Prendre plus de risque, un mal nécessaire

Publié le 22/09/2012 à 00:00, mis à jour le 23/09/2012 à 22:27

Prendre plus de risque, un mal nécessaire

Publié le 22/09/2012 à 00:00, mis à jour le 23/09/2012 à 22:27

Tous les planificateurs financiers vous le diront. La nervosité de leur clientèle préretraitée et retraitée est à son comble.

« Ils sont plus stressés qu'à l'habitude, reconnaît Nathalie Bachand, actuaire et coauteure du livre Tomber à la retraite. Je ne dirais pas qu'ils tombent des nues. Mais disons que les gens ont besoin de conseils. Et la tentation est grande pour eux de retirer leurs billes, comme plusieurs l'ont fait à tort en 2008. »

Dans le contexte actuel des marchés financiers, où la quasi-totalité des outils de placement offre des rendements endémiques, la réaction des épargnants est compréhensible. Si plusieurs se plaignent de voir leurs épargnes stagner, d'autres doivent vivre avec la diminution de leur capital retraite.

Une situation qui dure depuis un moment déjà. Et qui pourrait se prolonger. Car n'en déplaise à tous ceux qui l'espèrent toujours, rares sont les conseillers financiers qui croient au retour - prochain ou même lointain - des niveaux de croissance annuelle de plus 10%.

« Cette époque des rendements faciles est terminée. On ne reverra pas de sitôt des taux d'intérêt de 18% sur des placements garantis qu'on voyait dans les années 1970 et 1980 », dit Mario Grégoire, conseiller en sécurité financière et président de Question de Finance.

Pas de gains sans risque

Dans un tel contexte, des planificateurs financiers hésitent de moins en moins à vanter auprès de leurs clients les plus réfractaires les bienfaits d'une certaine tolérance au risque, en particulier pendant les périodes d'accumulation du capital.

« En matière d'argent, les Québécois ont toujours été plutôt frileux, préférant les portefeuilles conservateurs à ceux de croissance, dit Hélène Gagné, gestionnaire de portefeuille, associé de PWL Capital et auteure du livre Votre retraite crie au secours. Mais s'ils espèrent atteindre leurs objectifs de retraite, ils se trouvent forcés d'accepter un certain niveau de risque. »

Cette dernière estime que les conseillers ne doivent pas hésiter à prendre une position de leader face à leurs clients et à les sensibiliser à l'importance d'accepter un certain niveau de risque. « Les placements sûrs vous permettent peut-être de dormir tranquille aujourd'hui, dit-elle. Mais leurs rendements sont si faibles que vous vous assurez de bien mal dormir à la retraite. »

Mme Gagné recommande les fonds négociés en Bourse, dont les frais de gestion sont minimes, pour obtenir un rendement supérieur aux produits garantis tout en limitant le risque.

Trop défensif

Sylvain De Champlain, président de De Champlain Groupe financier, affirme que, sans céder à la panique, la plupart des épargnants auraient avantage à jeter du lest à leur besoin de sécurité financière. Pour appuyer son propos, ce dernier calcule que 300000$ investis sagement dans des CPG à 2% d'intérêt produira à la retraite un revenu de 6000$ par année, ou 500$ par mois. En comparaison, un portefeuille équivalent, investi dans un outil de placement offrant un rendement moyen de 5% (comme un fonds d'action équilibré), produirait à la retraite un revenu annuel de 15000$, ou 1250$ par mois.

« Il faut toujours respecter la volonté de nos clients, précise M. De Champlain. Mais si un épargnant se contente de placements sûrs, il aura certainement des difficultés à la retraite. Il y a de grands risques... à refuser le risque. »

Ce dernier compare un tel comportement à une équipe de hockey qui se contenterait de ne faire jouer que des défenseurs. « Si ton portefeuille ne comporte aucun attaquant (actions, etc.), tu es presque assuré de perdre. »

M. De Champlain aime particulièrement deux produits : le Fonds Rendement Stratégique de Dynamique et le Fonds Fidelity Revenu Mensuel. Ces deux fonds équilibrés ont la particularité de voir leur composition revue régulièrement en fonction des comportements des marchés.

Des solutions de rechange au risque

À défaut d'accepter d'investir dans des titres de croissance, les épargnants risquent de survivre à leurs épargnes ou encore de travailler une fois à la retraite, dit Gino Savard, président de Mica services financiers.

Travailler, voilà justement la décision que prennent de plus en plus de retraités en prolongeant leur vie active, ce qui leur permet d'accroître leur capital tout en remettant à plus tard l'étape de décaissement.

« L'importance de l'âge de la retraite sur le niveau d'épargne d'un travailleur est un facteur capital », dit Martin Dupras, président de ConFor financiers. Selon lui, pour quitter à 55 ans, un travailleur de 25 ans devra épargner 24% de ses émoluments tout au long de sa vie active, comparativement à 14,7% s'il quitte à 60 ans et à seulement 7% s'il reporte la retraite à 65 ans.

Dany Provost, auteur du livre Arrêtez de planifier votre retraite, planifiez votre plaisir, estime pour sa part que, plutôt que de tenter de récupérer leur argent perdu, plusieurs épargnants auraient avantage à ajuster à la baisse leurs objectifs de revenu de retraite.

La différence, résultat du placement d'un capital de retraite de 700000$ (17714$/année) et 800000$ (20245$) écoulé sur une période de 30 ans, n'est que de 2742$ par année ou 49$ par semaine. « Est-ce qu'une telle différence justifie la prise d'un risque accru ou le report de la retraite de nombreuses années ? Personnellement, dit-il, j'en doute. »

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