Les leçons de Gérald Panneton

Publié le 20/04/2013 à 00:00

Les leçons de Gérald Panneton

Publié le 20/04/2013 à 00:00

Ces temps-ci, il est difficile de trouver un promoteur minier qui a le sourire aux lèvres. Le pdg de Detour Gold, Gérald Panneton, est l'un des rares.

Le projet aurifère que ce Québécois d'origine trifluvienne a démarré en 2007 vient d'atteindre son aboutissement en un temps record : Detour Lake, une mine d'or à ciel ouvert située dans le nord de l'Ontario, à la frontière du Québec, a coulé ses premiers lingots d'or le 18 février.

La mine, dont la construction a coûté 1,5 milliard de dollars, devrait atteindre l'étape de la production commerciale à l'été 2013. Le gros du risque financier est passé.

Gérald Panneton prédit une belle rentabilité à Detour Lake, avec un coût total moyen de 850 $ l'once. La mine produira 650 000 onces de métal jaune par année pendant 21 ans. Elle se qualifie au titre de plus importante mine d'or à ciel ouvert du Canada.

Au dernier congrès de l'Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs miniers (PDAC), Detour Lake a été présentée comme une réussite. Quant à Gérald Panneton, qui démarre sa troisième mine en 30 ans de carrière - il en a ouvert deux autres pour Barrick Gold en Afrique -, il est vu comme un homme d'expérience et de discipline. Nous lui avons demandé de partager ses meilleures pratiques.

LES AFFAIRES - Est-ce qu'on peut dire que vous avez été chanceux dans ce projet ?

Gérald Panneton - Nous avons profité d'un timing incroyable. Nous avons acquis les droits de cet ancien gisement de Placer Dome alors que le prix de l'or était à 450 $ l'once. Nous avons payé la propriété 75 M$, et aujourd'hui, notre capitalisation boursière s'élève à 2,4 G$.

L.A. - Il faut savoir trouver la bonne aubaine !

G.P. - Oui, mais ensuite, ne pas lésiner sur le temps et l'argent nécessaires à l'adhésion de la communauté. L'autre facteur qui nous a aidés, c'est que nous avions une bonne idée de nos coûts.

Toute surprise a un effet désastreux sur les investisseurs, surtout maintenant. Nous avons atteint tous les jalons promis. Nous avons respecté nos échéanciers.

L.A. - Quelles leçons pouvez-vous partager en matière de financement d'un projet de cette envergure ?

G.P. - Nous avons réussi à lever 2 G$ tout en limitant la dilution. À l'automne 2010, nous avons préféré un financement par dette convertible à un prêt bancaire. Si nous avions opté pour un prêt, le projet aurait pu être retardé par la banque, rendue nerveuse. Et chaque jour de retard aurait pu nous faire perdre 1 ou 2 M$.

En novembre 2012, nous avons été obligés de faire une petite émission d'actions [4 millions], car la banque voulait attendre en mars 2013, date du début de la production, pour activer son prêt. Ma leçon est la suivante : tant que vous n'avez pas de revenus, évitez les banques !

L.A. - Projetez-vous une expansion ?

G.P. - Nous sommes assis sur 30 millions d'onces d'or, mais nous n'allons pas nous lancer dans une expansion tout de suite. Après 27 mois de préparation, il faut prendre du temps pour bien roder l'exploitation. Detour Gold poursuivra toutefois son exploration en 2013, à la recherche de teneurs plus élevées, mais avec un budget moins important.

L.A. - Quel est votre plus grand défi, maintenant ?

G.P. - Reconquérir la confiance du marché. L'action de Detour Gold s'échange dans les environs de 20 $, alors que notre dernière émission a été faite à 26,50 $.

L.A. - Quelles sont vos prédictions sur le prix de l'or ?

G.P. - Je ne pense pas qu'il va descendre, mais je ne sais pas quand il va remonter ! [L'entrevue a été réalisée avant la baisse du 15 avril.]La reprise du marché des actions n'est pas bonne pour l'or, mais chose certaine, il va s'ouvrir de moins en moins de mines, surtout avec les coûts élevés actuels.

L.A. - Quel est le plus précieux conseil que vous donneriez aux prospecteurs ?

G.P. - Choisissez des projets pas trop éloignés des infrastructures. Promettez moins et livrez plus.

DETOUR LAKE EN BREF

Production annuelle prévue 657 000 onces d'or

Réserves 15,6 millions d'onces

Durée de vie actuelle de la mine : 21 ans

Valeur actuelle nette du projet 1,7 milliard de dollars

Nombre d'emplois directs Plus de 500 d'ici la fin de l'année, dont 25 % pour des autochtones.

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