La vogue est aux constructions vertes. Ce n'est pourtant pas d'hier qu'on enseigne aux architectes l'usage du chauffage solaire passif, de la géothermie et autres techniques pour maximiser l'efficacité énergétique d'un bâtiment et le confort de ses occupants.
Parlez-en à Alain Fournier, de la firme Fournier Gersovitz Moss et Associés Architectes. Depuis déjà plus de 20 ans, il collabore à des projets de construction dans le Grand Nord canadien. Les grands vents et les grands froids font partie de ses préoccupations. Des conditions climatiques qui influent sur son choix de matériaux (en l'occurrence l'acier, qui est facile à transporter et qui résiste très bien aux intempéries) et la conception même des bâtiments, plus compacts et aérodynamiques.
Il aura pourtant fallu attendre la prise de conscience de la société en matière de développement durable pour faire ressortir des oubliettes ces notions pleines de bon sens. Aidées par la jeune relève en architecture qui en valorise les vertus, ces approches responsables ont pris rapidement du galon.
La certification LEED, pas une panacée
Les certifications LEED, notamment, suscitent un fort engouement. Mais voilà, même si elles ont incité plusieurs propriétaire à se soucier de l'empreinte de leur bâtiment sur l'environnement, elles ne sont pas un gage de développement durable. Plusieurs architectes commencent d'ailleurs à dénoncer l'aspect marketing de cette norme.
« Il s'agit d'une accrédition américaine dont un des objectifs est de générer des profits pour les entreprises de l'industrie du bâtiment aux États-Unis », dit André Bourassa, président de l'Ordre des architectes.
Selon lui, les certifications LEED sont basées sur un système de pointage réducteur qui dicte les grandes lignes de ce que doit être un bâtiment écoresponsable sans vraiment tenir compte de son impact global sur l'environnement. Elles sont la saveur du mois, comme l'ont été les normes ISO, estime M. Bourassa.
Il cite en exemple la tendance à installer de grandes fenêtres. Or, la résistance au vent du verre n'excède pas la cote R-6, soit trois fois moins qu'un mur classique. « Pourtant, le système LEED récompense l'usage du verre, note-t-il. Dans un climat comme le nôtre, un bâtiment truffé de fenêtres devient une véritable passoire, peu importe la technologie énergétique employée. »
L'architecte Éric Gauthier, de la firme FABG, partage cet avis. « Il ne faut pas se laisser endormir par cet outil de marketing. Comment justifier qu'un commerce de détail dont le bâtiment est certifié LEED s'installe dans un secteur mal desservi par le transport en commun ? » demande-t-il.
Une vision globale de l'architecture
« La réflexion architecturale soucieuse de développement durable doit aller au-delà des considérations environnementales. C'est plus qu'une question de toit vert ou de géothermie », renchérit Denis Lemieux, architecte et conseiller en développement durable au ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine. Il faut en effet considérer la responsabilité sociale et culturelle du bâtiment. Permet-il de revitaliser le secteur, le quartier ? Crée-t-il de l'emploi ? Des questions qui exigent une vision globale de la relation entre l'architecture et son milieu.
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