Les petites fermes se taillent une place

Publié le 05/05/2012 à 00:00

Les petites fermes se taillent une place

Publié le 05/05/2012 à 00:00

Par Alain Duhamel

Les terres agricoles se font rares au Québec en raison de la spéculation foncière. Les petits exploitants qui veulent se lancer dans l'agriculture biologique doivent donc trouver des solutions originales pour devenir propriétaires.

À Mont-Tremblant, dans les Laurentides, la Ferme aux petits oignons cultive ses légumes sur une parcelle de quatre hectares. Un carré de sable en comparaison de la ferme québécoise type, qui fait en moyenne 113 hectares.

«Le principal défi de l'agriculture, c'est l'accès aux terres», dit Véronique Bouchard, copropriétaire exploitante. Avec son conjoint, François Handfield, tous deux formés en agronomie et en génie agricole, ils ont d'abord été locataires d'une terre avant d'acheter en 2010, après de longues recherches, une petite terre cultivable prise à même une terre plus grande de quelque 60 acres.

La Commission de protection du territoire agricole du Québec n'était guère favorable de prime abord à ce morcellement. Elle craignait d'ouvrir ainsi la porte au démembrement d'une exploitation agricole et à la spéculation foncière.

Elle a toutefois donné son accord afin de répondre au besoin de la production biologique, considérant que «cette production ne nécessite pas de grandes superficies pour être viable et qu'au surplus la commercialisation à la ferme par des producteurs apporte une valeur ajoutée aux produits agricoles», selon le compte rendu de la décision.

La Ferme aux petits oignons cultive une centaine de variétés de légumes et de fruits, tous certifiés biologiques. Elle vend sa production à la ferme, dans les marchés publics de Val-David et de Mont-Tremblant, et approvisionne en paniers bios environ 250 clients de la région.

«En production maraîchère, on peut rentabiliser de petites superficies. Ce serait se surendetter que de racheter une terre de 100 acres que nous n'utiliserions pas en entier et que nous n'aurions pas le temps d'entretenir», estime Véronique Bouchard.

Une première fiducie foncière

À Mont-Saint-Grégoire, en Montérégie, la Ferme Cadet-Roussel exploite pour sa part, en culture et en pâturage, une propriété d'une trentaine d'hectares. La solution qu'elle a trouvée pour se mettre à l'abri de la spéculation : se transformer en une fiducie foncière d'utilité sociale vouée à perpétuité à la culture biologique.

La fiducie Protec-Terre, qui a acquis le fonds de terre de la ferme, s'est inspirée du modèle des fiducies foncières du Canada et des États-Unis pour implanter cette nouvelle forme de propriété agricole au Québec. Une centaine de personnes ont acheté des parts sociales d'une valeur de 2 000 $ pour financer l'opération.

«La beauté de ce modèle, c'est que nous restons propriétaires de nos bâtiments, de nos équipements et de la superficie cultivable que nous utilisons à titre gratuit, même si nous ne sommes pas propriétaires du fonds de terre, à condition de continuer à y pratiquer l'agriculture biologique et d'approvisionner en priorité les membres de la fiducie en paniers bios», dit Anne Roussel, exploitante de la ferme.

La Ferme Cadet-Roussel cultive une soixantaine de légumes certifiés sur quatre hectares et utilise le reste de la propriété pour le pâturage et l'élevage. Elle vend ses produits à la ferme, ainsi qu'au marché champêtre de Chambly, et distribue une bonne centaine de paniers bios. Anne Roussel ambitionne de doubler le nombre de ses paniers issus de l'agriculture soutenue par la communauté.

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