Atrium Innovations joue les acheteurs en série

Publié le 27/10/2012 à 00:00

Atrium Innovations joue les acheteurs en série

Publié le 27/10/2012 à 00:00

C'est l'histoire d'une PME qui a démarré avec une vingtaine d'employés en 1999 et qui a rapidement grossi sur le marché international. Avec plus de quinze acquisitions, Atrium Innovations rassemble aujourd'hui 11 000 employés dans le monde.

En 2008, l'entreprise de Québec, qui oeuvrait dans le secteur des cosmétiques et de la santé, décidait de se concentrer dans les compléments nutritionnels, un marché au fort potentiel de croissance et évalué à 80 milliards de dollars.

«Lorsque je suis arrivé en 2007, ma mission était de poursuivre les acquisitions réalisées par mes prédécesseurs, dont la dernière était l'achat du groupe allemand Mucos, pesant près de 178 millions de dollars», explique Pierre Fitzgibbon, président et chef de la direction, qui avait auparavant dirigé une entreprise publique et géré un fonds d'investissement en Asie dans le domaine des télécoms.

Percer des territoires

Pour se tailler une place sur le marché des compléments alimentaires, Atrium Innovations a choisi le haut de gamme avec des produits testés et approuvés scientifiquement. «Le secteur de la santé nécessite beaucoup de R-D pour valider les produits. Mais il est difficile, pour une PME qui pèse seulement 30 M$, d'investir massivement en recherche clinique !»

Grâce à la vente de sa division des cosmétiques et à des emprunts bancaires, Atrium Innovations a donc conforté son positionnement en achetant pas moins de 15 entreprises entre 2000 et 2011, entre autres en Allemagne, aux États-Unis, en Belgique, en Argentine et au Japon. Doté d'un chiffre d'affaires de 440 M$, le groupe possède désormais 16 marques dans plusieurs pays.

«Nous avons choisi de ne pas fusionner complètement les nouvelles marques, puisque c'est en conservant leur identité qu'elles nous apportent leur valeur ajoutée. Nous travaillons plutôt à regrouper des services pour réaliser des économies d'échelle», affirme le président. En 2009, Atrium Innovations a notamment racheté l'américaine Garden of Life, dont elle a aujourd'hui intégré près de 50 % des produits.

Rationalisation

Pour rationaliser ses coûts, le groupe travaille à mettre sur pied une plateforme ERP qui pourra interconnecter les fonctions administratives des 16 entités d'ici 2013. «Cela nous permettra de nous doter d'un levier opérationnel et d'augmenter notre niveau de profitabilité», détaille Pierre Fitzgibbon.

L'intégration des employés représente un défi important pour une entreprise qui maintient un rythme d'acquisitions élevé. Atrium Innovations a donc bâti un plan qui balise les pratiques du groupe dans les domaines des RH, des rapports financiers, des codes de produits et de la recherche.

La recherche pour les 16 marques est par exemple confiée à une même équipe d'une quinzaine de scientifiques. «Cette équipe est appelée à grossir en fonction de notre volume d'affaires, puisque la recherche est l'un de nos axes fondateurs», souligne Pierre Fitzgibbon.

Un défi culturel

Mais le principal enjeu reste avant tout culturel. «Les employés ont souvent peur de perdre leur poste : il faut donc leur expliquer très tôt ce que les synergies mises en place vont changer pour eux», estime le dirigeant.

Souvent habitués à travailler au sein de plus petites entreprises, les employés doivent s'adapter à une culture plus ouverte. «Nous avons créé davantage de services partagés, sur les questions d'innovation au sein du groupe, par exemple. »

Travailler avec les autres usines du groupe est très important pour l'entreprise, car toutes les activités sont mises en réseau. D'autant plus que l'entreprise veut maintenant pénétrer le marché de l'Amérique latine et de l'Asie.

«Nous sommes sur le mode de la consolidation. Les acquisitions vont certes continuer, mais elles seront moins nombreuses et concerneront de plus grosses entreprises», assure le président.

ACHETER, MAIS PAS À N'IMPORTE QUEL PRIX

Les acquisitions sont souvent considérées comme étant un moteur de développement important pour les PME. Et pour cause : elles permettent de soutenir une croissance beaucoup plus rapide que ne l'est une croissance organique, grâce aux nouvelles parts de marché obtenues.

Avec les départs à la retraite des baby-boomers et la concurrence qui se fait de plus en plus rude, il existe beaucoup d'occasions d'acquisitions au Québec. «Cela permet aussi de réaliser des synergies importantes, puisque la nouvelle société n'aura pas besoin d'avoir tout son personnel en double. En achetant une PME dont le chiffre d'affaires s'élève à 5 M$, vous pouvez réaliser des économies d'échelle à hauteur de 2 ou 3 M$ !» rappelle François St-Arnaud, avocat spécialisé dans le droit des acquisitions.

Dans certains cas, les acquisitions répondent même à un besoin stratégique. «Lorsqu'on possède déjà une activité fortement cyclique, comme le transport d'électricité vers les régions du Nord par exemple, il peut être intéressant d'acheter en parallèle une compagnie qui vous assurera une activité plus constante, comme de l'élagage d'arbres», avance M. St-Arnaud.

Mais attention, les premiers choix se révèlent souvent déterminants pour la suite des opérations. Les futurs acquéreurs devront notamment choisir entre une transaction d'actions ou d'actifs. La principale différence ? «L'acquéreur doit absolument savoir que, lorsqu'il achète les actions d'une entreprise, il peut bénéficier d'une exonération sur les gains du capital pouvant aller jusqu'à 750 000 $, mais il est aussi responsable du passif de l'entreprise. Si la compagnie a mal payé ses impôts durant 20 ans, les conséquences peuvent être dramatiques pour l'acquéreur.» Compte tenu du fait que les PME sont des sociétés privées, il est souvent très difficile de connaître précisément l'état de leurs comptes. «Il faut au moins demander une mission d'examen», dit M. St-Arnaud. Les facteurs environnementaux sont aussi à prendre en compte.

Pour éviter les erreurs, mieux vaut s'entourer d'un comité d'experts. «Un avocat cherchera s'il existe des poursuites lancées contre la société ou des hypothèques réalisées sur les actifs, tandis que le comptable vérifiera si toutes les déclarations fiscales ont bien été déposées», affirme le juriste. Le maître mot ? La prudence. «Il faut être très attentif et bien connaître le marché ainsi que l'entreprise», conclut M. St-Arnaud.

L'objectif

Développer de nouvelles synergies pour réduire les coûts d'exploitation, et gagner de nouvelles parts de marché grâce à une série d'acquisitions.

Le défi

Bien cibler les acquisitions qui peuvent offrir des synergies intéressantes et avoir une stratégie d'intégration des nouveaux employés.

Le résultat

En 10 ans, Atrium Innovations a réalisé une quinzaine d'acquisitions, et son chiffre d'affaires atteint désormais les 440 M$.

Série 2 de 5

À la une

Compétitivité: Biden pourrait aider nos entreprises

ANALYSE. S'il est réélu, Biden veut porter le taux d'impôt des sociétés de 21 à 28%, alors qu'il est de 15% au Canada.

Et si les Américains changeaient d’avis?

EXPERT INVITÉ. Environ 4 électeurs sur 10 âgés de 18 à 34 ans déclarent qu’ils pourraient changer leur vote.

L’inflation rebondit en mars aux États-Unis

Mis à jour à 13:47 | AFP

L’inflation est repartie à la hausse en mars aux États-Unis, à 2,7% sur un an contre 2,5% en février.