À l'instar de l'industrie forestière, celle de la pêche dépend du marché des États-Unis, où 85 % de sa production est exportée. Avec la crise économique qui sévit au sud de la frontière canadienne, les pêcheurs et les transformateurs du Nouveau-Brunswick ont intérêt à se tourner vers l'étranger pour diversifier leurs marchés, estime le ministre des Pêches, Rick Doucet.
Dans une entrevue accordée au journal Les Affaires avant son départ pour une mission commerciale à Dubaï, au Japon et en Chine au début novembre, le ministre a dit que les intervenants du milieu devaient miser sur des produits à valeur ajoutée et transformés sur place plutôt que sur des marchandises exportées sans être transformées.
"Par exemple, Dubaï compte 375 hôtels, et tous ceux cotés cinq étoiles ont un restaurant de fruits de mer. C'est un marché annuel de 200 millions de dollars que nous pouvons occuper. Pour y arriver, il faut se faire connaître. Notre présence au Dubaï International Seafood Show est importante", explique le ministre, qui sera accompagné d'entrepreneurs.
Au Japon, Rick Doucet participera au dévoilement de produits de harengs pêchés et transformés au Nouveau-Brunswick et vendus dans une chaîne japonaise d'épiceries. Dans le passé, les pêcheurs néo-brunswickois envoyaient le poisson en blocs congelés de 10 ou 15 livres et il était transformé là-bas, rappelle le ministre. "C'est cette culture que nous devons changer. La transformation du hareng ici ajoute de la valeur au produit. Cette initiative au Japon illustre bien notre approche."
Premiers pas en Chine
En Chine, le ministre et un groupe d'entreprises participeront au Chinese Fisheries and Seafood Expo, à Qingdao. Une délégation néo-brunswickoise participe à cette exposition depuis deux ans. "Ça commence à rapporter des dividendes. Des acheteurs asiatiques ont conclu des ententes pour acheter des produits locaux", dit M. Doucet.
Le ministre soutient que le statu quo est hors de question pour cette industrie d'un milliard de dollars qui emploie près de 15 000 personnes dans la province.
"Nous travaillons avec le milieu pour trouver des solutions à long terme. Nous avons trois défis à relever. Primo, nous devons bien gérer la ressource. Secundo, nous devons travailler de plus près avec le gouvernement fédéral pour la mise en marché. Tertio, nous devons développer notre industrie de manière durable."
Le virage d'Ocean Pier
Transformateur de poissons et de fruits de mer, Ocean Pier, de Scoudouc, près de Shediac, applique quotidiennement le message du ministre Rick Doucet à propos de la diversification des activités.
À la fin de l'été, la PME, qui emploie 85 personnes, a signé un contrat avec Costco afin d'y distribuer trois de ses produits dans l'Est du Canada (Ontario, Québec et Maritimes) et en Nouvelle-Angleterre. "Nos produits sont distribués sous notre marque. Il s'agit de crabes, de crevettes et de homards farcis ainsi que de crevettes géantes enroulées de pancetta", précise le propriétaire de Ocean Pier, Mike Breau.
"Ce contrat nous a permis d'embaucher une dizaine de travailleurs. De plus, cette entente assure du travail durant l'année à nos 85 employés", ajoute le propriétaire, qui a bénéficié d'une aide financière de 1,2 million de dollars du gouvernement du Nouveau-Brunswick afin d'élargir sa gamme de produits.
832,3
Total des exportations, en millions de dollars, réalisées par les pêcheurs acadiens l'année dernière. Le homard se classe premier, avec un peu plus de 400 millions de dollars.
Source : Gouvernement du Nouveau-Brunswick
