L'exploration minière ralentit

Publié le 29/09/2012 à 00:00

L'exploration minière ralentit

Publié le 29/09/2012 à 00:00

Certains signes ne trompent pas. Forage Chibougamau a dû licencier 150 personnes, sur un total de 250, depuis deux mois. Le chiffre d'affaires est en baisse de 70 % par rapport à l'an dernier. Les foreuses sont stationnées dans la cour, au lieu d'être actives dans les camps d'exploration. « En janvier, j'en avais 22 de sorties, cette semaine je n'en ai que six. J'ai bien peur qu'on retourne aux niveaux de 2008 », indique le propriétaire de l'entreprise, Steve Larouche.

Chez Whapchiwem, une société d'hélicoptères crie établie à Radisson, le directeur général Michel Côté sent lui aussi un ralentissement des affaires. « Heureusement que nous transportons des matériaux de construction dans les camps des autochtones ! Car, dans le secteur minier, les périodes d'utilisation d'hélicoptères raccourcissent. »

Des financiers plus frileux

La prospection dans la Baie-James, comme ailleurs, connaît un ralentissement. Pour la mise en valeur, la situation est moins grave, mais quand même inquiétante. Plusieurs sociétés d'exploration ont dû réduire leurs budgets après avoir eu du mal à trouver de l'argent sur les marchés financiers.

« Le prix des métaux ayant chuté depuis l'été 2011, les investisseurs se tiennent loin des projets qui n'ont pas encore atteint l'étape du calcul des ressources minérales sur leurs propriétés. Ils préfèrent investir dans les projets miniers avancés, où les ressources sont connues et pour lesquels on est près de la construction d'une mine », explique Yvon Trudeau, directeur adjoint de la Société québécoise d'exploration minière (SOQUEM).

Ainsi, le forage du projet de lithium James Bay a été arrêté, parce qu'à la suite d'une fusion, l'acquéreur australien Galaxy Ressources a choisi de privilégier l'Amérique du Sud.

Chez Abitex, aucun travail n'a été effectué en 2012 sur les deux projets d'uranium dans les monts Otish, Lavoie et Epsilon. « Nous attendons la résolution de la crise européenne », signale Yves Rougerie, président et chef de la direction de l'entreprise.

Wemindji Exploration vient quant à elle de fermer ses portes. « Je m'attends à ce que la prospection minière soit marginale d'ici un an et demi », lance Jack Blacksmith, président du Fonds d'exploration minérale cri.

Une année qui s'annonce difficile Yvon Trudeau signale toutefois que les campagnes de la SOQUEM sur le territoire québécois ont trouvé preneur en 2012. « Mais nous avons été avertis que cela sera plus difficile en 2013. » La SOQUEM fonctionne selon la formule suivante : chaque dollar qu'elle investit dans l'exploration doit être couplé avec un partenaire privé.

Ce ralentissement procure toutefois un avantage aux minières prêtes à explorer, fait valoir M. Trudeau : les coûts baissent. « L'an dernier, on me demandait 120 $ du mètre de forage. La semaine dernière, j'ai signé un contrat à 60 $ le mètre. »

Il y a quand même des exceptions. Comme Mines Virginia : riche d'une douzaine de redevances, dont celles du gisement Éleonore à Goldcorp, la société d'exploration n'a pas coupé dans ses budgets. Au contraire, elle les a augmentés, dit son président, André Gaumond. En mai, elle a annoncé la découverte d'or sur le projet Coulon, qui s'avère le plus gros gisement de cuivre et de zinc non exploité dans le nord du Québec selon lui.

Géomega - active dans le lithium - n'a pas, elle non plus, réduit ses activités d'exploration : « On l'aurait fait si le lithium n'était pas dans une course à la production, dit Simon Britt. On a réduit nos budgets marketing à la place. » L'hiver dernier, Géomega a clôturé un financement à un prix presque deux fois moins élevé que le financement précédent.

Un autre projet, visant à raviver l'ancien camp minier de Chibougamau, a été mis sur la glace : C-Bay Minerals n'a pas réussi à trouver les 15 M$ nécessaires pour poursuivre le projet.

Projets de mise en valeur

La Baie-James peut toutefois compter sur d'autres projets avancés. Métanor a démarré la production à sa mine d'or de Bachelor Lake en juillet et on espère en augmenter la durée. À la suite d'un échantillonnage livrant une teneur de 15 % plus élevée que prévu, Métanor vient d'ajouter une deuxième foreuse sur le site.

North American Palladium prévoit l'ouverture de sa mine d'or Vezza en janvier 2013. Pour Bracemac-McLeod (zinc et cuivre), on parle du premier trimestre 2013. Quant à Éléonore de Goldcorp - une mine d'or d'une durée de vie de 15 ans - on en est à la construction du concentrateur.

Les Diamants Stornoway approche elle aussi de la construction de sa mine. Mais elle pâtit des difficultés du marché boursier. Son action ne valait que 70 cents à la mi-septembre (au lieu de 2 $ il y a deux ans). Elle envisage de reporter de quelques années la construction d'un puits vertical de 123 M$ et vient de lancer une étude d'optimisation de coûts. Elle est en pourparlers pour obtenir un emprunt de 475 M$ plutôt que de se financer sur le marché des actions.

Blackrock Metals est en train de terminer une étude d'ingénierie. L'étude de faisabilité du projet devrait être livrée d'ici la fin de l'année. Mais l'entreprise a-t-elle assez de financement ? La société privée ne communique pas cette information.

Au projet Duncan (fer) de Century Iron Mines, la campagne de forage a permis de multiplier par 30 le nombre de ressources identifiées et indiquées. L'étude économique préliminaire devrait être terminée à la fin de 2012. On vise une mine en activité en 2016. Le président Sandy Chim signale qu'il n'a pas ralenti la cadence : « Nous avons une entente avec un partenaire et 50 M$ en encaisse », explique-t-il.

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