Garder la culture au coeur de Montréal

Publié le 23/02/2013 à 00:00

Garder la culture au coeur de Montréal

Publié le 23/02/2013 à 00:00

Nathalie Bondil : «Comment maintenir la fréquentation des institutions culturelles à l'heure de l'éloignement de la clientèle, qui vit de plus en plus en dehors des grands centres urbains ?»

L'Étoile de Brossard, la salle André-Mathieu de Laval, la salle Rolland-Brunelle de Joliette, le Théâtre du Vieux-Terrebonne, le Centre des arts Juliette-Lassonde à Saint-Hyacinthe... Tous ces lieux culturels n'ont rien à envier à certaines salles de spectacles montréalaises.

Plusieurs salles situées en périphérie ont investi ces dernières années pour rénover leurs installations et offrir des services à la hauteur des attentes du public. Conséquence : certains établissements de la métropole, délaissés par les banlieusards, font moins recette. «Il n'y a pas de baisse généralisée de la fréquentation. Cependant, on note bien un fléchissement concernant les spectacles d'humour et de musique francophone, ce qui n'est pas le cas à l'extérieur de Montréal», constate Jacques Primeau, président du CA du Partenariat du Quartier des spectacles.

Le centre-ville de Mont-réal a ainsi perdu 17 % des représentations de spectacles d'humour et 12 % des représentations de spectacles de chanson francophone au profit de la banlieue, de 2009 à 2010.

La faute à qui ? Plus de 100 000 personnes ont quitté Montréal depuis 2006. Ces nouveaux banlieusards sont attirés par les salles de spectacle à proximité de chez eux plutôt que d'aller à Montréal.

Le coût et la rareté du stationnement sur l'île, la congestion et les travaux sur le réseau routier ainsi que le prix du carburant contribuent à décourager les spectateurs de l'extérieur.

Pour faire face à cette concurrence, les institutions culturelles montréalaises doivent se renouveler. La première arme : la programmation distinctive. Pour se différencier des salles de banlieue, il faut proposer du neuf, de l'exclusif, du haut de gamme, voire de l'avant-garde. «Les baisses de fréquentation s'observent surtout dans les arts de la scène, car les spectacles donnés au centre-ville le sont aussi souvent en banlieue. Or, c'est plus facile d'aller à côté de chez soi que de traverser les ponts», note François Colbert, titulaire de la Chaire de gestion des arts Carmelle et Rémi-Marcoux, de HEC Montréal.

On constate en effet que la baisse de fréquentation par les résidents de l'extérieur de l'île de Montréal est moindre pour les lieux culturels où la programmation est originale, pointue et audacieuse, comme le Musée des beaux-arts (MBAM), le Musée d'art contemporain ou la Maison symphonique.

La mode déjantée de Jean Paul Gaultier et les guerriers chinois en terre cuite ont ainsi permis au MBAM d'enregistrer une fréquentation record de 768 000 visiteurs en 2011, soit une hausse de 36 % par rapport à l'année précédente.

La Place des Arts, avec ses six salles de spectacle, et le Musée d'art contemporain constituent également des pôles d'attraction exceptionnels. «C'est assez unique de sentir la fébrilité du lieu lorsque des spectacles sont joués en même temps dans les six salles et que des animations ont lieu à l'extérieur», souligne Marc Blondeau, pdg de la Place des Arts. «L'effet PdA» s'est d'ailleurs traduit par une augmentation de la fréquentation de 7,5 % de ses différentes salles l'an dernier.

Élargir la clientèle

Mais tirer profit de ses forces ne suffit pas. Il faut aussi élargir la clientèle. L'ouverture à de nouveaux publics fait donc partie de la stratégie des institutions culturelles montréalaises.

«Avant, nous recevions surtout les fidèles du musée. Aujourd'hui, nous accueillons des familles, des néophytes, des communautés culturelles», dit Jean-Luc Murray, chef du service de l'éducation et de l'action culturelle du MBAM, qui vient de doubler son espace pour les familles et les groupes scolaires.

«C'est l'ensemble de la qualité de l'expérience qui compte», souligne pour sa part Michel Leblanc, pdg de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Tout y contribue : l'accès par les transports en commun ou la voiture, le stationnement, les lieux de restauration, les animations connexes, jusqu'au sourire des préposés !

Il n'y a pas encore péril en la demeure. Les banlieusards restent nombreux (66 %) à considérer la métropole comme étant le premier lieu pour sortir et s'amuser, selon une étude de Léger Marketing, et 62 % d'entre eux citent les sorties culturelles comme la première cause de leur venue à Montréal.

SON COMMENTAIRE

Certaines actions sont souhaitées : concertation dans les travaux de voirie, aménagements d'horaires avec la STM, amélioration de la signalétique... Montréal peut jeter des passerelles pour aider la venue de primo visiteurs, de groupes scolaires et des familles de la banlieue. Sachant que les activités culturelles favorisent la réussite scolaire, facilitons l'accès du secteur éducatif à nos ressources collectives ! Il faut imaginer avec l'ensemble des acteurs des moyens pour que le centre-ville ne soit pas un ghetto mais un carrefour, pour que le Grand Montréal ne soit pas une mosaïque de cultures mais bien une métropole (inter)culturelle.

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