«On crée des problèmes là où il n'y en a pas» - Yves Thomas Dorval, président du Conseil du patronat du Québec

Publié le 21/09/2013 à 00:00, mis à jour le 19/09/2013 à 10:43

«On crée des problèmes là où il n'y en a pas» - Yves Thomas Dorval, président du Conseil du patronat du Québec

Publié le 21/09/2013 à 00:00, mis à jour le 19/09/2013 à 10:43

Comment réagissent vos membres face au projet de charte des valeurs québécoises ?

De façon partagée. Ils ne sont pas tous contre. Mais nos grands employeurs craignent que la charte n'aille à l'encontre de leurs politiques sur la diversité en entreprise. Le patronat est ouvert à la diversité, c'est un atout stratégique. Or, la charte va-t-elle obliger les employeurs à revoir leurs pratiques internes ? Ensuite, on craint que la charte limite notre capacité de recruter les immigrants les plus compétents, qui pourraient préférer aller travailler ailleurs, dans le privé ou dans une autre province, s'ils sont en désaccord avec l'orientation du gouvernement.

Le gouvernement veut aussi donner aux employeurs des lignes directrices sur les accommodements raisonnables. Est-ce une bonne idée ?

Cela peut être utile pour les petits employeurs. Mais de façon générale, cela nous inquiète, car lorsqu'un gouvernement crée un cadre de recours, il augmente le risque de conflits et de poursuites. Cela pourrait rapidement se transformer en casse-tête pour les employeurs.

Est-ce que cette question est importante pour les employeurs ?

Nous avons sondé nos membres ; ils nous disent qu'ils n'ont pas de problème de signes religieux ou d'accommodements raisonnables. Même dans les entreprises qui comprennent 54 nationalités différentes ! Jusqu'à présent, les juifs, les catholiques et les musulmans ont vécu en harmonie au travail au Québec. C'est triste de les pénaliser, alors que la vraie crainte, nous semble-t-il, est le terrorisme islamique. Il y a, à notre avis, une contradiction dans ce que fait le gouvernement : d'une part, il impose une charte dont on n'a pas besoin pour affirmer la sécularité du Québec, mais d'autre part, dans ses critères de sélection des immigrants, il accorde une importance prioritaire à la maîtrise du français, ce qui nous oblige à recruter dans des bassins d'immigration où le port de signes religieux est plus fréquent. Si le gouvernement veut séculariser davantage le Québec, pourquoi ne revoit-il pas ses critères de sélection d'immigrants ? On essaie de corriger un problème qu'on a créé à la source et qui n'existe pas pour les employeurs. Cette charte ne devrait pas être une priorité du gouvernement. Il y a des enjeux plus importants à régler à l'heure actuelle, comme le faible niveau de vie des Québécois, le manque de productivité, la formation, l'éducation... Pourquoi mettre l'accent sur le voile d'une enseignante plutôt que sur ce qu'elle enseigne ?

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