Dure retraite, si un million ne suffit plus !

Publié le 06/11/2010 à 00:00

Dure retraite, si un million ne suffit plus !

Publié le 06/11/2010 à 00:00

La récente décision de la Banque du Canada de suspendre les hausses prévues de son taux d'intérêt directeur a été reçue par des bravos... et de grands soupirs.

Les gens endettés, et ils sont nombreux, profitent d'un répit imprévu attribuable à la mollesse de la reprise économique. Pour eux, c'est une bénédiction, qui leur accorde un peu de répit avant que le loyer de l'argent ne recommence à monter. Pour tous ceux qui vivent de revenus fixes, cependant, et qui ne retirent que des miettes depuis que les taux sont descendus au plancher il y a maintenant plus de deux ans, c'est une véritable malédiction qui compromet tous les rêves de retraite.

Faites le calcul : le taux de rendement des obligations négociables du gouvernement canadien, avec échéance de 10 ans, était légèrement inférieur à 3 % la semaine dernière. Supposons que vous disposiez d'un capital de 500 000 $, ce qui est tout de même appréciable, que vous soyez réfractaire aux marchés boursiers et que vous teniez absolument à des placements sécuritaires du genre obligataire. Dans les faits, votre revenu d'intérêt annuel n'atteindrait pas 15 000 $ ! Même 1 million de dollars investi en obligations ne vous accorderait qu'une pitance de 30 000 $, à moins que vous ne décidiez de gruger dans le capital pour arrondir les fins de mois. Comme on vit de plus en plus vieux, c'est un jeu risqué.

Dire qu'il n'y a pas si longtemps, on pouvait raisonnablement espérer 6 ou 7 % de rendement, et encore, c'était là un taux conservateur. Secrètement, on escomptait bien plus. Les conseillers qui proposaient une planification financière à partir de tels chiffres se faisaient régulièrement reprocher de manquer d'ambition. L'inflation était évidemment plus élevée qu'aujourd'hui, ce qui réduisait le rendement réel, mais on visait haut... Trop haut, parfois.

Je me rappelle une séance d'information donnée par le président de Cote 100, Guy LeBlanc, dans les bureaux de la firme à Saint-Bruno, à la fin des années 1990. À un moment, un participant lève la main et déclare au gestionnaire que, si on est disposé à lui garantir un rendement de 10 %, il est prêt à lui confier sur le champ un joli magot. Poliment, Guy LeBlanc secoue la tête et lui offre un cours accéléré de Finances 101 : tout ce qu'il peut lui promettre, c'est de travailler à lui offrir le meilleur rendement possible, mais que de telles garanties n'existent pas. Vexé, le monsieur se lève et quitte la salle. Je suis certain qu'il a fini par trouver quelqu'un pour lui offrir la lune, et qu'il a fini par se faire plumer, puisqu'il avait malheureusement tout du pigeon potentiel.

Il faudra être patient

C'est d'ailleurs là une des conséquences inattendues de cet environnement de taux d'intérêt minimum : les vendeurs d'illusions sont populaires, popularité notamment entretenue par les théories du complot. D'une part, bien des gens baissent la garde, parce qu'on leur raconte ce qu'ils souhaitent entendre (" Voici le secret de la richesse "), surtout que foisonnent en temps de crise les histoires de machinations occultes ourdies par le " Système ". Le réflexe est nourri à la fois par une crédulité congénitale envers les diseurs de bonne aventure et une incrédulité tout aussi enracinée face aux explications officielles concernant ces taux d'intérêt historiquement bas; d'autant plus que les banques s'arrangent pour faire des profits records, et les citoyens, eux, en seraient réduits à des miettes ? Il y a quelque chose qui cloche là-dedans...

Il faudra bien s'y faire : les rendements faméliques sur les obligations, certificats de dépôt et autres placements garantis sont là pour un bon moment. La situation finira par se redresser le jour où l'économie américaine redémarrera. Et, puisque les efforts déployés pour réinjecter des liquidités dans le système finiront par alimenter l'inflation, les banques centrales gonfleront leurs taux d'intérêt. En attendant, c'est la disette.

Il suffit d'entendre les messages publicitaires pour mousser la vente des obligations d'épargne du Canada, cuvée 2010. Une famille s'exclame de bonheur alors qu'elle profite de ses vacances d'hiver. Une voix hors champ rappelle qu'elle met ainsi à contribution ses épargnes. De là l'avantage des bonnes vieilles obligations d'épargne. Sauf qu'en aucun temps, curieusement, on ne mentionne le taux d'intérêt offert cette année : il est vrai qu'à 0,65 %, ce n'est pas l'argument le plus vendeur.

Au moins, les acheteurs ne se feront pas escroquer, mais ils devront être patients avant de retrouver des rendements plus solides. À ce rythme-là, il faudrait empiler plusieurs millions pour se payer les fameuses vacances dans les montagnes enneigées.

De mon blogue

www.lesaffaires.com/rene-vezina

Exporter de l'eau, oui ou non ?

De l'eau québécoise est exportée en grande quantité à l'étranger par des entreprises qui en tirent profit, et c'est tout à fait légal. Cette révélation a été faite par Odette Nadon, avocate chez BCF lors du Forum québécois sur l'eau qui s'est tenu les 25 et 26 octobre (suite sur le blogue).

Vos réactions

" La première chose à faire, c'est de mesurer et de quantifier ce que l'on possède et de savoir ce que nous voulons en faire. La pression des besoins à l'échelle internationale nous mettra face à une incontournable réalité : la nécessité de négocier un objet de convoitise. "

- Zweig

" L'eau n'est pas une ressource sans fin, bien au contraire. Le niveau des Grands Lacs a baissé d'une décennie par rapport à l'autre, et c'est la même chose pour le Mississippi. "

- YBertrand

" Ne touchons pas à l'eau, ne touchons pas au gaz, demandons-en toujours plus au gouvernement, attendons que le chèque entre et plaignons-nous en insultant ceux qui osent émettre une opinion différente de la nôtre. "

- millionnaire

rene.vezina@transcontinental.ca

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