L'Asie sera la principale source de croissance d'Exfo

Publié le 23/07/2011 à 00:00

L'Asie sera la principale source de croissance d'Exfo

Publié le 23/07/2011 à 00:00

Par François Normand

L'Asie-Pacifique sera la principale source de croissance du fournisseur de tests pour le secteur des télécommunications, Exfo (Nasdaq, EXFO ; TSX, EXF), au cours des prochaines années.

L'entreprise de Québec vend trois types de tests : les tests optiques (pour la fibre optique), de protocoles (les normes de communication pour les réseaux filaires et sans fil) et de cuivre. Exfo, qui a un chiffre d'affaires de 228 millions de dollars américains (M$), tire déjà 18 % de ses revenus de cette région.

Cette proportion pourrait atteindre 25 % dans les prochaines années, au détriment des marchés des Amériques, selon Germain Lamonde, président et chef de la direction. "Nous avons enregistré une croissance moyenne de 30 % ces dernières années dans le monde, mais celle que l'Asie a connue est plus élevée." Son plus important marché demeure toutefois les États-Unis (40 % de ses ventes).

La Chine est le principal moteur économique de l'Asie-Pacifique. La demande des opérateurs et des fabricants d'équipement de réseaux sans fil et filaires y est grande pour les solutions conçues par Exfo.

"Nous continuons d'y croître très rapidement, car le pays investit pour étendre ses infrastructures de télécoms", dit M. Lamonde, en précisant qu'Exfo compte China Telecom parmi ses clients.

Exfo entend accroître ses ventes en Chine, mais aussi dans d'autres marchés dynamiques de la région, comme la Corée du Sud et l'Inde.

Pour ce faire, la société continuera de s'appuyer sur sa croissance interne et sur des acquisitions. Le fournisseur de tests ne procède toutefois pas à des acquisitions uniquement pour accroître ses parts de marchés ou avaler un concurrent, selon Germain Lamonde.

Acheter une position stratégique

"Nous allons plutôt chercher un positionnement stratégique pour l'entreprise afin d'enregistrer une croissance supplémentaire dans le futur", dit-il, en donnant l'exemple de l'achat de la finlandaise NetHawk Oyj, en 2010.

Exfo a payé 37,3 millions d'euros (M€) (50,4 millions de dollars canadiens) pour le deuxième fournisseur mondial d'analyseurs de protocoles 2G, 3G et 4G/LTE et de simulateurs pour les équipementiers et les opérateurs de réseaux sans fil. NetHawk avait une forte présence auprès de multinationales comme Ericsson, Siemens ou Nokia, et des revenus de 28,5 M€ en 2009.

Cette transaction a apporté deux choses à Exfo : une nouvelle expertise dans les réseaux sans fil - un marché qui explose dans le monde - et la possibilité pour l'entreprise de Québec de vendre ses tests à l'ancienne clientèle de NetHawk.

Pour accroître ses ventes en Asie-Pacifique, Exfo peut aussi compter sur sa chaîne de conception et de production mondiale. La multinationale possède deux usines, à Québec et à Shenzhen, dans le sud-est de la Chine.

Une chaîne de production diversifiée

La première usine fabrique des produits hautement technologiques, en petites quantités, qui se vendent à prix élevé. La seconde, des produits moins avancés, en grand volume. Exfo peut ainsi utiliser ses deux usines en fonction des besoins de ses clients, parmi lesquels Google, Apple et Bristish Telecom.

Mais la grande force de l'entreprise de Québec, ce qui lui permet de décrocher des contrats et de se démarquer de la concurrence, réside dans la capacité de ses employés à prévoir les besoins de ses clients et à innover.

Germain Lamonde donne l'exemple d'un contrat réalisé pour le géant des télécoms, Verizon. L'entreprise américaine voulait des équipements de test pour ses techniciens ; elle était prête à débourser 500 $ US par appareil. Exfo lui a fourni une solution à 2 000 $ US l'unité, mais qui a permis à Verizon d'augmenter de 30 % la productivité fournie par ses techniciens.

"Si on écoutait les clients et qu'on développait exactement ce qu'ils nous demandent, on serait probablement en faillite aujourd'hui, dit M. Lamonde. Les attentes formulées par nos clients servent à régler des problèmes à court terme, tandis que notre job, c'est de penser un peu plus à long terme pour eux."

Exfo possède sept centres de R-D : Québec, Montréal, Toronto, Chelmsford (Massachusetts), Oulu (Finlande), Pune et Bhubaneswar (en Inde). Elle a investi 50 M$ en R-D en 2010, soit 22 % de ses revenus.

LES RISQUES D'EXFO À L'INTERNATIONAL

Risque d'intégration

Depuis sa fondation en 1985, Exfo a réalisé neuf acquisitions d'entreprises. La dernière date de 2010 : celle de la finlandaise NetHawk Oyj, un concepteur de tests de réseaux sans fil et d'appareils d'assurance de services (évaluation continue de la performance d'un réseau).

Intégrer cette entreprise comporte un risque pour Exfo, car il s'agit de la plus grande acquisition de son histoire, soulignent des analystes de RBC Marchés des Capitaux. "Bien que nous nous attendions à une bonne synergie corporative et technologique entre les deux entreprises, une intégration de ce genre représente un risque élevé d'exécution."

Risque de conjoncture

Exfo est vulnérable aux aléas de la conjoncture économique. Par exemple, pour son troisième trimestre terminé en mai 2011, l'entreprise de Québec a réalisé des ventes moins élevées que les analystes ne l'avaient prévu : 67,6 millions de dollars américains (M$ US), alors que le consensus tablait plutôt sur des revenus de 69,1 M$ US. Le principal responsable ? Le recul de la demande en raison de la prudence des consommateurs, qui sont plus sélectifs dans leurs achats d'appareils de télécommunication. Cela force certains équipementiers et fournisseurs de services à retarder l'achat des produits d'Exfo, notent les analystes de Canaccord Genuity.

Risque de change

Comme Exfo comptabilise ses états financiers en dollars canadiens mais qu'elle réalise 91 % de ses revenus dans d'autres devises, les variations des taux de change influent sur les résultats de la société. L'entreprise de Québec réalise 40 % de ses revenus aux États-Unis. Elle limite ce risque de change par des opérations de couverture.

Une croissance soutenue depuis cinq ans, malgré la récession de 2009

Évolution des revenus annuels d'Exfo, en millions de dollars américains

2006 128,3

2007 152,9

2008 183,8

2009 172,9

2010 228,1

Exfo, c'est...

Plus de 2 000 clients dans plus de 100 pays

Plus 1 800 employés dans 25 pays

Plus du tiers des ventes est réalisé aux États-Unis

Répartition géographique des revenus d'Exfo, en 2010¹

Canada 9 %

Amérique latine 5 %

États-Unis 40 %

EMOA (Europe ; Afrique ; Moyen-Orient) 28 %

Asie-Pacifique 18 %

L'optique demeure le principal secteur d'Exfo

Répartition sectorielle des revenus d'Exfo, en 2010¹

Tests de cuivre 7 %

Tests optiques 54 %

Tests de protocoles 39 %

¹ Pour l'exercice financier se terminant le 31 août 2010 Source : Exfo

2,5 G$ US Taille du marché mondial des tests de protocoles (normes de communication pour les réseaux filaires et sans fil) dans le secteur des télécoms. Source : Exfo

35 % Part du marché détenu par Exfo dans le marché mondial du test optique par des équipements portatifs. L'entreprise de Québec occupe le premier rang de ce créneau. Source : Exfo

Dans cette série, nous décodons la stratégie internationale d'une entreprise québécoise et analysons ses risques.

Sur le Web, Les Affaires s'associe à L'actualité, Canadian Business, The Report on Business, The Economist Intelligence Unit et à la banque HSBC pour offrir un site axé sur les exportations. À lire sur affairessansfrontieres.ca.

françois.normand@transcontinental.ca

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