Exporter les technologies langagières

Publié le 23/05/2009 à 00:00

Exporter les technologies langagières

Publié le 23/05/2009 à 00:00

Par Claudine Hébert

Qui aurait cru, il y a 30 ans, que le rêve du Canada bilingue de Pierre-Elliot Trudeau serait créateur de richesse ? Le bilinguisme officiel et le multiculturalisme ont en effet soutenu le développement des capacités langagières au pays, et le Canada exporte aujourd'hui cette expertise au même titre que ses ressources naturelles.

Les entreprises canadiennes spécialisées en traduction détiennent déjà 6 % du marché mondial, ce qui engendre des retombées annuelles de 3 milliards de dollars. Le secteur de la formation linguistique, qui totalise plus de 1,5 milliard par an, représente à lui seul plus de 15 % de la demande internationale. " Et ce n'est qu'un début ", souligne Gonzalo Peralta, président de l'Association de l'industrie de la langue au Canada (AILIA).

Une référence mondiale

Cette association, née en 2003, a pour mandat de promouvoir l'industrie de la langue canadienne sur les marchés national et international. M. Peralta, qui souhaite faire du Canada la référence mondiale en matière d'industrie langagière, revient justement d'une première mission commerciale au Chili. Il était accompagné d'une dizaine de représentants d'établissements d'enseignement de langue seconde.

Pourquoi avoir choisi cette destination en particulier ? " Le gouvernement chilien souhaite que le pays devienne bilingue. Il a réalisé que ses importantes lacunes en matière linguistique nuisent à sa croissance commerciale internationale. En effet, seulement 3 % de la population adulte chilienne parle l'anglais ", explique M. Peralta, qui connaît très bien la réalité de ce pays dont il est originaire.

Le Canada n'est d'ailleurs pas le seul pays à courtiser les Chiliens. La Grande-Bretagne, l'Australie et les États-Unis espèrent avoir une part du gâteau. En effet, non seulement le Chili constitue une porte d'entrée vers les autres pays d'Amérique du Sud, (un marché de plus de 370 millions d'habitants), mais il entretient depuis 2005 une politique de libre-échange de produits et de services avec la Chine.

La mission commerciale, réalisée en mars dernier, a permis aux établissements d'enseignement de langue seconde d'établir des contacts prometteurs. Ainsi, la firme torontoise Bright Life English, spécialisée dans l'enseignement de l'anglais à distance, a déjà conclu une entente de trois ans avec les Chiliens. L'AILIA espère que cette première percée permettra d'exporter d'autres services, comme la traduction et les technologies langagières.

Conquérir la première place

Bien que les retombées de cette mission soient très encourageantes, Gonzalo Peralta maintient que l'industrie de la langue canadienne peut faire encore beaucoup mieux. " Contrairement à la Grande-Bretagne et à l'Australie, où les entreprises langagières ont décidé d'unir leurs forces pour développer les marchés, notre industrie souffre d'un manque de coopération. Nous avons de très bons joueurs, mais ces derniers peinent encore à jouer en équipe. Cette attitude empêche notre industrie langagière de se hisser au premier rang mondial ", soutient M. Peralta. C'est actuellement la Grande-Bretagne qui détient cette place en matière de formation linguistique.

Le président de l'AILIA rappelle que l'industrie langagière mondiale connaît un véritable boum, notamment à cause de la mondialisation des marchés et de l'évolution rapide des systèmes de télécommunications. De par sa loi sur les langues officielles, le Canada bénéficie d'une position avantageuse et d'une expertise qui devraient l'aider à tirer profit de ce moment propice. " C'est à nous de maximiser et de protéger notre savoir-faire linguistique avant que d'autres prennent la place ", mentionne M. Peralta.

dossiers@transcontinental.ca

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