Ce qu'est en train de réaliser Theratechnologies avec sa tésamoréline n'avait encore jamais été fait au Québec. En effet, la société de Montréal est la première a avoir entièrement développé un médicament, de la molécule à la commercialisation, prévue d'ici un an ou deux.
"Nous sommes la première biotech québécoise à nous rendre aussi loin. Biochem, avec le 3TC, avait été achetée par Glaxo avant la réalisation des études de phase 3. Au Canada, seulement quatre autres entreprises ont réussi ce que nous sommes en train de réussir", affirme Yves Rosconi, pdg de Theratechnologies et membre du conseil d'administration de BIOQuébec.
Theratechnologies à commencer à s'intéresser à la lipodystrophie il y a 13 ans, à l'époque où personne ne s'intéressait à cette maladie associée au VIH.
"Avec les traitements développés ces dernières décennies, le VIH est devenu une maladie chronique, poursuit M. Rosconi. Avant, les gens atteints de cette maladie décédaient en quelques années. Aujourd'hui, on peut vivre très longtemps avec le virus. Mais le cocktail de médicaments que les personnes atteintes doivent prendre cause des effets secondaires, notamment la lipodystrophie."
Du gras dangereux
Cette affection survient parce que les patients ne métabolisent plus les graisses adéquatement, ce qui en entraîne une accumulation excessive au niveau de l'abdomen. Or, les liens entre l'excès de graisse du ventre et les maladies cardiovasculaires sont établis aujourd'hui. Résultat : les gens atteints du VIH décèdent de maladies cardiaques. "À l'âge de 45 ou 50 ans, ils ont le système vasculaire d'un octogénaire, explique M. Rosconi. Nous avons synthétisé une hormone de croissance pour métaboliser ces graisses. Notre produit permet aux gens atteints du VIH de vivre une vie plus normale."
Thera a effectué deux études de phase 3 aux États-Unis, au Canada et en Europe. "Elles démontrent que notre produit fonctionne bien. Nous assemblons toutes les données pour les soumettre à la Food and Drug Administration. En ce moment, Thera mène une étude de phase 3 pour confirmer les résultats déjà obtenus.
La commercialisation aux États-Unis avec un tiers
L'an dernier, la biotech a conclu une entente avec Merck Serono pour la commercialisation de la tésamoréline aux États-Unis, ce qui a rempli les coffres. "Aujourd'hui, nous sommes indépendants de fortune, ce qui veut dire que nous pouvons continuer nos activités sans refinancement. On peut dire que nous sommes une grosse biotech ou une petite pharma. En 13 ans, 250 millions de dollars ont été investis dans Thera, et là-dessus, il nous reste 80 millions."
Quand Thera commencera la commercialisation mondiale (sauf aux États-Unis), il lui restera six ans pour rentabiliser son investissement. "Comme la population visée est assez restreinte, forcément, le prix par médicament va être très élevé, dit M. Rosconi. Mais comment récompenser nos efforts autrement ? Qui soignerait cette maladie si les biotechs ne s'y intéressaient pas ?"
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