Stella-Jones, acquéreur en série

Publié le 19/10/2013 à 00:00, mis à jour le 17/10/2013 à 09:24

Stella-Jones, acquéreur en série

Publié le 19/10/2013 à 00:00, mis à jour le 17/10/2013 à 09:24

Le fabricant de traverses et de poteaux Stella-Jones poursuit son expansion aux États-Unis. Cette fois, l'entreprise québécoise s'apprête à mettre la main sur Pacific Wood Preserving Companies. Il s'agit d'une transaction modeste, mais dont le rendement de l'investissement pourrait s'avérer très élevé.

La convention définitive, signée le 8 octobre, prévoit un prix d'achat de 57 millions de dollars américains. Si tout se passe comme prévu, la transaction devrait être finalisée au début de novembre. Toutefois, lorsque l'on compare la valeur actuelle de Stella-Jones - des ventes d'environ 490 M$ CA pour les six premiers mois de 2013 - et celle de l'américaine - chiffre d'affaires de 52,4 M$ US en 2012 -, l'intérêt d'une telle acquisition est surprenant.

Mais ce n'est pas la valeur des actifs de Pacific Wood Preserving Companies qui intéresse la montréalaise, loin de là. Avec cet achat, non seulement Stella-Jones continue d'étendre son empire vers l'ouest et le sud-ouest des États-Unis, mais elle augmente aussi sa capacité de production.

«Du point de vue des actifs, ce n'est pas majeur, confirme Éric Vachon, chef de la direction financière chez Stella-Jones. Mais nous voulons être en mesure d'anticiper la demande.» Et si l'on en croit M. Vachon, la croissance durant quelques années est assurée : «Selon certaines indications de nos clients, ils veulent bonifier leurs programmes de maintenance au cours des prochaines années.»

Ces clients sont souvent des entreprises de services publics qui oeuvrent notamment dans la distribution d'électricité et dans les réseaux de chemins de fer. Les deux secteurs où Stella-Jones effectue, et de loin, la plus grande part de ses ventes. Au deuxième trimestre de 2013, 44 % du produit des ventes provenait des traverses de chemin de fer, tandis que 35 % provenait du secteur des poteaux destinés aux sociétés de services publics.

Autre argument de taille, «selon nos analystes, plusieurs réseaux électriques devront être rehaussés», révèle Éric Vachon. Par exemple, l'ontarienne Hydro One a annoncé cet été qu'elle devra remplacer des centaines de milliers de poteaux. Et ce n'est là qu'un seul contrat potentiel.

Stella-Jones continue également de prendre du poids dans l'ouest de l'Amérique du Nord. Elle se rapproche ainsi des essences, notamment le pin jaune, dont elle utilise le bois pour fabriquer ses produits. L'entreprise montréalaise avait déjà consolidé sa position dans cette région avec l'achat, récent, de McFarland Cascade, située dans l'État de Washington. Avec Pacific Wood, elle gagne trois usines, au Nevada, en Oregon et en Arizona, en plus d'une cour à bois, située au Texas.

Croître par acquisition

L'acquisition d'entreprises est presque devenue un rituel annuel pour Stella-Jones. L'achat de Pacific Wood représenterait un douzième achat en autant d'années. Et lorsque l'on observe ses résultats, cette stratégie semble lui réussir.

Bien sûr, plus l'entreprise croît, plus son pouvoir de négociation augmente, et plus le prix des ressources diminue. De plus, ses nombreuses acquisitions lui permettent de se rapprocher de ses clients et de diminuer ainsi les coûts liés au transport des marchandises. Mais au fil des ans, la montréalaise a su se montrer humble et apprendre de ses acquisitions en série.

«Nous analysons les résultats de nos usines tous les mois, affirme M. Vachon. C'est un levier important. Si l'usine située en Virginie fait mieux que les autres, on va aller la visiter, pour comprendre les raisons [de cette performance].»

Le défi, c'est «l'aspect culturel, explique M. Vachon. Les gens ont des perceptions du travail différentes, mais Brian McManus [le président] est souvent sur place pour rencontrer les employés. Malgré les différences, on forme un groupe.»

Stella-Jones prévoit-elle étendre ses activités ailleurs qu'aux États-Unis ou au Canada? «On ne s'implique pas quand on ne connaît pas... On fait ce qu'on sait faire», dit Éric Vachon. Et visiblement, l'acheteur en série connaît son sujet.

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