L'économie ralentit quand les camions freinent

Publié le 07/05/2011 à 00:00

L'économie ralentit quand les camions freinent

Publié le 07/05/2011 à 00:00

Tous les jours, à Montréal, il passe environ 2 500 camions sur le pont Mercier, 12 000 sur le pont Champlain et 30 000 dans l'échangeur Turcot. Le premier est constamment en réparation, le deuxième souffre de faiblesses structurelles, tout comme le troisième, si bien qu'on doit en limiter l'accès pour éviter qu'ils ne s'effritent davantage.

Si vous pensez que les automobilistes souffriront dans les bouchons de circulation qui grossissent déjà, pensez aux camionneurs !

Au récent congrès de l'Association du camionnage du Québec, les participants pouvaient au moins se réjouir des perspectives de relance économique au Canada, même si le marché américain, lui, demeure léthargique. Par définition, un système économique repose sur des échanges. Lorsque l'économie reprend de la vigueur, ceux-ci s'intensifient. Les transporteurs ont du pain sur la planche.

C'est d'autant plus vrai ces années-ci que la mode est au juste-à-temps. Les inventaires n'ont plus la cote. On se méfie des stocks qui s'accumulent. Les clients préfèrent commander plus souvent... tout en demandant que le matériel leur soit livré le plus rapidement possible. Au bout du compte, ce sont les boîtes de camions qui servent aujourd'hui d'entrepôts, des entrepôts sur roues qu'on décharge dès leur arrivée à destination.

Mais encore faut-il qu'ils y parviennent, à leur destination ! La congestion grandissante sur le réseau routier fait très mal. Et les options sont rares. Pas moyen de faire du covoiturage quand on déplace des cargaisons, et quant au Bixi... disons qu'il en faudrait beaucoup pour remplacer un dix roues.

Par ailleurs, le port de Montréal est un lieu crucial de transit pour des marchandises de toutes sortes, vrac, conteneurs et autres. Une bonne partie se dirige plus vers l'ouest, l'Ontario et au-delà, alors que les camions prennent la relève des bateaux. Un jour, ils pourront imaginer traverser le pont-tunnel et circuler par la rive sud lorsque l'autoroute 30 sera terminée. Mais d'ici là, ils doivent passer par Montréal et ce fichu échangeur Turcot qui tombe en ruines.

Les camionneurs doivent donc s'armer de patience, bien qu'elle finisse par coûter cher. Les délais peuvent entraîner des pénalités, ils se traduisent par une dépense accrue en carburant, et un camion pris dans un embouteillage ne sert pas à grand-chose.

On a donc évoqué une éventuelle " prime à la congestion ", lors de ce congrès tenu à Québec, parce que les transporteurs n'entendent pas encaisser tout seuls le choc. Et, si leurs clients finissent par payer cette prime, soyez certains qu'elle va se répercuter tout le long de la chaîne, jusqu'aux consommateurs. Qu'on les aime ou non, leurs problèmes sont aussi les nôtres. Cela s'ajoute à la liste des désagréments causés par la dégradation des infrastructures routières au Québec...

La prospérité passe par les gens

Des économistes de Desjardins et du Cirano ont publié, cette semaine, une étude conjointe sur les enjeux à relever et les occasions à saisir pour atteindre une prospérité durable au Québec.

C'est un document imposant, simplement intitulé " Pour un avenir meilleur ", mais qui aborde sans complaisance les obstacles dressés sur notre route et propose ensuite des itinéraires gagnants.

La population vieillit; la productivité stagne; les finances publiques sont sous pression; les régions cherchent un nouveau souffle; la lutte à la pauvreté devra s'intensifier et l'environnement, plus que jamais être protégé.

Trop lourde, la tâche ? Non, si nous admettons nos faiblesses et travaillons à y remédier. En misant sur l'éducation, la formation et l'innovation, par exemple, on peut à la fois pallier les problèmes de main-d'oeuvre et de productivité et faire échec à la pauvreté. Aucune de ces solutions n'est facile, mais, comme le rappellent les auteurs, " nous étions encore plus démunis avant la Révolution tranquille, et pourtant le Québec a réussi à se hisser au rang des sociétés modernes de ce monde. "

Au fil des pages, une constatation s'impose : le capital humain est l'un des leviers les plus précieux dont nous disposons et nous ne devons pas le gaspiller. Il nous faut du monde, et ce monde doit travailler ensemble. La prospérité durable passe par une société durable.

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