Le distributeur Colabor fourbit ses armes

Publié le 03/11/2012 à 00:00

Le distributeur Colabor fourbit ses armes

Publié le 03/11/2012 à 00:00

Pendant que sa rivale Sysco multiplie les acquisitions au Québec, le distributeur alimentaire Colabor se restructure.

Double objectif : devenir encore plus efficace pour mieux affronter les géants qui le concurrencent et pour repartir la machine à acquisitions. «Il fallait se refaire une santé financière et mieux s'intégrer avant de passer à une autre étape», a confié Claude Gariépy, président du distributeur de Boucherville, en entrevue avec Les Affaires.

Pour l'instant, cette cure a entraîné des charges de 2,8 M$. D'autres radiations sont possibles au quatrième trimestre. Colabor (Tor., GCL, 8,42 $) ferme un centre de distribution ontarien sous-utilisé et met en vente une division de l'ontarienne Skor (évaluée à 1,75 M$).

Colabor fusionne aussi les fonctions administratives, l'équipe des ventes, en plus d'intégrer le système informatique de gestion de l'Est du Québec (Bertrand, RTD) et du Nouveau-Brunswick (Edfrex).

Les mesures permettront d'économiser 2 M$ par an et ajouteront 0,07 $ par action au bénéfice à partir de 2013, dit Keith Howlett, de Valeurs mobilières Desjardins.

Ces premières mesures concrètes ont plu aux analystes et ont fait rebondir l'action de Colabor de 8,6 %, du 19 au 26 octobre. L'action se remet du plongeon entraîné par la réduction en mars du tiers du dividende de cette ancienne fiducie de revenu.

La partie n'est pas gagnée pour autant, puisque Colabor ne contrôle ni l'humeur des consommateurs ni le comportement de ses rivaux.

«Colabor se réorganise adroitement. Nous conseillons toutefois d'attendre un contexte concurrentiel moins féroce et un bilan allégé avant d'acheter», dit M. Howlett.

M. Gariépy joue aussi la carte de la proximité pour rivaliser avec Sysco, du Texas, et GFS, du Michigan. «Metro a su rivaliser avec Loblaw et Walmart, tandis qu'on attendait le contraire. Nos gens sont aussi près de leurs clients», évoque celui qui a lancé la marque le Choix du Président pour Loblaw, au Québec.

Colabor misera aussi sur sa marque maison Menu pour séduire des restaurateurs.

«Nos frites et côtes levées font fureur. D'autres produits suivront. Nous n'allons pas les pousser à outrance, comme nos rivaux, mais ces produits serviront surtout à nous démarquer, tout en nous donnant de meilleures marges», dit M. Gariépy.

Ce dynamisme commence à donner des résultats. Au troisième trimestre, ses ventes ont crû de 3,2 %, sans l'effet des acquisitions.

Coup de barre financier

Colabor veut aussi mieux répartir son capital.

La société compte diminuer son endettement élevé et limiter à 50 % la part de flux de trésorerie qu'elle distribuera à ses actionnaires. Sa dette totale équivaut à 4,6 fois son bénéfice d'exploitation, soit un ratio légèrement inférieur à la limite de 4,7 que lui impose son banquier.

«Nous réinvestissons dans notre exploitation pour être encore plus concurrentiels. En même temps, un meilleur bilan nous donnera les moyens de faire d'autres acquisitions l'an prochain», précise M. Gariépy.

Colabor vise toujours l'achat d'un distributeur de viandes en Ontario ou au Québec, qui vend directement aux restaurateurs, pour répéter le succès de son achat des Pêcheries Norref. Celui-ci est le principal distributeur de poissons sur l'île de Montréal et au Québec, ainsi que le fournisseur exclusif des épiceries IGA au Québec.

Pour devenir un guichet unique, Colabor cherche un distributeur de fruits et de légumes frais. M. Gariépy ne dévoile pas son jeu, mais les plus connus sont Hector Larivée, Canadawide et J.B. Laverdure.

L'Ouest canadien est toujours dans sa ligne de mire pour devenir un fournisseur pancanadien et ainsi servir des clients nationaux. Il est important pour Colabor d'y être à l'échéance d'un contrat avec Cara Operations en 2017, car le propriétaire de Chalet Suisse préférerait un fournisseur national. «C'est un peu une course contre la montre», dit M. Gariépy.

L'impôt : autre risque

Un autre facteur de risque tient les analystes prudents.

Il est possible que Revenu Canada juge que l'achat de ConjuChem, réalisé en 2009 pour ses pertes fiscales, contrevienne à ses règles. Ces pertes fiscales reportées ont une valeur de 0,81 $ par action, évalue M. Howlett.

Le fisc a déjà vérifié les états financiers de Colabor de 2008 à 2011, mais ne lui a pas envoyé d'avis de cotisation pour l'instant, a récemment dit Michel Loignon, chef de la direction financière.

Pour sa part, Superior Plus en appelle d'une décision de Revenu Canada qui lui a refusé un stratagème similaire, datant de 2008.

Un seul analyste sur cinq recommande l'achat du titre de Colabor, avec un cours cible de 9,50 $. Les autres conseillent de le conserver avec un cours cible de 8 à 8,50 $.

L'OMBRE DE SYSCO

Depuis 13 mois, le géant américain Sysco (N.Y., SYY, 30,86 $US) a acquis coup sur coup quatre distributeurs au Québec, où il était peu présent.

Sysco vient d'acheter la division de Boucherville de Distagro, appartenant à l'épicier Metro. «Sysco était faible au Québec et à Montréal et nous n'avions pas besoin de plus de pieds carrés au Québec. Metro garde la division plus rentable, qui sert les dépanneurs», dit M. Gariépy.

Colabor demeure numéro un au Québec. Gordon Food Service (GFS) est un solide numéro deux. «Nous égalons les prix de nos concurrents quotidiennement, tout en visant des ventes rentables. Nous sommes ici pour nous battre. Nous n'allons pas leur céder de terrain», a dit sur un ton de défi M. Gariépy.

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