Comment tracer la ligne éthique en affaires ?

Publié le 18/02/2012 à 00:00

Comment tracer la ligne éthique en affaires ?

Publié le 18/02/2012 à 00:00

Les révélations qui entachent la réputation de SNC-Lavalin depuis des mois mettent en lumière le fait que les entreprises doivent choisir leurs contrats avec discernement. Mais comment tracer la ligne entre ce qui est éthique et ce qui ne l'est pas ?

Loin de faire parler d'eux en termes favorables, les contrats de SNC-Lavalin (construction d'un aqueduc géant et d'une prison, réfection d'un aéroport) dans une Libye alors gouvernée par le colonel Kadhafi ont terni l'image de l'entreprise montréalaise, en 2011. Et comme si ce n'était pas assez, le groupe d'ingénierie vient de congédier deux vice-présidents soupçonnés d'avoir aidé l'un des fils de l'ex-dictateur à entrer illégalement au Mexique.

Pourtant, SNC-Lavalin soutient «veiller à respecter les normes déontologiques les plus strictes dans la conduite de ses affaires» et ajoute, sur son site Internet, que «l'intégrité et la réputation de la société en matière de déontologie sont essentielles à une rentabilité soutenue». Alors comment expliquer ce dérapage ? L'entreprise n'a pas voulu répondre à nos questions sur le sujet.

Un code qui ne protège pas des scandales

Les experts interrogés soutiennent que les codes de déontologie ne réussissent pas à mettre les entreprises à l'abri des scandales. «Elles se fient au fait qu'elles ont des codes, mais dans la vraie vie, ce qui compte, c'est la culture et les valeurs», dit Diane Girard, présidente et fondatrice du Réseau d'éthique organisationnelle du Québec.

«Les codes de déontologie ne sont pas conçus pour être utilisés dans une logique marchande, car ce sont alors d'autres facteurs qui entrent en ligne de compte», soutient André Lacroix, titulaire de la Chaire d'éthique appliquée à l'Université de Sherbrooke.

«Un code, c'est théorique. Ça se prononce de façon binaire. Ça dit que ceci est bien et que ceci est mal. Ceux qui les écrivent font une erreur fondamentale», ajoute Thierry Pauchant, professeur titulaire de management à HEC Montréal, où il dirige la Chaire de management éthique. Les études prouvent que les codes qui donnent de bons résultats, rapporte-t-il, sont «petits» et mènent uniquement à «la liste de ce que l'entreprise ne veut pas faire».

Prendre conscience

Alors comment prendre la bonne décision ? Chaque contrat potentiel doit être traité en particulier. «Il n'y a jamais de réponses universelles. Et faire des débats théoriques, c'est une perte de temps», insiste Thierry Pauchant.

Car plusieurs éléments «réels» doivent être pris en considération : l'impact immédiat et futur du projet sur toutes les parties prenantes, la cohérence avec les valeurs de l'entreprise et de ses dirigeants, la raison d'être de l'entreprise et ses visées, le niveau d'acceptabilité du régime politique en place, etc.

Diane Girard déplore que les entreprises ne prennent pas assez de temps pour se pencher sur les questions d'éthique et souhaite que les dirigeants soient mieux formés en la matière. «Le problème, pour moi, c'est quand une entreprise ne réalise même pas qu'il y a des considérations éthiques dans ses choix, qu'elle y voit seulement des décisions d'affaires.»

«Tout le monde aimerait connaître la formule magique qui les mettrait à l'abri du soupçon et leur permettrait de bien dormir. Malheureusement, il n'y a pas de réponse toute faite», conclut André Lacroix.

«La déontologie, c'est comme toutes les autres compétences de gestion. Ça s'apprend, ça se développe, ça s'améliore.»

- Diane Girard, présidente et fondatrice du Réseau d'éthique organisationnelle du Québec.

À la une

Logistique: sale temps pour les entreprises

03/05/2024 | François Normand

ANALYSE. Depuis 2020, les crises se multiplient, et les travailleurs du CN et du CPKC pourraient bientôt être en grève.

Les travailleurs du CN et du CPKC se donnent un mandat de grève

Un arrêt de travail au CN et au CPKC simultanément pourrait perturber les chaînes d’approvisionnement.

Bourse: Wall Street salue l’accalmie de l’emploi américain

Mis à jour le 03/05/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto prenait plus de 100 points à la fermeture.