L'ex cellence en gouvernance d'entreprise

Publié le 01/12/2009 à 00:00

L'ex cellence en gouvernance d'entreprise

Publié le 01/12/2009 à 00:00

Cette année, bon nombre d'entreprises publiques revoient leurs politiques de rémunération de la haute direction. Une démarche dont les résultats commenceront à se faire sentir à partir de l'an prochain. Toutefois, le jury du concours Korn Ferry/ Magazine Commerce a voulu ouvrir la voie en récompensant dès maintenant des sociétés qui ont entamé ce processus et dont certaines nouvelles pratiques de rémunération méritent d'être soulignées.

Établir la rémunération des dirigeants est un exercice délicat. Même s'il s'agit de l'une des responsabilités principales des conseils, la question est souvent difficile à aborder. Les administrateurs marchent fréquemment sur des oeufs. Il faut dire que les excès ont été nombreux, aux États-Unis surtout, mais également au Canada. Le jury du concours a trouvé difficile, en cette année " pionnière ", de choisir des entreprises finalistes en se fondant seulement sur leurs actions passées. Les juges ont donc porté aussi leur attention sur les changements en cours. Par exemple, le conseil de certaines entreprises a profité de l'arrivée d'un nouveau PDG pour resserrer ses critères de rémunération.

Les pressions exercées sur les conseils pour qu'ils justifient leurs décisions en matière de rémunération ne pourront aller qu'en s'accentuant. Ainsi, les votes d'actionnaires non exécutoires sur la question de la rémunération (Say on pay) deviennent une pratique de plus en plus répandue. La Canadian Coalition for Good Governance (CCGG) recommande donc que les sociétés publiques inscrivent un tel vote à l'ordre du jour de leur assemblée annuelle. La CCGG représente un grand nombre d'investisseurs institutionnels canadiens.

Si la crise financière a placé les politiques de rémunération sous les projecteurs, celles des institutions financières ont davantage retenu l'attention. " L'impact de mois terribles, fin 2008 et début 2009, devrait normalement se faire sentir sur le plan de la rémunération des dirigeants d'institutions financières ", estime Yvan Allaire, membre du jury et président du conseil de l'Institut pour la gouvernance d'organisations privées et publiques. " J'ai hâte de voir à quel point, l'an prochain, la crise aura suscité des réflexions au sein des conseils et des comités de rémunération de ces entreprises. Je crois que les récents événements devraient mener à un questionnement très profond ", ajoute-t-il.

Les membres du jury ont d'ailleurs relevé la nécessité pour toutes les entreprises de mettre à l'épreuve leurs systèmes de rémunération. Il s'agit de tester les barèmes mis en place en fonction de plusieurs scénarios de résultats financiers de l'entreprise. Cela permet d'éviter d'être surpris par une rémunération globale démesurée, advenant des résultats financiers positifs. " Plusieurs banques ont vu leur PDG renoncer à leur boni ; si un dirigeant doit prendre une telle décision en raison de pressions extérieures, cela veut dire que le conseil n'avait peut-être pas le bon barème au départ ", croit John Le Bouthillier, membre du jury et président du conseil de l'Industrielle Alliance.

Bien sûr, la concurrence entre les entreprises pour attirer les meilleurs gestionnaires est serrée. Et la mesure des différents types de rémunération qui permet le mieux de motiver une équipe de direction est constamment à redéfinir. Non, les choix en ma-tière de rémunération ne sont pas faciles, et ils le seront de moins en moins.

Pierre Côté, administrateur émérite 2009

Il a été un des premiers à siéger à des conseils à l'extérieur du Québec. Aujourd'hui à la retraite, Pierre Côté a aussi fait partie des conseils de plusieurs grandes entreprises pendant des périodes remarquablement longues. Ainsi, il a été administrateur de la Banque de Montréal pendant 25 ans, de C.A.E. Industries pendant 24 ans, et de Bombardier pendant 21 ans.

" Lorsqu'il a atteint l'âge limite de 70 ans, en 1997, c'est vraiment à regret que le conseil de Bombardier l'a laissé partir ", se souvient Yvan Allaire, membre du jury et ancien vice-président exécutif de Bombardier de 1996 à 2001. " C'est un homme d'une grande sagesse. Il savait tenir ses positions, mais sans animosité. Et il était de bon conseil. Le président de Bombardier de l'époque, Laurent Beaudoin, aimait d'ailleurs le consulter régulièrement ", continue Yvan Allaire.

Pierre Côté commence sa carrière dans l'entreprise familiale, la Laiterie Laval, de Québec, dont il sera PDG jusqu'en 1978. À partir des années 1970, il siège à de nombreux conseils, dont ceux de la Mutuelle Vie du Canada, de Consolidated-Bathurst et de Canadian Tire. Pierre Côté a également été président du Conseil du patronat du Québec de 1978 à 1982.

" D'abord, c'est un parfait gentleman ", se rappelle Germaine Gibara, membre du jury et présidente de Avvio Management. Elle a déjà siégé aux côtés de Pierre Côté au conseil de la Mutuelle Vie du Canada, une compagnie aujourd'hui intégrée à la Financière Sun Life. " C'était un homme de peu de mots quand il s'agissait de contribuer au conseil. Mais ses interventions étaient toujours très perspicaces et pleines de bon sens ", résume-t-elle.

Les finalistes

Catégorie Grande entreprise

CAE

Président du conseil : Lynton R. Wilson

Président et chef de la direction :Marc Parent

Chiffre d'affaires (2009) : 1,7 G$

Bénéfice net (2009) : 199,4 M$

Employés : 6 500

Si la portion civile des activités de CAE risque encore de subir les contrecoups de la récession pendant l'année financière 2010, ce n'est pas le cas du secteur militaire. CAE a accentué sa présence dans ce domaine à l'échelle mondiale. En 2009, les commandes militaires ont même dépassé pour la première fois un milliard de dollars. Cela représente une augmentation de 47 % par rapport à l'année précédente. La société a signé des contrats avec, entre autres, les ministères de la Défense canadien, australien, britannique et américain.

Le secteur civil n'est pas en reste pour autant et représente toujours plus de 55 % des revenus de l'entreprise. Les simulateurs de vol sont des produits à très grande valeur ajoutée. En 2009, CAE en a vendu au total 34 à des compagnies aériennes, à des centres de formation et à des constructeurs. En plus des produits en tant que tel, l'entreprise tire une grande part de ses revenus de services de formation et d'autres services connexes.

Groupe Colabor

Président du conseil d'administration : Jacques Landreville

Président et chef de la direction : Gilles C. Lachance

Chiffre d'affaires (2008) : 1,1 G$

Bénéfice net (2008) : 15 M$

Employés : 1 118

Colabor a changé de statut cette année : de fonds de revenu, elle est devenue une société par actions. Cependant, l'entreprise exerce les mêmes activités qu'avant ce changement de structure. Collabor est un grossiste de biens alimentaires et non alimentaires qui fournit des distributeurs indépendants. Ceux-ci revendent à leur tour à des épiceries et à des dépanneurs, ou à des entreprises de services alimentaires comme les cafétérias, les hôtels et les chaînes de restaurants. L'organisation a une entente à long terme avec la société Cara, qui exploite notamment Secund Cup et Harvey's, et qui fournit des repas préparés aux compagnies aériennes.

Plusieurs acquisitions ont augmenté la taille de Colabor au cours des dernières années. Le chiffre d'affaires de l'entreprise est passé de 838 millions de dollars pour l'année financière 2007 à 1,1 milliard de dollars en 2008, année au cours de laquelle Colabor a acquis Bruce Edmeades, un important distributeur alimentaire de l'Ontario. La même année, elle a aussi acquis Gestion Bertrand & Frères, un important distributeur de l'Est-du-Québec.

Catégorie Moyenne entreprise

Fonds de revenu Supremex

Président du conseil d'administration : Serge Gadbois

Président et chef de la direction : Gilles Cyr

Chiffre d'affaires (2008) : 182,5 M$

Bénéfice net (2008) : (122,7 M$) (perte nette)

Employés : 700

Supremex est une entreprise de transformation de papier fin qui fabrique principalement des enveloppes. Elle possède le plus grand parc d'équipements de pliage d'enveloppes au Canada, dont la capacité de production est de plusieurs millions d'enveloppes par jour. Les clients de Supremex se retrouvent à la fois dans les secteurs public et privé. La société possède des établissements dans 13 villes et dans sept provinces canadiennes.

Supremex a acquis une position dominante dans le marché canadien grâce à de nombreuses acquisitions réalisées en une quinzaine d'années. En 2008, le fonds de revenu a acquis la plupart des actifs d'Enveloppe Montréal, au coût de 13,2 millions de dollars. Supremex doit cependant faire face à une forte concurrence des fabricants américains. Elle a connu une perte nette en 2008, principalement en raison d'une dépréciation des écarts d'acquisition.

Technologies Miranda

Président du conseil d'administration : W. Brian Edwards

Président et chef de la direction : Strath Goodship

Revenus (2008) : 130 M$

Bénéfice net (2008) : 22,7 M$

Employés : 560

Miranda est devenue un acteur important de l'industrie de la télévision numérique. L'entreprise de Montréal conçoit plusieurs types de produits qui s'adressent aux diffuseurs. En plus d'une gamme de produits d'infrastructure, elle développe, par exemple, des systèmes de mise en ondes. Ceux-ci permettent aux chaînes de télévision de générer des éléments graphiques en direct. Ce domaine connaît un essor très rapide.

La société a obtenu des contrats prestigieux à l'international. En 2008, le réseau américain NBC et la télévision publique chinoise ont octroyé à Miranda d'importants contrats pour la couverture des Jeux olympiques de Pékin. Une acquisition est aussi venue marquer l'année 2008 : celle de l'entreprise californienne NVISION, au coût de 40 millions de dollars américains. Depuis son premier appel public à l'épargne, en 2005, Miranda a réussi à générer des bénéfices constants.

fabrice.tremblay@sympatico.ca

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