80 000 heures de formation par an...

Publié le 26/05/2012 à 00:00

80 000 heures de formation par an...

Publié le 26/05/2012 à 00:00

Pour Ubisoft, l'une des façons d'étancher son insatiable soif de talents est de mettre l'accent sur la formation du personnel qui se trouve déjà dans ses murs.

Elle le fait notamment par l'intermédiaire d'une équipe de direction métier formée de 28 employés du plus haut niveau technique. Ces employés sont issus de la production, et non des ressources humaines.

«C'est plus facile de prendre des gens de la production et de les former aux ressources humaines que l'inverse», note Francis Baillet, vice-président aux ressources humaines d'Ubisoft Montréal.

Pendant environ deux ans, en moyenne, ces employés sont extraits de la production pour mettre sur pied des programmes de formation. Ils peuvent aussi recruter de façon plus ponctuelle certains experts spécialisés.

Ces formations sont données en classe et en ligne, de façon à peu près égale. Près de 80 000 heures de cours sont ainsi données chaque année, soit une moyenne de 40 par employé. Depuis peu, un nouveau programme permet aussi aux professeurs universitaires de disposer d'une «carte chouchou» qui leur permet d'assister à leur guise à ces formations.

«Après, c'est à eux de voir s'ils souhaitent adapter leurs cours en conséquence», explique M. Baillet.

Les quelque 300 gestionnaires du studio ont accès à un programme établi conjointement avec HEC Montréal et conçu spécialement pour le jeu vidéo. D'une durée de neuf jours, il mène à un diplôme qu'environ 250 d'entre eux ont reçu jusqu'à présent. «Il y a une file d'attente pour y participer», dit M. Baillet.

Trouver les meilleurs

L'entreprise a également mis sur pied une collection de quatre programmes, regroupés sous l'enseigne Academia, afin d'être la première, un peu comme dans le monde du sport, à «repêcher» les meilleurs talents dans le domaine.

Il y a d'abord le «camp de base», où des jeunes de 12 à 15 ans travaillent pendant une semaine, avec des employés d'Ubisoft, à conceptualiser un jeu de plateau. L'objectif est de leur donner un aperçu de l'arrière-scène d'un jeu vidéo.

Le «camp d'immersion», lui, cible les jeunes de 15 à 18 ans, en processus de choix de carrière. Pendant deux semaines, ils reçoivent des cours et de l'assistance pour créer un petit jeu. «Quand ils reviennent à la maison, les yeux brillants avec leur petit jeu, bien des parents qui voulaient que leur enfant soit médecin ou avocat, mais surtout pas concepteur de jeux vidéo, changent d'idée, observe M. Baillet. Ça nous a beaucoup aidés auprès des parents.»

Ubisoft Montréal a aussi instauré un concours universitaire dans lequel des équipes de cinq ou six personnes conçoivent chacune un prototype de jeu. L'équipe gagnante, ainsi qu'une quinzaine d'autres candidats parmi la soixantaine de participants, accède au dernier programme, l'école d'été.

À cette étape, les 20 candidats sélectionnés travaillent à réaliser le jeu de l'équipe gagnante. «L'an dernier, des 20 participants, 13 étaient disponibles pour l'emploi, et nous en avons gardé 11», souligne Francis Baillet.

Il s'agit d'ailleurs du meilleur moyen de décrocher un emploi chez Ubisoft directement à la sortie de l'école. Des 276 candidats embauchés l'an dernier, à peine 19 (dont les 11 élèves de l'école d'été) étaient issus de l'école. Les autres disposaient déjà d'une expérience dans le domaine du jeu vidéo.

Venus d'ailleurs

De plus en plus, Ubisoft doit faire appel à des employés en provenance de l'étranger pour combler ses besoins en personnel de haut niveau.

«Environ 35 % de nos embauches viennent de l'étranger, et le chiffre est en hausse d'année en année.» L'Europe de l'Ouest (France, Royaume-Uni, Belgique, etc.) et les États-Unis sont privilégiés, surtout en raison de l'existence d'ententes sur la mobilité de la main-d'oeuvre qui raccourcissent les délais.

Même si Ubisoft Montréal n'est pas le seul studio à attirer les talents étrangers, son rôle à ce chapitre est majeur, note Jason Della Rocca, coprésident de la section montréalaise de l'International Game Developers Association.

«Par leurs projets, ils ont la capacité d'attirer des talents de l'extérieur, note-t-il. Et leur simple présence facilite le travail des autres. Si je viens des États-Unis et qu'Electronic Arts ou Eidos me demande de venir à Montréal, le fait de savoir qu'Ubisoft est là minimise pour moi le risque de déménager. Je sais que, si ça ne marche pas avec celui qui me fait venir, il y aura d'autres options.»

Chez Ubisoft, les employés sont divisés en cinq niveaux d'expertise (1 à 5). À peine 4 % des employés sont considérés comme étant de niveau 5. L'effet des formations est mesurable. Chaque année, environ 20 % du personnel monte d'un niveau

À la une

Compétitivité: Biden pourrait aider nos entreprises

26/04/2024 | François Normand

ANALYSE. S'il est réélu, Biden veut porter le taux d'impôt des sociétés de 21 à 28%, alors qu'il est de 15% au Canada.

Et si les Américains changeaient d’avis?

26/04/2024 | John Plassard

EXPERT INVITÉ. Environ 4 électeurs sur 10 âgés de 18 à 34 ans déclarent qu’ils pourraient changer leur vote.

L’inflation rebondit en mars aux États-Unis

Mis à jour le 26/04/2024 | AFP

L’inflation est repartie à la hausse en mars aux États-Unis, à 2,7% sur un an contre 2,5% en février.