Tandis que plane le risque d'une récession, tant aux États-Unis qu'en Europe, plusieurs manufacturiers québécois refusent de se laisser abattre. C'est qu'ils se sont donné les moyens de demeurer optimistes.
«Les manufacturiers savent que les temps sont durs, ils savent aussi que le retour à la croissance n'est pas pour demain, mais ils progressent malgré tout», soutenait Jean Magny, vice-président, ventes et marketing de Genius Solutions, à l'occasion d'un événement de maillage organisé par Sous-Traitance Industrielle Québec (STIQ) et auquel participaient quelque 150 PME de la province.
Plusieurs fabricants ont su garder la tête hors de l'eau au cours des derniers mois, parce qu'ils ont pris les bonnes mesures à temps, dit Michel Drouin, de Henard Solutions R&D, à Valleyfield, qui conseille les entreprises dans leurs stratégies de R-D. Parmi celles-ci, figurent l'amélioration des processus, la modernisation des équipements, l'optimisation de la chaîne d'approvisionnement, la reprise des investissements en marketing et la diversification de la production... Bien souvent, en tirant avantage de la force du dollar canadien.
C'est le cas d'Industrie Lemieux, de Boucherville, spécialisée dans la fabrication de pièces en acier inoxydable. Autrefois plus dépendante des pâtes et papiers, Lemieux a su diversifier sa clientèle dans une dizaine de secteurs d'activité. Tant et si bien qu'«aujourd'hui, les choses ne pourraient mieux aller», jure son directeur des ventes, Richard Poulin.
Chez APN, de Québec, qui fabrique des pièces de haute précision, notamment pour l'industrie militaire américaine, on a opté pour une stratégie de niche. «Il y a toujours de l'inquiétude ; la concurrence de l'Inde nous guette. Mais en se spécialisant dans des créneaux pointus, on arrive à très bien se tirer d'affaire», affirme le président, Jean Proteau.
L'exploitation d'une niche bien ciblée permet aussi au fabricant Techfab de croître rapidement dans l'univers de l'aéronautique et de l'industrie minière. En un an, la PME montréalaise spécialisée dans l'outillage a doublé son personnel et son chiffre d'affaires, en plus d'absorber une autre entreprise pour l'aider à répondre à la demande.
Des défis aux États-Unis
Du point de vue de Normand Voyer, vice-président exécutif de STIQ, les donneurs d'ordre montrent peu de signes de ralentissement, en particulier dans les ressources naturelles, l'aéronautique et l'électronique.
D'autres secteurs vivent plus d'incertitude. Le transport terrestre craint une hausse du protectionnisme américain. «Ces gens-là sont méfiants. Tout le monde est prudent, sentant bien que tout pourrait retomber», dit Denis Robillard, du Pôle d'excellence québécois en transport terrestre.
La faible croissance aux États-Unis, les difficultés du président Obama à instaurer son nouveau plan de relance et la menace protectionniste augurent mal en général, observe Simon Prévost, président des Manufacturiers et exportateurs du Québec. Les secteurs de la construction résidentielle et d'infrastructures en souffrent.
Expansion Le volume de commandes reçues par les fabricants canadiens a poursuivi sa croissance en septembre, indique l'indice RBC des directeurs d'achat de l'industrie manufacturière. Celui-ci s'établissait à 55 alors qu'il était de 54,9 en août. Une valeur supérieure à 50 indique une expansion par rapport au mois précédent.
