Pour une fois, c'est de ce côté-ci que l'herbe est plus verte

Publié le 17/10/2009 à 00:00

Pour une fois, c'est de ce côté-ci que l'herbe est plus verte

Publié le 17/10/2009 à 00:00

C'est la version 2009 des deux solitudes. Tandis qu'au Canada, l'économie relève la tête, elle est toujours anémique aux États-Unis.

Devrait-on s'en réjouir ? Sûrement pas. Il est toujours préférable de pouvoir compter sur un voisin en bonne santé. Mais au moins, l'épidémie causée par les malheurs américains nous a relativement épargnés. Auparavant, on disait qu'il suffisait que les États-Unis éternuent pour que le Canada s'enrhume. C'est de moins en moins vrai. Les dernières données, éloquentes, montrent des écarts particulièrement frappants dans deux secteurs clés : le marché de l'emploi et l'immobilier.

Le Canada a gagné 31 000 emplois - la plupart à temps plein - en septembre. Le taux de chômage vient de reculer à 8,4 %. C'est la première fois qu'il baisse depuis un an.

Pendant ce temps, l'hécatombe s'est poursuivie aux États-Unis, avec 263 000 pertes d'emploi, bien plus ce que ce qui était prévu. La proportion d'Américains officiellement sans travail s'approche inexorablement des 10 %, mais en réalité, la situation est plus grave, car le taux de chômage ne tient pas compte de toutes les personnes qui doivent se contenter d'un emploi à temps partiel ou qui ont renoncé à chercher un emploi.

Le Québec a connu un mois de septembre moins remarquable que d'autres provinces qui regagnent une partie du terrain perdu. Reste qu'il a été relativement épargné par la récession. Oui, certains milieux ont souffert, dont les manufacturiers exportateurs, mais bon nombre d'entre eux ont pu amortir le choc parce qu'ils avaient déjà commencé à explorer de nouveaux marchés.

Les Américains ont davantage été ébranlés. Main Street a écopé de l'écroulement de l'industrie automobile, et Wall Street peine à se remettre du dérapage de la haute finance. Ces deux problèmes ont provoqué d'innombrables dommages collatéraux.

L'air inquiet de Barack Obama ne trompe pas : quand il prévient ses concitoyens de ne pas compter sur une reprise de l'emploi avant plusieurs mois, il faut le croire. Selon le dernier coup de sonde du Wall Street Journal auprès d'économistes, il faudra attendre jusqu'en 2013 avant d'assister à une reprise du marché du travail.

Les disparités entre le Canada et les États-Unis sont tout aussi vives dans le cas de l'immobilier. En août, 91 000 ménages américains ont perdu leur maison, soit 3 000 par jour. Le mal est en partie venu de cette vilaine habitude qu'ont les Américains de réhypothéquer constamment leur maison pour soutenir leur train de vie. Ce manège peut toujours fonctionner en temps de prospérité. Mais lorsque le vent tourne et que les prix dégringolent... On évalue à 20 % la proportion de maisons qui ne valent même plus le montant de l'hypothèque qui les grève.

En outre, les maisons saisies se retrouvent sur le marché et tirent la valeur marchande des autres propriétés vers le bas. Dans les États les plus touchés - en Floride, en Arizona et au Nevada - la baisse atteint 30 % sur un an !

Et même si la revente prend du mieux parce que les prix sont alléchants, le marché immobilier demeure fragile. Le réputé économiste Nouriel Roubini, de l'Université de New York, craint que les prix ne glissent encore de 10 % avant que le creux soit atteint.

Ici ? Partout au Canada, les maisons existantes ont recommencé à se vendre aussi bien qu'avant la récession. Et ce n'est pas parce qu'elles sont soudainement devenues des aubaines. Dans la région de Montréal, par exemple, le prix médian d'une maison unifamiliale est en hausse de 4 % depuis un an.

Même si les misères de l'industrie automobile ont durement touché l'Ontario, les prix n'ont que légèrement augmenté à Toronto. L'Alberta et la Colombie-Britannique ont elles aussi traversé une période difficile, mais la valeur des propriétés vient de recommencer à y croître. On s'attend à ce que l'année 2010 soit excellente dans l'ensemble du pays, avec une progression moyenne de 5 %.

Quelques inconnues pourraient brouiller le portrait, comme les taux d'intérêt, qui risquent d'augmenter plus tôt que ne le prévoyait la Banque du Canada, et le dollar canadien gonflé aux stéroïdes, qui pourrait compliquer davantage la tâche aux exportateurs. Mais ce sont là des problèmes liés à la croissance d'une économie, tout le contraire de ce qui se vit au sud de la frontière.

Avons-nous été chanceux ? Bénis des dieux ? Ou simplement plus avisés ? En tout cas, profitons-en pendant que ça passe.

rene.vezina@transcontinental.ca

À la une

Un atterrissage en douceur en vue, que fait-on?

EXPERT INVITÉ. Le scénario d'un atterrissage en douceur de l'économie est théoriquement en place.

L’art d’être plus efficace

EXPERT INVITÉ. «J’ai décidé de ne plus subir la technologie et de l’utiliser, sous mes conditions.»

Bourse: le S&P/TSX stimulait par les valeurs des métaux de base

Mis à jour il y a 18 minutes | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. Wall Street ouvre en ordre dispersé, respiration après un nouveau record.