Pourquoi parle-t-on de libre-échange avec la Chine ?
Par l'entremise de son ambassadeur, la Chine a fait savoir au Canada qu'elle souhaiterait entreprendre des pourparlers en vue d'un traité de libre-échange. Ce qu'il faut comprendre, c'est que les négociations visant un accord multilatéral - la cycle de Doha - ne semblent pas aboutir. Les pays envisagent donc des accords bilatéraux. Pour la Chine, un accord bilatéral avec le Canada serait un bon modèle de départ. Car, aux États-Unis, il y a trop de suspicion à l'égard des Chinois dans l'opinion publique et le système politique est très complexe.
Pensez-vous que le Canada doive s'engager dans des pourparlers avec un État considéré comme une dictature ?
Un traité de libre-échange est un accord sur des droits de douane, un accord commercial. Les droits de la personne relèvent d'autres forums. Cela dit, si on signait une entente de libre-échange avec les Chinois, cela imposerait une plus grande transparence à leur système politique. Cela les ferait progresser.
Quels seront les impacts pour le Canada ?
Ce serait un gain net pour notre secteur des services, qui aurait un plus grand accès au marché chinois. Dans le secteur manufacturier, cela nuirait à l'emploi, mais rendrait nos entreprises plus concurrentielles. Ce qu'il faudrait surveiller, par contre, c'est l'environnement et la sécurité des produits. Est-ce que notre capacité d'adopter des normes environnementales ou de sécurité strictes serait touchée ? Quant à la question des investissements étrangers, elle est déjà couverte par l'accord sur la protection des investissements que nous venons de signer avec la Chine. À mon avis, un accord de libre-échange avec la Chine aiderait le Canada à bien s'installer dans le 21e siècle. Ces derniers temps, nous avons signé des ententes avec de petits pays sans grand impact, alors que la Chine et l'Asie représentent l'avenir économique du monde. Et ils ne contestent pas notre système de gestion de l'offre agricole. Bref, contrairement à d'autres partenaires de libre-échange, ils ne veulent pas nous vendre de fromage ! Par contre, je souhaite que le gouvernement du Canada commande des études d'impact vraiment indépendantes avant de s'engager dans de telles négociations avec les Chinois.
CV
Nom : Bernard Colas
Titre : Avocat associé au cabinet Colas Moreira Kazandjian Zikovsky
Âge : 51 ans
Parcours : Il compte plus de 28 ans d'expérience en droit du commerce international, acquise à Montréal, Londres et Paris, à conseiller des entreprises actives à l'international ainsi que des gouvernements étrangers.
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Un seul pays a signé une entente de libre-échange avec la Chine. Il s'agit de la Nouvelle-Zélande. L'Australie discute avec la Chine, mais les négociations sont ardues.
