Les mousquetaires du développement durable

Publié le 23/03/2013 à 00:00

Les mousquetaires du développement durable

Publié le 23/03/2013 à 00:00

Alain et Laurent Lemaire ont déjà fait transporter un conteneur de déchets de l'une des usines de Cascades à Kingsey Falls dans le stationnement du centre récréatif. Munis de fourches, ils en ont retiré du verre, du papier, du métal, du plastique, pour démontrer aux employés et citoyens réunis que trop de matières récupérables se retrouvaient dans les poubelles.

L'exercice n'était pas sans rappeler les modestes origines de Cascades. Les frères Lemaire, qui ont tous les trois reçu le Prix Hommage PDG vert, ont commencé il y a plus de 50 ans, à l'époque où les mots recyclage et développement durable n'étaient pas encore à la mode. Ils accompagnaient leur père Antonio dans les dépotoirs de la région de Drummondville pour y trier les matières récupérables afin de les revendre.

«On avait les pieds et les mains dans les déchets. Le film Slumdog Millionaire, c'est un peu notre histoire», dit Laurent Lemaire. Il se rappelle la fois où un rat s'était faufilé dans le pantalon de son frère Bernard, allongé sous un camion pour le réparer. Il avait ensuite pris l'habitude de mettre ses bas par-dessus ses pantalons...

La nécessité, mère de l'invention

La famille Lemaire n'était pas riche à l'époque. Après un incendie, Antonio Lemaire a reconstruit la maison familiale de Drummondville à partir de matériaux récupérés. «Les fenêtres n'étaient pas toutes pareilles», se souvient Alain, en soulignant que leurs parents leur ont transmis l'importance de la récupération et du recyclage pour éviter le gaspillage. Cette philosophie née de la nécessité a mené à la création d'une multinationale du recyclage qui transforme chaque année des millions de tonnes de papiers et d'autres matériaux en une multitude de produits d'emballage et de consommation. Les ventes de Cascades s'élevaient l'an dernier à 3,64 milliards.

L'entreprise, qui a été la première au Québec à publier un bilan social, pousse toujours plus loin ses efforts pour protéger l'environnement. En 2010, elle se dotait d'un ambitieux plan de développement durable en 18 objectifs, comprenant notamment la réduction de la consommation de l'énergie nécessaire à la fabrication de ses produits et une plus grande valorisation des résidus papetiers.

Perçus comme des marginaux

Cependant, Cascades n'a pas toujours été vue comme une pionnière et un modèle. Dans les années 1960, les Lemaire étaient plutôt perçus comme des marginaux avec leur idée de vouloir bâtir une entreprise axée sur la fabrication de papier avec de la fibre recyclée.

«On n'a jamais eu peur de prendre des risques, c'est comme ça qu'on a réussi à survivre et à se démarquer des autres papetières», dit Laurent Lemaire.

N'empêche : «On ne se vantait pas d'avoir des produits faits avec de vieux papiers recyclés. On les vendait comme du papier bas de gamme», se rappelle Bernard Lemaire.

Recycleurs... d'usines

Après avoir perdu son emploi à l'usine textile de Celanese, Antonio Lemaire lance en 1957 la Drummond Pulp & Fiber, une entreprise de récupération de rebuts ménagers et industriels. «Mon père trouvait un bout de métal et il nous disait : c'est encore bon, on peut sûrement faire quelque chose avec ça», raconte Alain.

En 1964, la famille acquiert un vieux moulin à papier désaffecté de Kingsey Falls. C'est le début de Cascades qui, au fil des ans, a racheté des dizaines d'autres usines désaffectées ou en difficulté pour les remettre en état de fonctionner.

Car l'entreprise ne recycle pas seulement le papier, mais aussi les usines et les équipements. «Les gens viennent nous voir en nous disant qu'on a du succès comme repreneurs», souligne Alain Lemaire. Cascades a d'ailleurs fait son entrée en Europe dans les années 1980 en acquérant une usine menacée de fermeture au prix de 2 francs, ou 0,25 $ ! «Elle était en faillite, personne n'en voulait. On nous a même donné les stocks et les recevables», dit Bernard Lemaire.

Pour les frères Lemaire, la protection de l'environnement passe aussi par des usines plus vertes. Cascades vient ainsi d'obtenir la certification LEED Or pour son usine de Lachute, qui a réduit ses coûts en énergie de 58 %.

Mais pour les frères Lemaire, ce sont surtout les employés qui font le succès de Cascades. «Ça prend un chef d'orchestre, mais c'est pas lui qui joue», illustre Alain Lemaire. L'entreprise a d'ailleurs été l'une des premières à remettre une partie des profits à ses employés. Cette participation aux bénéfices est une autre des valeurs héritées de leur père Antonio, un syndicaliste et socialiste qui a revendiqué les droits des travailleurs à Drummondville.

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