendant à Hydro-Québec Distribution."

Mais certains acteurs déjà actifs dans le domaine de la cogénération à la biomasse sont inquiets. "Le plus gros enjeu, explique Patricia Lemaire, directrice des affaires publiques et des communications de Boralex, c'est l'approvisionnement en bois. Il y a 5 ou 7 ans, on se faisait donner la ressource. Maintenant, il faut payer pour avoir de la biomasse. Un nouvel appel d'offres va nuire à notre marché."

Selon Pierre Vézina, "c'est certain que la compétition entre les utilisateurs créera une pression à la hausse sur les prix. C'est intéressant pour ceux qui veulent récolter la ressource, mais l'autre côté de la médaille, c'est que ça inquiète ceux qui utilisent déjà de la biomasse et qui pourraient voir leur contrat d'approvisionnement augmenter."

Quoi qu'il en soit, plusieurs entreprises sont déjà prêtes à faire face à presque tous les scénarios. C'est le cas de Cyclofor, selon son président, Alain Brodeur. "Nous sommes en mesure de récupérer ou de recycler tout ce qui est fibre de bois. On parle de rebuts de construction, de palettes, etc. Et grâce au véhicule RC3 que nous avons créé, nous avons développé une très bonne expertise pour aller chercher les résidus forestiers."

Acteur important dans le domaine, Cyclofor espère récupérer 1,4 million de tonnes de matériaux dans la région de La Sarre, en Abitibi. "Nous avons un centre de tri et de transformation, autour duquel nous allons avoir des entreprises assurant les deuxième et troisième transformations. Ainsi, avant de transporter la matière sur de plus grandes distances, on veut lui donner une valeur ajoutée."

Les résidus ultimes du bois, ayant une moins grande valeur pour les autres transformations, serviront à la cogénération ou au chauffage. Le projet de grappe industrielle de Cyclofor, construit autour de la biomasse forestière, pourrait devenir un modèle intéressant pour les autres régions du Québec.

dossiers@transcontinental.ca

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