La designer Marie Dooley crée pour durer

Publié le 22/09/2012 à 00:00

La designer Marie Dooley crée pour durer

Publié le 22/09/2012 à 00:00

Marier mode et durabilité, on n'y songerait pas forcément. Pourtant, c'est ce que fait la designer Marie Dooley, de Québec. D'abord parce qu'elle fête ses 25 ans en affaires cette année, mais aussi parce que le plus beau compliment qu'une cliente puisse lui faire, c'est de porter une de ses créations cinq ou six ans après l'achat. Le classicisme avec une touche d'originalité sait traverser les saisons.

« J'aimerais que les gens achètent moins, mais mieux. Ce n'est pas nécessaire d'acheter une robe noire chaque année », réfléchit la femme d'affaires, qui envisage le vêtement comme un investissement.

« Des fois, les gens pensent que c'est trop cher chez nous. Les prix ne sont pas ceux du "fabriqué en Chine", car on fait tout à Québec. Mais ce n'est pas exorbitant, ça crée des emplois ici et c'est de l'achat local. C'est un investissement dans la communauté. Dans la mesure où le produit te convient, je trouve qu'il faut penser à ça », dit la Personnalité d'affaires au féminin de cette semaine.

Autodidacte, Marie Dooley a commencé à coudre et à dessiner pour elle-même, parce que rien ne lui allait dans le prêt-à-porter. Elle travaillait alors dans une boutique et la propriétaire, séduite par ses créations, lui a commandé des vêtements. Avec l'aide d'un agent, celle qui se destinait à une carrière en droit ou en éducation a plutôt étendu son marché dans des boutiques du Québec et de l'Ontario.

« Je n'avais pas de plan d'affaires, mais un souci de gagner ma vie », se rappelle la designer de 46 ans, aujourd'hui membre du conseil d'administration de l'Association des femmes entrepreneures de Québec.

En 1993, elle a ouvert sa propre maison de couture à l'angle du boulevard René-Lévesque et de la rue Salaberry. Elle était désormais en contact avec ses clientes et ne dépendait plus des comptes clients.

« Si je suis encore là, c'est parce que je me suis adaptée aux femmes qui venaient chez moi. Ça ne sert à rien de vouloir une certaine clientèle, il faut travailler avec celle qui vient nous voir. »

Limiter les risques

Pour vêtir la femme de 30 à 60 ans, la designer songe à des modèles pour tous les types de silhouette. Habiller la femme parfaite serait trop facile, songe-t-elle.

« Je travaille avec de vraies femmes. Je pourrais faire des trucs flyés, mais à quoi bon s'ils ne sont pas portés ? Le vêtement est notre première maison, c'est important de l'habiter selon ce qu'on est. Et moi, je veux que les femmes soient si bien dans mes vêtements qu'elles les oublient. »

À la demande de ses clientes, la designer s'est mise à créer des robes de soirées et de mariée en plus de sa collection régulière. Elle signe même des uniformes pour des clients, plusieurs dans la restauration et l'hôtellerie.

« Je constate aujourd'hui que tout ça m'a aidée à avoir un volume d'affaires suffisant. Ça m'amène dans plus de sphères de créativité, et ce n'est pas du tout ennuyant ! » dit celle qui emploie aujourd'hui huit couturières.

Toutes les collections sont proposées sur mesure. Encore là, Marie Dooley s'est adaptée à la demande des clientes, mais elle constate que cela lui a permis de limiter les risques liés aux stocks.

« Ce qui est bien, car c'est toujours un défi d'assurer la rentabilité dans la mode. J'ai toujours une idée de mon chiffre d'affaires [confidentiel], mais il y a des saisons moins bonnes sans qu'on sache trop pourquoi. Il y a de l'intangible dans la création. Et puis on dépend des cycles économiques. L'année 2009 a été épouvantable, il a fallu éponger une perte », se souvient-elle.

On demande souvent à Marie Dooley pourquoi elle n'a pas pignon sur rue à Montréal. Le marché y est plus grand, note-t-elle, mais il y a plus de concurrents.

« Et puis, Québec est un beau marché, assez grand pour permettre à un designer de durer. »

lesaffaires.com

Voyez la vidéo de notre Personnalité d'affaires au féminin sur lesaffaires.com/videos.

Retrouvez-la aussi à la télévision, à RDI, lundi prochain entre 18h30 et 19h.

À la une

Logistique: sale temps pour les entreprises

03/05/2024 | François Normand

ANALYSE. Depuis 2020, les crises se multiplient, et les travailleurs du CN et du CPKC pourraient bientôt être en grève.

Les travailleurs du CN et du CPKC se donnent un mandat de grève

Un arrêt de travail au CN et au CPKC simultanément pourrait perturber les chaînes d’approvisionnement.

Bourse: Wall Street salue l’accalmie de l’emploi américain

Mis à jour le 03/05/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto prenait plus de 100 points à la fermeture.