Les leçons à tirer de la vente d'Enobia

Publié le 18/02/2012 à 00:00

Les leçons à tirer de la vente d'Enobia

Publié le 18/02/2012 à 00:00

L'acquisition de la société biopharmaceutique montréalaise Enobia par l'américaine Alexion Pharmaceuticals s'est finalement conclue le 8 février dernier. Les principaux actionnaires institutionnels québécois se réjouissent d'avoir enregistré d'excellents rendements -de 3 à 8 fois les montants investis, selon leur date d'entrée. Sauf que le Québec et le Canada viennent de perdre un joyau national. Retour sur cette transaction et les leçons à en tirer.

Tant pour un scientifique que pour un capital risqueur, Enobia est le genre de succès souhaité. Non seulement son produit phare, l'ENB-0040, sauve-t-il des vies, mais il s'apprête à faire son entrée sur un marché sans concurrence.

La molécule permet de guérir une maladie génétique très rare, l'hypophosphatasie, qui cause une déminéralisation des os. Dans l'utérus, 90 % des foetus en meurent. Des enfants qui naissent vivants, un sur deux meurt dans les six premiers mois de sa vie. Et les survivants auront des difficultés à respirer et à marcher, et toute blessure deviendra dangereuse.

Du capital... américain

Le traitement pour cette maladie orpheline est l'oeuvre d'une équipe de chercheurs de l'Université de Montréal. À ce jour, les tests cliniques «ne peuvent pas être meilleurs», dit Robert Heft, pdg d'Enobia. En 15 mois, il n'y a plus de trace de la maladie sur les patients atteints. En France, le cas du petit Julien Ferrer, qui a suivi le traitement au Canada, est devenu célèbre.

Pour tout investisseur, Enobia équivaut à gagner à la loterie, à condition d'avoir acheté le billet.

Et c'est là où le bât blesse : à partir de 2007, Enobia a eu besoin de beaucoup d'investissements pour poursuivre ses tests cliniques, mais elle n'a pas pu trouver tout cet argent au Canada.

Elle a d'abord réalisé un financement de 40 millions de dollars (M$) canadiens en 2007, avec les deux fonds québécois Desjardins et CTI Sciences de la vie. Pour les financements subséquents, elle a dû se tourner vers les États-Unis : elle a trouvé 100 M$ chez Orbimed. Elle a réussi à recueillir 50 M$ US en 2009 et 105 M$ US en 2011.

Or, au Canada, il n'existe pas de fonds de sciences de la vie disposant de ces montants. Le Québec a récemment créé un fonds avec le secteur privé, mais il ne compte que 40 M$ et vise les biotechs en démarrage. Quant à Teralys Capital, le fonds de fonds de 1,3 milliard de dollars créé par le gouvernement du Québec, le Fonds de solidarité de la FTQ et la Caisse de dépôt et placement, elle n'était pas prête en 2009 à investir dans les sciences de la vie.

Un fonds pour 2012 ?

Selon Richard Meadows, cofondateur et associé du Fonds CTI Sciences de la vie, le fait que le Canada n'ait pas de société équivalente à OrbiMed fait partie du problème. «Vous venez de mettre le doigt sur le bobo», dit-il en entrevue. Selon lui, les provinces comme le Québec, l'Ontario, la Colombie-Britannique et peut-être l'Alberta devraient verser chacune 50 M$ dans la création d'un fonds pancanadien de près de 200 M$ pour pouvoir jouer sur l'échiquier mondial des sciences de la vie.

Chez Montréal In Vivo, la directrice générale Michelle Savoie indique qu'une «réflexion est en cours» sur la possibilité de créer un tel fonds, auquel serait associée Teralys.

Toutefois, l'existence d'un capital risqueur canadien de taille n'aurait probablement pas changé la stratégie de vendre l'entreprise à une américaine plutôt que d'aller sur le marché boursier. Tant le Dr Heft que Richard Meadows calculent que la valeur obtenue pour Enobia (610 M$ US comptant, plus 470 M$ US advenant l'atteinte de jalons réglementaires et commerciaux) est bien supérieure à ce qu'on aurait pu tirer en allant en Bourse.

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