Après avoir pesé les arguments pour et contre, Denis Poirier, vice-président exécutif et chef de la direction financière de Spectra Premium, a choisi de prendre le virage des PCGR.

" On fournit déjà beaucoup de renseignements à nos actionnaires et à la banque dans nos rapports mensuels. Leurs besoins d'information sont comblés ", dit-il.

L'entreprise, qui a été privatisée en 2007, n'a pas l'intention de redevenir publique prochainement. Elle a donc opté pour les PCGR, qui répondent bien à sa réalité d'affaires et sont moins complexes à gérer que les normes internationales d'information financière (IFRS). Fondée en 1989, Spectra Premium conçoit, fabrique et distribue des pièces automobiles. L'entreprise de Boucherville emploie 1 200 personnes et génère un chiffre d'affaires de 300 millions de dollars au Canada et aux États-Unis.

Le premier exercice financier de Spectra réalisé selon les nouvelles normes débutera le 1er février 2011. L'entreprise devra également convertir les états financiers de l'année précédente pour avoir des comparables. " Nous avons déjà accompli 90 % du travail. Nous nous y sommes pris à l'avance. C'est cela le secret ", affirme M. Poirier.

Au printemps 2010, le dirigeant a consulté son conseiller chez KPMG pour préparer la transition vers les nouvelles normes. Il a aussitôt formé un comité de trois personnes à l'interne, composé des responsables des finances et de l'administration ainsi que du contrôleur. Le groupe a suivi des formations pour se préparer. Il a étudié la documentation, évalué les opérations, révisé les différents postes du bilan et évalué les répercussions des nouvelles normes.

Connaître la valeur de ses immobilisations

Le changement des normes comptables pourrait avoir des conséquences importantes sur les investissements en immobilisations de Spectra, qui totalisent plusieurs millions de dollars. Faut-il réévaluer les immobilisations et inscrire au bilan leur valeur marchande ou bien les maintenir à la valeur amortie ?

Le comptable agréé a commandé un rapport d'évaluation auprès d'un expert afin de confirmer la valeur des immobilisations. " Cette évaluation pourrait nous aider si on a besoin de financement et, en cas de sinistre, pour vérifier si nos assurances nous accordent une couverture suffisante ", indique M. Poirier.

En attendant le rapport, ce dernier a déjà sa petite idée sur la plus-value. " D'un côté, cela augmentera mes capitaux propres. En contrepartie, la dépense d'amortissement sera beaucoup plus importante annuellement. "

M. Poirier rencontrera prochainement son conseiller financier et ses banquiers afin de les informer de l'incidence des nouvelles normes. Il tiendra également une réunion avec les actionnaires de Spectra Premium - le Fonds de solidarité FTQ, Desjardins Capital de risque et le Groupe Camada - afin de leur présenter sa recommandation à propos de la comptabilité des immobilisations.

Attention aux ajustements après coup

La transition vers les nouvelles normes n'est pas à prendre à la légère, car elle peut avoir d'importantes conséquences.

" Devoir effectuer des ajustements importants s'avère néfaste pour notre crédibilité, dit M. Poirier. Cela donne une très mauvaise impression du département de comptabilité à nos partenaires. Les actionnaires et les banques s'attendent à ce que les résultats soient fiables et préparés en conformité avec les principes comptables. "

DES CONSEILS D'EXPERTS

Pour certaines entreprises, les nouvelles normes auront peu d'effets. Mais, pour le savoir, il faut passer au crible toutes les normes et tenir compte des choix disponibles pour en évaluer les conséquences. " Une société qui ne le ferait qu'à moitié risquerait gros ", souligne Yanick Brissette, associé, vérification, du cabinet KPMG Entreprise.

" Une entreprise qui constate, trois ans trop tard, avoir laissé des dollars d'actifs latents qui auraient pu améliorer son bilan si elle avait choisi de réévaluer ses immobilisations devra vivre avec les conséquences. La réévaluation s'effectue uniquement à la date de transition. On ne peut pas se reprendre plus tard. C'est une décision cruciale ", explique l'expert.

Il y a des avantages et des inconvénients à réévaluer ses immobilisations. " Si on réévalue les immobilisations amortissables aujourd'hui, et que les équipements ont pris de la valeur, l'entreprise augmente ses actifs au bilan. Cela embellira sa situation financière, notamment le ratio d'endettement. En contrepartie, il y aura accroissement de la charge d'amortissement, ce qui risque de réduire les bénéfices dans le futur. "

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