Devenir aussi compétitifs que les Américains

Publié le 20/04/2013 à 00:00, mis à jour le 18/04/2013 à 09:55

Devenir aussi compétitifs que les Américains

Publié le 20/04/2013 à 00:00, mis à jour le 18/04/2013 à 09:55

Percée dans les biocarburants, modernisation du magasin général, production d'engrais... Le patron de la Coop fédérée, Claude Lafleur, ne chôme pas. Mais, de tous les projets sur la table, c'est le regroupement des producteurs de porcs en grappe industrielle qui monopolisera le plus son attention. Objectif ? Répondre mieux et plus vite aux goûts des consommateurs.

«Auparavant, on mettait le porc dans l'assiette des gens et on disait : "mangez-le !" Désormais, nous leur demandons : "Que voulez-vous manger, nous allons vous le préparez"», dit de manière imagée le chef de la direction de la coopérative, lors d'un entretien au siège social de l'entreprise, à Montréal.

Pour mieux répondre à la demande de porcs , la Coop, dont la division Olymel transforme 120 000 bêtes par semaine, s'appuiera sur une analyse plus poussée des statistiques de ventes. L'entreprise a d'ailleurs investi dans un meilleur système informatique - et elle interagira davantage avec la centaine de négociants qui distribuent ses produits dans le monde.

Ce projet de grappe porcine, qui vise une meilleure coordination entre producteurs et une meilleure écoute du marché, a vu le jour il y a deux ans. Aujourd'hui, Claude Lafleur veut le développer et le pousser au maximum, car la meilleure coordination entre les producteurs leur permettra de faire des gains de productivité, de réduire leurs coûts et d'être plus concurrentiels, au bout du compte.

Pour ce projet, la Coop fédérée s'inspire de l'industrie porcine américaine. «C'est un modèle très intégré, où la chaîne de production est coordonnée jusqu'à l'assiette du consommateur», dit M. Lafleur. Cette coordination est telle que c'est pratiquement comme si les producteurs formaient une seule entreprise, avec une direction centralisée.

«Il faut être aussi compétitifs que les producteurs américains. C'est pourquoi on veut implanter ici une coordination verticale, insiste le patron de la Coop fédérée. Si le consommateur veut un porc sans antibiotiques ou sans hormones de croissance, il faut être capable de se retourner et de répondre à ce besoin rapidement.»

L'enjeu est vital pour certaines exploitations. Depuis mars 2009, le dollar canadien s'est apprécié d'un peu plus de 25 % par rapport à la devise américaine. Une catastrophe dans un contexte où les prix des intrants agricoles évoluent en montagnes russes. «Nos producteurs étouffent», affirme Claude Lafleur.

En 2011, un producteur de porcs au Canada réalisait en moyenne des revenus de 1,4 million de dollars. Or, compte tenu des dépenses d'exploitation, ce producteur enregistrait une perte 9 000 $, selon Statistique Canada.

Production d'énergie à partir de la biomasse

Pour donner un coup de pouce à ses agriculteurs et leur permettre de générer de nouveaux revenus, la Coop fédérée veut aussi valoriser les résidus de biomasse agricole. L'idée, c'est d'utiliser cette matière pour produire du chauffage pour les serres, les industries, les commerces et les institutions.

La Coop fédérée a d'ailleurs un projet pilote avec le Centre de développement bioalimentaire du Québec (CDBQ), à La Pocatière.

Cette incursion dans la biomasse ne sera toutefois pas facile en raison de la concurrence de l'électricité et du gaz naturel au Québec, dont les prix sont bas, admet M. Lafleur. «Les systèmes qu'on veut mettre en place sont difficiles à rentabiliser. C'est pourquoi on entre prudemment dans ce secteur.»

Le retour en force du magasin général

La Coop fédérée est aussi en train de changer de stratégie de commercialisation pour mieux rentabiliser ses activités de vente d'essence (la division Sonic) et de produits de quincaillerie (sa division Unimat) dans certaines petites localités.

Ainsi, elle compte regrouper de plus en plus ces activités sous un même toit, avec ce qu'elle appelle des DEQ (dépanneurs, essence, quincaillerie). Une version moderne du magasin général d'antan. En regroupant ces activités, «on retrouve notre rentabilité», dit M. Lafleur.

La Coop fédérée exploite déjà une quinzaine de DEQ au Québec, et elle en a quatre autres dans ses cartons pour 2013-2014. «On pourrait même imaginer avoir un jour des kiosques Desjardins ou Société des alcools du Québec», ajoute-t-il.

Production d'engrais avec l'indienne IFFCO

La Coop fédérée fonde aussi beaucoup d'espoir dans son projet de production d'engrais azoté (urée) à Bécancour, en 2017, avec la coopérative indienne IFFCO. L'entreprise québécoise commercialisera 50 % de cette production dans le nord-est des États-Unis et dans l'Ouest canadien.

«Ce projet est important pour nous, car il permet de créer des emplois locaux», dit le dirigeant. Actuellement, toute l'urée vendue au Canada par la Coop est importée d'IFFCO.

32,2 M$ Les ristournes versées aux membres de la Coop fédérée en 2012 ont atteint 32,2 millions de dollars. | Source : Coop fédérée

Pourquoi

La Coop sent l'urgence de transformer le fonctionnement de ses filiales pour maximiser leur efficacité et aider ainsi ses membres, comme les producteurs de porcs qui en arrachent, à devenir plus prospères.

«Si le consommateur veut un porc sans antibiotiques ou sans hormones de croissance, il faut être capable de se retourner et de répondre à ce besoin rapidement.» - Claude Lafleur, de la Coop fédérée

LA COOP FÉDÉRÉE EN CHIFFRES

103

À la fin de 2011, le réseau de la Coop fédérée était composé de 103 coopératives affiliées, propriétés de quelque 90 000 membres, au Québec, au Nouveau-Brunswick, en Ontario, en Alberta, au Manitoba et en Saskatchewan.

15 500

La Coop fédérée emploie 15 500 personnes.

4,8 G$

La Coop fédérée a réalisé un chiffre d'affaires de 4,8 milliards de dollars en 2012.

La Coop fédérée est présente dans quatre secteurs

Les semences Elite

Unimat (quincaillerie et équipement agricole)

Sonic et l'importateur de pétrole Norcan, dont la Coop détient le tiers du capital

Olymel

Source : Coop fédérée

françois.normand@tc.tc

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