À chaque région ses mesures de productivité

Publié le 02/02/2013 à 00:00, mis à jour le 31/01/2013 à 09:12

À chaque région ses mesures de productivité

Publié le 02/02/2013 à 00:00, mis à jour le 31/01/2013 à 09:12

La plus faible productivité du travail du Québec par rapport au Canada ou aux États-Unis n'est pas nécessairement une mauvaise nouvelle et devrait même être intentionnelle dans certaines régions, jugent des chercheurs de l'Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC).

Le gouvernement du Québec ferait une erreur en instaurant des mesures pour augmenter la productivité du travail dans l'ensemble de la province, estiment les chercheurs.

Selon leurs conclusions, il ne faut pas nécessairement considérer comme une tare la plus faible productivité du travail du Québec, du moins dans certains cas. «Juger que la productivité du travail est "trop faible" au Québec revient aussi à trouver que la productivité du capital est "trop forte" au Québec», rappelle-t-on.

C'est que les productivités du travail et du capital sont «les deux faces d'une même médaille», explique l'un des auteurs, Yves Richelle, en entrevue avec Les Affaires.

Plutôt que de simplement analyser des chiffres, Yves Richelle et son collègue Henri Thibaudin ont attaqué la question du déficit québécois de productivité du travail avec les yeux d'un entrepreneur.

Un gestionnaire qui doit augmenter sa production a le choix entre embaucher plus de travailleurs ou se procurer de meilleurs équipements, résume M. Richelle. S'il choisit d'embaucher plus de travailleurs, sa productivité du travail baissera, puisque les revenus générés seront divisés par un plus grand nombre d'heures travaillées, explique le coauteur.

S'il choisit d'investir dans l'équipement, c'est la productivité du capital qui en souffrira, pour les mêmes raisons. «Ce sont deux facteurs de production qui sont des substituts.»

Bon pour la Gaspésie, pas pour Québec

Il faut donc, selon l'IRÉC, adapter les politiques économiques aux réalités des différentes régions.

«En Gaspésie, augmenter la productivité du travail veut dire embaucher moins de travailleurs, et ce n'est pas ce qu'on veut, avance M. Richelle. C'est différent à Québec, où le taux de chômage est faible. Comme les travailleurs sont tous occupés, il vaut mieux y développer des entreprises qui utilisent beaucoup de capital et ont une productivité du travail élevée, parce qu'elles emploient peu de gens.»

Il n'y a pas, selon lui, de risque de voir ainsi les entreprises gaspésiennes perdre leur compétitivité.

«Elles vont rester concurrentielles, parce qu'elles utilisent ce qui coûte le moins cher pour elles, le travail. À la longue, plus elles utiliseront de travailleurs, plus la situation du travail sera tendue, plus les salaires augmenteront et plus il deviendra intéressant pour elles d'investir dans l'équipement. La productivité du travail sera alors rehaussée.»

Les deux chercheurs entendent d'ailleurs décortiquer au cours des prochains mois les données sur la productivité pour isoler des facteurs régionaux ou structuraux qui pourraient aussi expliquer le retard québécois.

«Il est théoriquement possible que les différences observées au niveau agrégé dans la productivité du travail et dans l'investissement ne reflètent qu'une différence dans la structure industrielle entre le Canada et le Québec», écrivent-ils.

Ce serait le cas si, par exemple, l'industrie de la finance, réputée pour engendrer un fort taux de productivité du travail, était plus présente dans l'industrie ontarienne que québécoise. Elle dynamiserait ainsi les données de l'Ontario, même si les entreprises de ce secteur étaient aussi productives dans les deux provinces.

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jean-françois.codere@tc.tc

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