Du point de vue du réchauffement climatique, même Hydro-Québec a des squelettes dans le placard : de massives importations d'électricité au charbon de l'Ontario.
De 2006 à 2008, la province voisine a émis l'équivalent de 2,3 millions de tonnes (Mt) de CO2 pour fournir 3,9 térawatt-heures au Québec. De quoi électrifier 75 000 foyers.
C'est ce que révèle un article de Pierre-Olivier Pineau, Mourad Ben Amor, Caroline Gaudeault et Réjean Samson, du Centre interuniversitaire de recherche sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG), obtenu par Les Affaires. L'article sera publié dans la revue Energy Policy.
Ces émissions de gaz à effet de serre (GES) supplémentaires en Ontario équivalent au tiers des émissions des quelques centrales thermiques d'Hydro-Québec. Mais elles n'apparaissent pas dans son rapport sur le développement durable, puisqu'elles sont comptabilisées dans les livres d'Ontario Power Generation.
Selon les auteurs de l'article, elles sont pourtant causées directement par Hydro-Québec. Sans ses achats, les centrales au charbon pourraient être ralenties ou arrêtées.
Polluant, mais rentable
D'un point de vue économique, ces achats d'électricité au charbon sont très rentables pour la société d'État.
" Aux heures creuses, la nuit, Hydro-Québec diminue la production de ses centrales hydroélectriques pour utiliser les centrales de l'Ontario ", explique Pierre-Olivier Pineau, professeur à HEC Montréal. La société d'État rouvre les vannes de ses barrages le jour pour revendre aux Américains davantage d'énergie quand elle vaut plus cher.
L'Independant Electric System Operator, qui régit le commerce de l'électricité en Ontario, confirme que la province vend toujours de l'énergie au charbon à Hydro- Québec, sans commenter les chiffres du CIRAIG.
" Depuis 2008, le portrait a sans doute changé, parce que nous brûlons moins de charbon ", dit cependant Alexandra Campbell, porte-parole de l'organisme. La production d'électricité au charbon a augmenté de 29 % de 2009 à 2010, mais elle a tout de même diminué de 45 % depuis 2008.
