Les pétrolières indépendantes réclament un prix plafond

Publié le 27/10/2012 à 00:00

Les pétrolières indépendantes réclament un prix plafond

Publié le 27/10/2012 à 00:00

Québec pourrait être appelé à intervenir pour que cessent les fluctuations du prix de l'essence qui font tant rager les automobilistes. C'est en tout cas ce que réclament les sociétés pétrolières indépendantes.

«Il est temps de changer les comportements dans notre industrie», soutient la pdg de l'Association québécoise des indépendants du pétrole (AQUIP), Sonia Marcotte. Elle prévoit rencontrer prochainement la nouvelle ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, pour la convaincre de la nécessité de discipliner le marché.

L'Association a préparé un document étoffé dans lequel elle insiste sur l'importance de «mieux contrôler les augmentations des prix des carburants». Concrètement, elle propose que tous les détaillants qui vendent de l'essence soient tenus de respecter non seulement un prix minimum (en vigueur depuis 1996, au moment de la création de la Régie de l'énergie), mais aussi un prix maximum. Et ce, sur une base quotidienne, à défaut de quoi ils seront passibles d'amendes, dont le montant reste à déterminer.

«Nous ne savons pas encore comment on sévira, mais on peut penser que la Régie de l'énergie pourrait assumer ce rôle. Faudra-t-il lui donner plus de pouvoirs afin qu'elle discipline les acteurs de l'industrie ? Une chose est certaine : il faudra que les fautifs soient sanctionnés», insiste Sonia Marcotte.

Marges des détaillants

La démarche des indépendants prend la forme d'un plaidoyer pour préserver un secteur d'activité où les marges de profit sont de plus en plus ténues. Le prix de l'essence à la pompe continue d'augmenter - avec des pointes de près de 1,50 $ le litre -, mais la profitabilité des exploitants de stations-service ne suit pas la même courbe. «Les marges de détail brutes des détaillants sont sensiblement les mêmes depuis cinq ans. À 5,3 cents le litre en 2007, elles n'étaient guère supérieures à 5,7 cents en 2011», dit Mme Marcotte.

La proposition d'instaurer un prix plafond aurait pour effet, selon l'Association, de «protéger les indépendants», tout en contribuant à freiner les hausses soudaines du litre d'or noir. «On ne se retrouverait plus avec des augmentations pouvant atteindre 10 cents le litre. Ces hausses font mal aux automobilistes et aux petits détaillants. Quand les prix grimpent radicalement, nous vendons moins d'essence et nos revenus diminuent», fait observer la pdg de l'AQUIP. Elle veut s'assurer de la bonne compréhension du message des indépendants par les consommateurs. «Notre démarche a été bien accueillie par l'Union des consommateurs et par l'Association pour la protection des automobilistes», note-t-elle.

Concurrence saine

Sonia Marcotte s'attend à ce que la proposition provoque des réactions, tant dans l'industrie pétrolière qu'auprès des automobilistes. Elle entend fournir des arguments étoffés pour défendre son dossier. «Nous agissons sur deux fronts. Le prix plafond vise à protéger les consommateurs face à des hausses disproportionnées. Tandis que le prix plancher nous permet de rester dans les affaires. Parce que, si les prix se compriment trop vers le bas, nous risquons de perdre des détaillants», analyse-t-elle.

La représentante des indépendants ne cache pas que les guerres de prix, qui prennent souvent la forme de «guerres d'usure», se font généralement au détriment des détaillants indépendants. La pdg déplore que la loi - permettant de fixer un prix minimum calculé chaque semaine, et non chaque jour, par la Régie de l'énergie - soit «totalement inefficace».

Par ailleurs, Mme Marcotte est consciente que des étapes importantes restent à franchir avant d'en arriver à un nouveau mode de fonctionnement dans la vente au détail de carburant. Il faudra, par exemple, s'entendre sur la nouvelle marge du détaillant, qui vaudrait de 3 à 6 cents le litre, dans la grande région de Montréal ; de 4 à 7 cents, dans la région de Québec ; et de 5 à 8 cents le litre, en Abitibi et en Gaspésie, notamment.

«Il faut faire en sorte que les détaillants se dégagent une marge de profit raisonnable, ce qui est loin d'être le cas», plaide la pdg. Elle croit néanmoins que la proposition de ses membres trouvera des échos favorables au bureau de la ministre des Ressources naturelles. «Nous avons des raisons de croire que tout ira pour le mieux», dit-elle.

Il y a environ deux ans, sous les libéraux, l'Association avait tenu une rencontre avec la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, sans suite concrète.

9,8 Ventes annuelles d'essence, en milliards de litres, dans les stations-service du Québec. Source :AQUIP

1 500

Nombre de postes d'essence indépendants au Québec. Les principales enseignes indépendantes sont Harnois, Crevier, Pétro-T, Eko, Paquet et Fils, Gaz-O-Bar, Pétroles R.L., Sonic et Couche-Tard.

Source :AQUIP

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