Banda Acèh, Indonésie, avril 2005. Quatre mois après le tsunami qui a dévasté l'île Sumatra, au nord du pays, l'une des zones les plus touchées par la catastrophe est toujours jonchée de débris. Des colonnes de béton qui tiennent à peine debout, des murs et des toits déchiquetés? l'architecte québécois Bernard McNamara, qui accompagne, à titre d'observateur, un groupe d'Architectes de l'urgence de la France (venus planifier la reconstruction des bâtiments de la région), demeure estomaqué face à cette vision d'horreur. Une scène infernale qui le marque si profondément qu'il fonde à Montréal le premier pied-à-terre de l'organisme en Amérique du Nord.
Qu'il s'agisse d'ouragans, d'inondations, de tremblements de terre, de glissements de terrain, des architectes du monde entier ont décidé de mettre à profit bénévolement leur savoir-faire technique pour porter secours aux populations affligées par des catastrophes naturelles. « Un peu à la manière de Médecins sans frontières », indique M. McNamara, président des Architectes de l'urgence du Canada, créé à l'automne 2007.
Pour cet ancien président de l'Ordre des architectes du Québec, finaliste dans la catégorie « Action » des Prix d'excellence en architecture 2009, le concept des Architectes de l'urgence permet aux gens de la profession de reprendre contact avec les deux rôles de l'architecture : concevoir et construire.
Les débuts de l'aventure remontent à 2001. Touchés par les graves inondations qui ont touché le Nord de la France, des architectes de la Picardie ont fondé un organisme pour porter une assistance technique et architecturale gratuite aux populations sinistrées.
L'expérience acquise a donné des ailes à cette association bénévole. À l'été 2002, l'organisme n'a pas hésité à franchir les frontières de l'Hexagone au moment des terribles inondations qui ont frappé l'Europe centrale. La vocation internationale des Architectes de l'urgence était découverte.
Grâce à des dons et à des commandites, avec ou sans la collaboration d'organisations non gouvernementales (ONG), l'organisme international, qui compte un bureau en Australie, participe à l'évaluation et à la reconstruction de zones affligées par des désastres naturels? et civils. « Malheureusement, les guerres et conflits civils causent de plus en plus de graves dommages », fait remarquer l'architecte, qui a envoyé des architectes au Tchad pour venir en aide aux camps de réfugiés du Darfour.
La création d'une antenne canadienne à Montréal permettra d'organiser des collectes de fonds et d'intervenir plus rapidement en cas de catastrophes de ce côté-ci de l'Atlantique. À titre d'exemple, M.McNamara soutient que l'organisme aurait pu venir en aide aux propriétaires de résidences durement touchés par la crise du verglas en janvier 1998.
La nomination de Bernard McNamara à la tête de l'entité canadienne est liée à son expertise internationale. Depuis 1995, cet architecte dirige DC International, de Boucherville, qui conçoit, fabrique et installe des systèmes de construction préfabriqués pour les pays en voie de développement. Divers projets architecturaux ont conduit M. McNamara en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie.
« J'avais l'intention de faire du bénévolat en architecture au moment de ma retraite. L'occasion se sera présentée plus vite que prévu? » conclut l'homme de 55 ans, sourire aux lèvres.
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