Strateco veut convaincre les Cris d'accepter son projet de mine d'uranium

Publié le 21/04/2012 à 00:00

Strateco veut convaincre les Cris d'accepter son projet de mine d'uranium

Publié le 21/04/2012 à 00:00

S'il est un projet minier au Québec qui suscite la controverse, c'est celui de Matoush mené par Strateco. L'entreprise veut construire une mine d'uranium à 200 kilomètres de la communauté crie de Mistissini, sur un territoire où des maîtres de trappe ont des droits.

En 2010, le Conseil de bande de Mistissini et le Grand Conseil des Cris ont réclamé un moratoire sur le projet, disant qu'ils manquaient d'informations. Quelque deux ans plus tard, les choses se présentent mieux pour Strateco, qui a déjà dépensé plus de 100 M $ sans avoir encore obtenu l'autorisation gouvernementale nécessaire pour faire de l'exploration souterraine.

Une entente de quatre ans

En décembre, la minière a conclu une entente «d'information et de communication» avec le Conseil de bande de Mistissini. Cette entente crée un comité de six personnes, trois nommées par Strateco et trois, par les Cris. Elle durera quatre ans, à peu près le temps que durera l'exploration souterraine menant à la faisabilité du projet, si le Tribunal de la Commission de la sûreté nucléaire approuve cette étape, au terme d'audiences publiques qui auront lieu en juin.

L'entente permettra au Conseil et à la population de Mistissini de mieux suivre l'évolution du dossier et d'avoir leur mot à dire. Elle prévoit l'embauche d'un agent de liaison et d'un directeur des relations avec la communauté. Strateco devra aussi installer un bureau local dans un endroit visible à Mistissini et accepter la nomination d'un expert indépendant pour rédiger une étude sur l'écoulement des eaux de surface et souterraines autour du projet, qui sont la plus grande préoccupation des Cris.

Ce genre d'entente aurait dû intervenir plus tôt, concède Guy Hébert, président de Strateco, en entrevue à Les Affaires. M. Hébert signale que le grand chef du Grand Conseil des Cris, Matthew Coon Come, a joué un rôle important dans la négociation de l'entente.

Ainsi, le chef du Conseil de bande, Richard Scecapio, doit se rendre en Saskatchewan pour visiter le projet d'uranium de Rabbit Lake, comme l'ont fait les leaders blancs de la région de la Baie-James voilà plusieurs mois. Le voyage était prévu pour le 15 avril, aux dernières nouvelles, il a été reporté à la demande de M. Scecapio.

Des contrats de 20 M $

Strateco a par ailleurs octroyé plus de 20 M $ de contrats à des entités cries dans le cadre de son projet. Un des contrats - de l'ordre de 14 M $ - a été donné à une coentreprise à laquelle est associée la famille Coonishish, qui possède un lot de trappe touché par le projet minier. Elle visait entre autres la construction d'une piste d'atterrissage au coût de 10 M $.

Le second contrat en importance, s'élevant à 2,4 M $, a été accordé à Coonishish Petroleum. Un troisième, de 700 000 $, l'a été à Coonishish Contracting. Strateco a aussi donné un contrat de près de 300 000 $ au Cree Mineral Exploration Board, établi à Mistissini.

«Les Cris sont nos partenaires de choix», plaide M. Hébert, qui espère que l'octroi de contrats pèsera sur le choix que feront les Cris. De plus, Strateco s'engage à embaucher des Cris dans le cadre de son exploration souterraine, et ce à hauteur de 15 % des embauches.

Une question très politique

La décision finale d'approuver ou de rejeter Matoush sera importante, car même si les Cris ne peuvent pas juridiquement bloquer le projet - la loi exige seulement de les consulter -, leur appui est extrêmement souhaitable du point de vue politique.

Un des appuis déterminants devra venir du Grand Conseil des Cris. À cet égard, le grand chef Matthew Coon Come est dans une position délicate : une partie du complexe minier qui serait construit, dont un campement de 90 personnes déjà bâti, est située sur le lot de trappe de son père, Alfred Coon Come.

«Je ne me suis pas penché sur cette question», a indiqué M. Coon Come à Les Affaires. «Si je suis en conflit d'intérêts, je le signalerai en temps et lieu», a-t-il ajouté.

Habituellement, les ententes sur les bénéfices et les impacts que les minières signent avec les communautés autochtones touchées par un projet prévoient des indemnités aux maîtres de trappe, en plus de leur donner la priorité pour des contrats et des emplois.

LE PROJET DE MINE D'URANIUM DE STRATECO

100 M$ d'investissements depuis 2007

Une vingtaine d'études environnementales

260 000 mètres de surface forée

Un campement pour 90 travailleurs

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