Mandats suspendus chez Genivar, mises à pied chez Orbit Garant

Publié le 20/04/2013 à 00:00

Mandats suspendus chez Genivar, mises à pied chez Orbit Garant

Publié le 20/04/2013 à 00:00

Les fournisseurs miniers de l'Abitibi ont de quoi être inquiets. Au siège social de Forage Orbit Garant, à Val-d'Or, la direction a mis à pied 240 employés dans la dernière année. Chez Genivar, on arrive à la fin du carnet de commandes et les mandats de faisabilité sont suspendus. L'incertitude qui frappe actuellement le secteur ne fait pas mal qu'aux minières.

Toutes les études de faisabilité que Genivar a eu le mandat de réaliser pour les minières sont en veilleuse, faute de précisions sur le futur régime minier, relate Léandre Gervais, vice-président, mines de la firme d'ingénierie, rencontré à son bureau de Val-d'Or. Et ce, pas seulement en Abitibi, mais ailleurs au Québec, notamment pour ce qui est des grands projets de fer dans la Fosse du Labrador.

«Nous n'attendons pas seulement le prochain régime des redevances, précise M. Gervais, mais aussi la nouvelle Loi sur les mines, notamment en ce qui a trait aux questions environnementales. Et de nouvelles directives au sujet du financement des infrastructures dans le Nord. Car, sans ces données, nous ne pouvons pas répondre à la moitié des questions d'une étude de faisabilité», dit-il. L'incertitude, selon lui, pourrait donc se poursuivre jusqu'à l'automne.

Les clients sont dans une impasse, affirme-t-il. Tout ce qu'ils peuvent faire, c'est leurs travaux en vue de l'obtention de permis.

Le bureau de Genivar à Val-d'Or manquera bientôt d'ouvrage, croit M. Gervais. Mais ce dernier ne prévoit pas de mises à pied, car il a son plan : plutôt que d'offrir des services d'étude pour les futurs projets, il se tournera vers l'optimisation des exploitations minières. Genivar envisage aussi d'envoyer ses employés faire des mandats à l'ouest du Québec. «Mais une fois qu'ils ont eu le double du salaire, ils ne reviennent pas au Québec», déplore M. Gervais.

Déclin plus léger en Ontario

Chez Forage Orbit Garant, le vice-président et chef de la direction financière, Alain Laplante, soutient que la moitié de ses foreuses ne roulent pas au Québec.

Il calcule qu'en raison de la pénurie de financement dans le secteur minier, son chiffre d'affaires dans la province a baissé de 35 % par rapport à une diminution de 10 % en Ontario au cours de la dernière année. «Nous réalisons 90 % de nos revenus au Canada, dont la moitié au Québec. Mais l'importance du Québec a diminué : à la fin de 2012, la province totalisait 32 % de notre chiffre d'affaires, tandis que c'était 45 % à la fin de 2011», indique-t-il.

Si la tendance se poursuit, Forage Orbit Garant - une entreprise cotée en Bourse, dont le siège social et les entrepôts sont au Québec - devra revoir sa localisation. «Notre stratégie est d'opérer dans un rayon de six heures de route de notre centre. Si le centre se déplace, il faudra penser à se déplacer. Ce n'est pas ce que je souhaite. Je suis du Québec, et je voudrais y rester. Mais on doit suivre nos clients. S'ils n'arrivent pas à se financer ici, on va aller où ils pourront le faire.»

M. Laplante est convaincu que l'activité minière reprendra. «Mais je ne suis plus sûr que ce sera au Québec», dit-il. En plus d'envoyer une partie de ses foreuses en Ontario et au Nunavit, Forage Orbit en envoie à l'extérieur du Canada, notamment au Nevada, au Mexique et en Afrique de l'Ouest.

La société est active dans le secteur minier depuis 25 ans. «On en a vu, des cycles baissiers, relate M. Laplante. Mais celui-ci est particulier.»

Il trouve le gouvernement Marois «particulier» : «Avant, les investisseurs avaient peur du Parti québécois, parce qu'il était séparatiste. Mais comme il était pro-mine, on pouvait faire des blagues à ce sujet. Aujourd'hui, plus personne ne rit».

La filière au complet

La particularité de l'Abitibi est que cette région offre «la filière complète» dans le secteur minier, dit Léandre Gervais. «On y donne de la formation au secondaire, au collégial et à l'université, où il se fait aussi de la recherche de portée mondiale, explique-t-il. On y fait de l'exploration et de l'exploitation. On a les fournisseurs de biens et de services, et on a le manufacturier. Tu touches à un des maillons et c'est toute la chaîne qui en souffre, prévient-il. L'Abitibi sans les mines, c'est comme la Gaspésie sans les poissons.» La région pourrait, selon lui, se vider ou s'appauvrir si le secteur était frappé durement.

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