Revoir l'offre des protections exige du doigté

Publié le 24/01/2009 à 00:00

Revoir l'offre des protections exige du doigté

Publié le 24/01/2009 à 00:00

Par Pierre Picard

Dans les régimes d'assurance collective, il y a des protections intouchables, comme l'assurance médicaments, les services ambulanciers, infirmiers à domicile, et professionnels (psychologue, physiothérapeute), dit Jacques Hébert, vice-président, chez Aon Conseil.

Mais il y en a d'autres sur lesquels les employeurs peuvent exercer un certain contrôle, histoire de mieux maîtriser les coûts. On parle du volet des services sélectifs, soit les soins de la vue et les soins paramédicaux, comme la massothérapie et la naturopathie. "Il est possible de réduire leur couverture ou de les éliminer pour offrir à la place des comptes de soins de santé, par exemple, une enveloppe totale de 500 $ ou 1 000 $ par année par employé pour l'ensemble de ces services", explique M. Hébert. Sans trop pénaliser les salariés, cette façon de faire permet de contenir les coûts et de prévenir les abus.

Revisiter les concepts

Pierre Piché, conseiller en assurance collective chez ASQ Consultant, mentionne pour sa part qu'il ne s'agit pas de réduire la qualité des protections, mais d'en modifier la conception. Et c'est possible d'y arriver sans que les employés soient perdants.

Par exemple, un employeur peut réduire de 26 à 17 semaines la période de prestations en assurance salaire de courte durée, rendre celles-ci non imposables et modifier la couverture (66,67 % du salaire au lieu de 75 %). Ainsi, une personne gagnant un salaire de 1 000 $ par semaine recevrait une prestation hebdomadaire non imposable de 666 $ au lieu d'une prestation nette d'environ 600 $ (75 % de 1 000 $ = 750 $ moins les impôts).

"Toutes les protections ont leur utilité, soutient-il. Toutefois, il faut revoir au moins une fois par année la pertinence de chacune." Cela peut être l'occasion d'apporter des changements à son régime.

Cela dit, les employeurs font généralement très peu de coupes dans les régimes d'assurance collective, constate Jean-Jacques Paradis, vice-président, développement et mise en marché, assurance de groupe et d'entreprise chez Desjardins Sécurité financière. Et c'est tant mieux... pour eux !

"Si un employeur réduit la valeur de son régime, cela aura des conséquences immédiates sur son personnel, prévient-il. Il faut que sa rémunération globale soit comparable à celle de la concurrence. Je ne crois pas aux coupes faites à l'aveuglette."

"Si les entreprises enlèvent des protections appréciées des employés, cela peut avoir un effet négatif à long terme et créer beaucoup de mécontentement", confirme Carl Laflamme, vice-président, ventes et marketing, assurance collective, chez SSQ Groupe financier.

Des régimes modulaires

La mode est à la mise en place de régimes d'assurance collective sur mesure, les régimes modulaires. Ces derniers peuvent prendre différentes formes, mais on retrouve surtout des régimes selon lesquels les employeurs offrent des garanties de base (par exemple, l'assurance soins médicaux et dentaires), auxquelles s'ajoutent diverses options, aux frais des employés celles-là.

Autre variante : l'employeur défraie les protections pour ses employés, alors que celles pour leurs personnes à charge sont aux frais des employés eux-mêmes.

Il y a aussi des régimes dits "cafétéria" dans lesquels l'employé choisit les protections qu'il veut en fonction d'un partage des coûts avec son employeur.

Cependant, toutes ces formules ne sont pas à la portée de toutes les bourses. "Les régimes modulaires sont surtout offerts par les grandes entreprises parce qu'ils sont plus complexes à mettre en place et exigeants à administrer", précise M. Paradis.

Jacques Parent, vice-président principal, assurance collective, de l'Industrielle Alliance, rappelle que les employés accordent généralement beaucoup de valeur à leur régime d'assurance collective. "Il ne faut pas couper sans discrimination, mais plutôt en arriver à un partage des coûts plus équitable entre employeurs et participants", dit-il.

"Les employés sont prêts à payer plus pour conserver les mêmes protections", résume M. Laflamme, de SSQ.

dossiers@transcontinental.ca

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