Québec a demandé au BAPE de se pencher sur le gaz de schiste, en lui transférant l'étude environnementale stratégique lancée sous le gouvernement libéral. Pensez-vous que le Parti québécois cherche un prétexte pour tuer dans l'oeuf cette industrie ou qu'il souhaite vraiment un avis objectif sur l'exploitation sécuritaire de cette ressource ?
Je ne pense pas que le gouvernement veut bloquer de façon permanente notre industrie ou qu'il cherche une véritable opinion objective : le PQ veut simplement être réélu ! En Amérique du Nord, l'industrie du gaz de schiste exploite des centaines de projets, dont une poignée seulement a causé des incidents. De plus, il existe nombre d'études crédibles à ce sujet, dont celle récemment publiée dans l'État de New York. Elle conclut que de bonnes pratiques permettent d'exploiter de manière sécuritaire le gaz de schiste, comme c'est déjà le cas dans l'Ouest canadien et en Norvège. Le problème, c'est que l'exploitation de cette ressource naturelle est devenue un enjeu très politique dans des comtés clés de la vallée du Saint-Laurent.
Dans ce contexte, croyez-vous qu'il soit possible de développer le gaz de schiste au Québec, avec les meilleures normes internationales de sécurité, sous un gouvernement péquiste ?
Le PQ a à coeur le bien de l'économie québécoise. Il veut plus d'autonomie pour le Québec, voire son indépendance politique. L'autonomie vient de l'indépendance financière et fiscale. Je crois donc que le gouvernement du PQ est un bon gouvernement pour nous à long terme, car l'autonomie et l'indépendance fiscale sont les choses les plus importantes à ses yeux.
Si, comme vous le dites, l'industrie peut exploiter cette ressource de manière sécuritaire, quels seraient les avantages pour le Québec ?
D'un point de vue environnemental, le Québec a intérêt à consommer plus de gaz naturel pour brûler moins de pétrole, dont le mazout lourd. Moins de 50 % de la consommation totale d'énergie de la province provient de l'hydroélectricité. L'exploitation du gaz de schiste permettrait aussi au Québec de renoncer aux importations de gaz pendant au moins une génération. Sur le plan économique, le gouvernement empocherait de nouveaux revenus. En Alberta, on estime à 1,5 milliard de dollars les retombées annuelles de l'exploitation du gaz naturel. Enfin, la production locale de gaz réduirait le prix que paie l'industrie lourde au Québec pour cette source d'énergie. L'exploitation du gaz de schiste est une bonne politique industrielle : elle permettrait au gouvernement du Québec d'offrir de meilleures conditions pour attirer des investisseurs internationaux.
CV
Nom : Michael Binnion
Âge : 52 ans
Titre : Président et chef de la direction de Questerre Energy
Il est l'un des actionnaires fondateurs de cette entreprise de Calgary, spécialisée dans l'exploration et l'exploitation du gaz naturel, principalement le gaz de schiste.
4
Nombre de pays européens qui ont banni le gaz de schiste ou imposé un moratoire sur son exploitation : la France, les Pays-Bas, le Luxembourg et la Bulgarie. En revanche, la production est autorisée dans plusieurs pays, dont la Norvège, la Belgique et la Lettonie.
Source : The Economist