«Les premiers à blâmer sont les responsables du financement des partis politiques» - André Larocque, de l'École nationale d'administration publique

Publié le 27/10/2012 à 00:00

«Les premiers à blâmer sont les responsables du financement des partis politiques» - André Larocque, de l'École nationale d'administration publique

Publié le 27/10/2012 à 00:00

En 1976, vous avez rédigé la Loi régissant le financement des partis politiques sous le gouvernement Lévesque dans le but de lutter contre les caisses occultes. Quelle conclusion tirez-vous aujourd'hui, à la lumière des révélations faites dans le cadre de la commission Charbonneau ?

Cette loi est impunément contournée. Cela fait au moins 10 ans qu'on le sait. Je ne comprends pas que Pauline Marois s'en dise «étonnée». Son propre parti a été trouvé coupable d'infraction en 2006 par le juge Moisan [il a dévoilé que la responsable du financement au PQ, Ginette Boivin, avait recueilli 96 000 $ en contributions illégales de l'agence Groupe Action]. Les premiers à blâmer dans ce système de prête-noms, ce ne sont pas les méchantes entreprises de génie-conseil ou de construction, mais les agents de financement des partis politiques qui leur montrent comment contourner la loi qu'ils sont censés faire respecter. Les entreprises ne pourraient pas donner de l'argent illégal au parti si ce dernier refusait de jouer le jeu.

Que pensez-vous de l'idée de réduire les contributions à 100 $ et d'instaurer un financement par l'État ?

Ça ne règle pas le problème. Cela augmente seulement la consommation d'enveloppes brunes ! Et en faisant intervenir l'État, on délaisse le principe essentiel du financement populaire. On évacue le citoyen du financement des partis, et on s'en remet à l'État. Cela équivaut un peu à remettre les clés du coffre-fort au cambrioleur.

Quelle solution prônez-vous ?

Il faut plafonner les dépenses électorales et en confier la gestion au directeur général des élections (DGE). À l'heure actuelle, les partis politiques dépensent beaucoup trop d'argent pour se faire élire. A-t-on vraiment besoin de 40 millions de dollars pour faire une campagne électorale ? Le budget des campagnes devrait être donné au DGE, qui pourrait le dépenser plus modestement et le distribuer de façon plus équitable entre les partis. Le DGE devrait aussi publier plus rapidement le nom des donateurs. En Ontario, la loi l'oblige à le faire en cinq jours, alors qu'ici, il faut attendre plus d'un an après les élections pour savoir qui a donné combien.

CV

Nom : André Larocque

Titre : Professeur associé à l'École nationale d'administration publique

Âge : 76 ans

Sous-ministre au gouvernement de René Lévesque de 1976 à 1985, il a été affecté à la réforme des institutions. C'est à ce titre qu'il a rédigé la Loi régissant le financement des partis politiques de 1977, qui a fait figure de modèle dans le monde.

54 M$

Montant des dépenses permises aux partis lors de l'élection provinciale de 2008.

Source : Directeur général des élections

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